mardi 22 mars 2011

KABYLIE - ALGÉRIE L’AUTONOMIE DE LA KABYLIE EST INÉLUCTABLE

KABYLIE - ALGÉRIE
L’AUTONOMIE DE LA KABYLIE EST INÉLUCTABLE

On attribue généralement à Ibn Khaldoun l’assertion suivante : “ jamais un Arabe n’a cédé le pouvoir autrement que par la force ”. Quel qu’en soit son auteur, il est clair qu’il s’agit là d’une vérité historique qui a commencé du vivant même du prophète de l’islam et les événements qui ont cours actuellement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ne font que confirmer de façon dramatique cette affirmation

20/03/2011 - 18:40 mis a jour le 21/03/2011 - 10:58 par Azru Loukad



Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Arabie Saoudite, Yémen, Bahreïn ; entre quelques dizaines de morts ou une véritable boucherie, le sang des citoyens coule partout tandis que les dictateurs de ces pays plastronnent imperturbablement, convaincus de leur bon droit à disposer à leur guise des pays qu’ils ont asservis, de leurs richesses. Ils sont convaincus de mater légitimement toute contestation de leur pouvoir.

Du Golfe persique à l’Atlantique, à l’exception notable du Liban, déchiré entre les chiites inféodés à l’Iran et les sunnites, inféodés à l’Arabie Saoudite, partout où domine l’idéologie arabo-islamique, il n’y a aucune place pour une opposition politique et l’extermination des minorités y est une cause entendue et mutuelle-ment soutenue par les régimes en place. La preuve : en Libye, la résistance anti-Khadafi accuse ouvertement l’Algérie d’avoir transporté ou tout au moins favorisé l’acheminement de mercenaires en renfort au régime et l’Arabie Saoudite a envahi militairement le Bahreïn pour aider la minorité sunnite à écraser la majorité chiite, en même temps qu’elle réprime sauvagement sa propre minorité chiite. Au demeurant, pour ce qui est du soutien de l’Algérie à Khadafi, il est confirmé par son vote lors de la dernière session extraordinaire de la ligue arabe.

Dans le monde dit arabe, cette inclination à l’absolutisme relève d’une foi et d’une commodité culturelle qui légitiment le fait que lorsqu’on a pris le pouvoir, même par la force, c’est qu’on l’a mérité par la grâce d’Allah et de ce fait, on peut en disposer à l’envi et le transmettre par la seule volonté de son récipiendaire. Ainsi a-t-on vu Hafedh El Assad léguer la “République” de Syrie à son fils Bachar, Hosni Moubarak livrer sur un plateau l’Égypte à son fils Gamal et Bouteflika l’Algérie à son frère Saïd.

Pour se maintenir et perpétuer leur pouvoir, les régimes dictatoriaux d’Afrique du Nord sont tous construits sur la base d’une structure militaire et policière qui absorbe l’essentiel des ressources économiques des pays. Afin d’alimenter et entretenir l’illusion d’une puissance de frappe destinée surtout à tétaniser les populations locales, les budgets des armées sont soigneusement tenus secrets. Mais lorsqu’arrive le moment de vérité, la supercherie est éventée et le géant aux pieds d’argile se dévoile piteusement. C’est ce qui vient d’arriver à Khadafi qui dispose d’une armée de l’air théorique de pas moins de 260 chasseurs-bombardiers dont seuls 4 appareils sont opérationnels. Le gros du parc pourrit dans le désert faute d’entretien et de personnel qualifié. Cette formidable armada aérienne de Khadafi que beaucoup de pays occidentaux ne sont pas en mesure d’acquérir et d’entretenir s’est constituée au détriment des peuples de Libye dont certains sont laissés pour compte. Il en est particulièrement vrai du peuple amazigh de ce pays qui subit, outre une répression féroce, un dénuement économique entretenu dans un espace concentrationnaire sévèrement gardé par les partisans et les mercenaires du clan du dictateur.

Avant Khadafi, tout le monde se souvient aussi de l’armée de Saddam Hussein, supposée être la 4e du monde, mise en pièces en quelques jours sans avoir tiré une salve contre l’ennemi. Il est vrai que là aussi, elle a démontré sa grande efficacité contre des civils désarmés en gazant des villages entiers au Kurdistan.

En Algérie, pour le moment, on ne connaît les capacités des forces armées qu’à travers les exploits de ses hélicoptères qui brûlent régulièrement les oliveraies et les forêts de Kabylie, les cartons de la gendarmerie sur la jeunesse durant le Printemps noir et les “bavures” meurtrières et récurrentes de l’armée de terre dans les nombreux barrages qui maillent le territoire kabyle. Aux yeux du peuple, ces exactions sont des actes de guerre contre une population civile et désarmée parfaitement recevables par la Cour Pénale Internationale. Et comble de cynisme, la récente levée de l’état d’urgence s’est traduite par un renforcement visible des barrages routiers de l’armée et de la gendarmerie.

En plus de l’occupation militaire ostentatoire qu’elle subit depuis une décennie, la Kabylie fait face à une entreprise de dépersonnalisation tous azimuts par l’arabisation et l’intromission sournoise d’un prosélytisme islamique inédit dans la région. Au niveau économique, tout a été dit sur l’appauvrissement programmé de la région. C’est une vérité que même les autorités locales dépendant de l’état reconnaissent lorsque ses représentants sont contraints de s’expliquer devant les délégations citoyennes. Pour donner le change, le pouvoir a inventé la notion sournoise d’un développement physique parfaitement stérile. Ainsi, à titre d’exemple, le tronçon de 10 Km de voie ferrée entre Tizi Wezzu et Asif n At Aysi a bien été livré après 20 ans de tergiversations et de blocages. Sauf que si la voie existe, il n’y a toujours pas de train. Il en est de même du barrage hydraulique de Taqsevt qui alimente H 24 et à flots tendus Boumerdès, Alger et Blida alors que des centaines de villages situés juste à proximité sont laissés en rade.

Depuis une décennie, la Kabylie a vu la naissance du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie. Pour la première fois depuis l’indépendance, un mouvement politique se crée pour affecter toute son énergie au sauvetage de la région qui vit une véritable colonisation arabo-islamique. Comme toute colonisation, celle que subit la Kabylie fait feu de tous bois en conjuguant la force militaire et policière, la sanction économique, la dénaturation linguistique et culturelle et le recours à une force locale d’appoint composée de Kabyles-de-service appelés communément KDS. Et c’est face à cet éventail d’hostilités quotidiennes que le MAK démontre son importance et mesure sa véritable représentativité chez le peuple kabyle. Depuis le début de l’année, ses actions de proximité (marches populaires, meetings, conférences-débats, caravanes de sensibilisation) se sont multipliées à travers toute la Kabylie. Partout, l’idéologie arabo-islamique par laquelle le pouvoir veut réduire puis gommer la nation kabyle est rejetée sans réserve et unanimement.

En direction des forces politiques présentes dans la région, le MAK a réitéré à plusieurs reprises sa disponibilité à la mise en œuvre d’un front politique commun au profit de la nation kabyle. Sans résultat pour le moment. Car les pesanteurs historiques sont lourdes et les adeptes du statu quo n’en démordent pas.

La création du MAK a quand même clarifié la situation aux yeux du peuple kabyle qui a compris depuis avril 2001 qu’il est inutile et vain de s’apitoyer en arguant que « tel mon proche parent est pieux » pour justifier d’une bigoterie islamique supposée.

Inutile et vain de se proclamer partisan d’une Algérie une et indivisible pour faire preuve d’ une allégeance à un système qui assume par le discours et les actes une colonisation de fait de la Kabylie.

Et inutile et vaine serait la tentative de brocanter la Kabylie contre de honteux subsides.

Continuer de donner des cautions d’ultra nationalisme à un régime qui t’insulte, te malmène et qui méprise ton engeance, ta langue, ton histoire et tes espérances porte un nom : la servitude volontaire.

Pour illustrer ces simagrées, il me vient en tête le souvenir de la réponse de Vito Corlenone, face au croquemort Bonasera qui lui quémandait son aide pour venger sa fille violentée et après avoir été rabroué et humilié par la justice américaine. C’était dans les tous premiers plans du film “Le Parrain” de Francis Ford Coppola.

KABYLIE, le 19 mars 2011

Azru

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