vendredi 18 mars 2011

Entrevue avec Kamal AMARI par Radio canada

Lundi 7 mars 2011 1 07 /03 /Mars /2011 18:31 Entrevue avec Kamal AMARI (The voice Magazine)
Entrevue avec Kamal AMARI, militant pour la démocratie en Algérie, ex-syndicaliste, membre fondateur et ex-vice-président de l’association culturelle Tahar Djaout de Tizi N’ Berber, actuellement résident permanent au Canada.







Voix du Maghreb
Grâce Au Génie De Son Peuple

Entrevue avec Kamal AMARI, militant pour la démocratie en Algérie, ex-syndicaliste, membre fondateur et ex-vice-président de l’association culturelle Tahar Djaout de Tizi N’ Berber, actuellement résident permanent au Canada.

Pour Mettre Fin À L’injustice

Toute notre jeunesse est dévouée à la lutte pour les libertés individuelles et collectives — ou en un mot pour l’application de la charte universelle des droits de l’Homme de 1948 — et donc aux luttes menées en Algérie pour mettre fin à l’injustice et à la dictature qui règne dans le pays depuis l’indépendance de 1962.

Les Événements

Les événements que je juge significatifs et que j'ai vécus sont : Le Printemps berbère de 1980, une première manifestation pacifique d’essence démocratique de l’Algérie indépendante suite à l’interdiction d’une conférence débat de l’universitaire, écrivain et romancier de renommée internationale Mouloud Mammeri. Ensuite, en 1985, il y a eu l’arrestation des militants des droits de l’Homme, suite à la création de la première section d’Amnistie internationale par le Dr Saïd Sadi, le leader de l’opposition au régime algérien, et Maître Ali Yahia Abdenour.

Octobre 1988: La révolution des Algériens a donné naissance à l’ouverture timide au multipartisme.

Cette même année, il y a eu la tentative d’assassinat du grand chanteur berbère Matoub Louanes.

Dans les années 1990, c’est le terrorisme qui a fait fuir l’élite algérienne à l’étranger et, bien sûr, le grand drame c’est l’assassinat des journalistes et intellectuels. Je peux citer quelques exemples tellement la liste est longue : le journaliste et romancier Tahar Djaout qui est assassiné en 1993, le professeur Boucebci, Belkhenchir, Stambouli, Smail Yefsah...

29 juin 1994 : Marche pour la vérité sur l’assassinat du président Mohamed Boudiaf en 1992, dans lequel il y a eu deux morts suite à l’explosion.

Ces événements sont des stimulateurs permettant d’espérer changer le cours des choses en militant pour l’instauration de la véritable démocratie en Algérie, en instituant un État de droit et des institutions fortes pour garantir l’autonomie de la justice, une école ouverte sur l’universalité, la séparation des pouvoirs, des élections libres et transparentes...

Et puis, il y a eu bien sûr l’assassinat de Maatoub Louanes, le 25 juin 1998, après avoir été kidnappé une première fois en 1994. Nous avons vécu les événements du Printemps noir de 2001 qui a fait plus d’une centaine de morts parmi les Kabyles, suite à la mort de Guermah Massinissa dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Beni Douela. Ce sont des événements qui ont failli emporter la nation algérienne et ont porté atteinte à son unité et sa cohésion sociale.

Voici les événements les plus significatifs ayant dessiné l’Algérie d’aujourd’hui, auxquels s’ajoutent les derniers événements de janvier 2011 — un vent de changement dans l’Afrique du nord et l’Orient.

Être Militant De La Démocratie Et Des Droits De l’Homme

Écoutez, être militant de la démocratie et des droits de l’Homme est une marque d’inquiétude. Si aucun danger ne guette mon pays, pourquoi tant de sacrifices ? Donc chacun, à mon avis, devrait agir selon sa conscience pour défendre les peuples opprimés. Un sacrifice s’impose. Il y a deux catégories d’hommes : ceux qui font l’Histoire avec un grand H et ceux qui font des histoires avec petit h. C’est là toute la différence.

Le militantisme est l’expression de notre inquiétude.

A mon avis, l’Algérie va s’en sortir grâce au génie de son peuple. Il existe le génie populaire. Et chaque peuple a son propre génie. Je pense que l’Algérie risque l’explosion et peut menacer sa cohésion, mais il existe une élite politique et sociale qui va orienter le peuple dans le sens de l’Histoire. Et c’est ce qui se fait actuellement. Les vrais patriotes sont en train de résister contre la dictature en Algérie et, en ce moment, une autre page d’Histoire est en train de s’écrire avec ce mouvement de libération des peuples opprimés et la coordination nationale pour le changement démocratique en Algérie (CNCD).

La meilleure chose que je constate actuellement est l’émergence d’une jeunesse rebelle qui est incorruptible et qui s’implique politiquement pour le changement de l’Algérie et pour mettre fin au bricolage instauré depuis 1962. Avec cette jeunesse, l’espoir est possible. Qui a le courage d’affronter le mur de la peur, en dehors de certains leaders politiques d’opposition comme Saïd Sadi et Maître Ali Yahia Abdenour et, bien sûr, des cadres syndicaux qui osent résister aux différentes pressions du régime ?

Le véritable capital d’espoir de l’Algérie c’est cette jeunesse qui a besoin d’encadrement, de formation, d’écoute...

(La suite, la semaine prochaine.)

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