mercredi 25 janvier 2012

Pourquoi je ne suis pas musulman, 3eme partie

3eme partie et fin
L'ISLAM ET LES FEMMES 351
Dieu. C'est donc un blasphème. Le devoir du musulman est d'y croire et
d'observer ses commandements.
D'autres facteurs contribuent à affirmer l'autorité des ulémas. Toutereligion
qui impose une obéissance aveugle ne peut produire de peuples
capables de penser de façon critique, ni d'individus capables de penser librement
et indépendamment de la doctrine. Une telle situation est favorable
au développement d'un clergé très puissant et elle est clairement responsable
de la stagnation culturelle, intellectuelle et économique qui dure depuis
des siècles. L'illettrisme reste élevé dans les pays musulmans. Comme il n'y
a jamais eu de séparation de l'Eglise et de l'État, toute critique de l'un est
considérée comme critique de l'autre. Inéluctablement, quand les pays
musulmans ont accédé à l'indépendance au lendemain de la Seconde guerre
mondiale, l'islam s'est malheureusement retrouvé lié au nationalisme, ce qui
signifie que n'importe quelle critique de l'islam était considérée comme une
trahison, un acte antipatriotique, un encouragement au colonialisme et à
l'impérialisme. Nul pays musulman n'a développé de démocratie stable et
les musulmans font l'objet de toutes sortes de répressions, parce qu'une
saine critique de la société n'est pas possible, et que pensée critique et liberté
vont de paire.
Ces facteurs expliquent pourquoi l'islam en général et la position des
femmes en particulier ne sont jamais critiqués, ni même discutés ou ne font
l'objet d'aucune analyse rationnelle. L'islam décourage toute innovation et
tout problème est traité comme un problème religieux même s'il est purement
économique ou social.
ADAM ET EVE1 0
L'islam a emprunté la légende d'Adam et Eve à l'Ancien Testament et
l'a adaptée à son propre goût. La création de l'humanité à partir d'un seul
individu est mentionnée dans les sourates I V . l « O vous les hommes! Craignez
votre Seigneur qui vous a créés d'un seul être, puis, de celui-ci, Il a créé
son épouse et II a fait naître de ce couple un grand nombre d'hommes et de
femmes », et XXXIX.6 « Il vous a créés d'un seul être dont II a ensuite tiré
son épouse ».
De ces maigres informations, les théologiens musulmans ont conclu que
l'homme était la première création. La femme fut accessoirement créée
pour le plaisir et le repos de l'homme. La légende fut ultérieurement étoffée
pour confirmer la prétendue infériorité de la femme. Finalement, on donna
à la légende un caractère sacré de telle sorte que celui qui la critiquait, critiquait
la parole même de Dieu qui, répétons-le, est parfaite et ne doit pas
être altérée. Voici comment Muhammad décrit les femmes : « Soyez bienveillants
envers les femmes, car elles ont été créées d'une côte, mais de la
10. Ascha, p. 23 et suivantes.
352 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
partie courbe de la côte. Si vous essayez de la redresser elle se cassera; si vous
ne faites rien, elle continuera à être tordue. »
L'histoire d'Adam et Eve est racontée dans les sourates suivantes :
II.36-36 : Nous avons dit : « Ô Adam ! Habite avec ton épouse dans le
jardin ; mangez de ses fruits comme vous le voudrez; mais ne vous approchez
pas de cet arbre, sinon vous seriez au nombre des injustes. »
Le Démon les fit trébucher et il les chassa du lieu où ils se trouvaient.
Nous avons dit : « Descendez, et vous serez ennemis les uns des autres.
Vous trouverez, sur la terre, un lieu de séjour et de jouissance éphémère. »
VIL 19-20 : « Ô Adam! Habitez le jardin, toi et ton épouse. Mangez de
ses fruits partout où vous voudrez; mais n'approchez pas de cet arbre que
voici, sinon vous seriez au nombre des injustes. »
XX.120-121 : Le Démon le tenta en disant : « Ô Adam! T'indiqueraije
l'Arbre de l'immortalité et d'un royaume impérissable? »
Tous deux en mangèrent; leur nudité leur apparut, ils disposèrent alors,
sur eux, des feuilles du jardin. Adam désobéit à son Seigneur, il était dans
l'erreur.
Dieu punit Adam et Eve pour avoir désobéi à Ses ordres mais, dans ces
versets, rien n'indique que c'est Eve (comme dans l'Ancien Testament) qui
a entraîné Adam. Qu'importe, les exégètes et les juristes musulmans ont
fabriqué le mythe d'Eve la tentatrice qui depuis fait intégralement partie de
la tradition. Muhammad lui-même aurait dit : « S'il n'y avait pas eu Eve,
aucune femme n'aurait été infidèle à son mari. »
La tradition qui lui attribue ruse et tromperie s'appuie sur les versets suivants :
XII.22-34 : (Joseph travaille comme esclave dans la demeure de celui qui
l'a acheté). Celle qui l'avait reçu dans sa maison s'éprit de lui. Elle ferma les
portes et elle dit : « Me voici à toi ! » Il dit : « Que Dieu me protège ! Mon
maître m'a fait un excellent accueil; mais les injustes ne sont pas heureux. »
Elle pensait certainement à lui et il aurait pensé à elle s'il n'avait pas vu la
claire manifestation de son Seigneur. Nous avons ainsi écarté de lui le mal
et l'abomination; il fut au nombre de nos serviteurs sincères.
Tous deux coururent à la porte; elle déchira par-derrière la tunique de
Joseph; ils trouvèrent son mari à la porte; elle dit alors : « Que mérite celui
qui a voulu nuire à ta famille? La prison, ou un douloureux châtiment? »
Joseph dit : « C'est elle qui s'est éprise de moi ! »
Un homme de la famille de celle-ci témoigna : « Si la tunique a été
déchirée par-devant, la femme est sincère et l'homme menteur. Si la tunique
a été déchirée par-derrière, la femme a menti et l'homme est sincère. »
Lorsque le maître vit la tunique déchirée par derrière, il dit : « Voilà vraiment,
une de vos ruses féminines; votre ruse est énorme! Joseph, éloignetoi
! Et toi, femme, demande pardon pour ton péché : tu es coupable. »
Les femmes disaient en ville : « La femme du grand intendant s'est
éprise de son serviteur; il l'a rendue éperdument amoureuse de lui; nous la
voyons complètement égarée! »
L'ISLAM Et LES FEMMES 353
Après avoir entendu leurs propos, celle-ci leur adressa des invitations,
puis elle leur fit préparer un repas et elle donna à chacune d'elles un couteau.
Elle dit alors à Joseph : « Parais devant elles! »
Quand elles le virent, elles le trouvèrent si beau, qu'elles se firent des
coupures aux mains. Elles dirent : « A Dieu ne plaise! Celui-ci n'est pas un
mortel; ce ne peut être qu'un ange plein de noblesse. »
Elle dit : « Voici donc celui à propos duquel vous m'avez blâmée! Je me
suis éprise de lui, mais il est resté pur... S'il ne fait pas ce que je lui ordonne,
il sera mis en prison et il se trouvera parmi les misérables. »
Joseph dit : « Mon Seigneur! La prison me semble préférable au péché
qu'elles m'incitent à commettre. Mais si Tu ne détournes pas de moi leurs
ruses, j'y céderai et je serai au nombre des ignorants. »
Son Seigneur l'exauça, 11 détourna de lui leurs ruses. Il est celui qui
entend et qui sait.
Les commentateurs musulmans se basent sur ces versets pour montrer
que la ruse, la tromperie et la tricherie sont intrinsèques à la nature
féminine. Non seulement elle ne veut pas changer, mais elle est par nature
incapable de changer. Elle n'a pas le choix.11
En attaquant les déesses des polythéistes, le Coran dénigre encore plus
le sexe féminin.
IV.117 : Ils n'invoquent en dehors de lui que des femelles : Ils n'invoquent
qu'un Démon rebelle.
X L I I I . 15-19 : Ils considèrent les serviteurs de Dieu comme une parcelle
de dieu. L'homme est manifestement ingrat.
Dieu se serait-Il donné des filles parmi les êtres qu'il a créés alors que,
pour vous, Il aurait choisi des fils?
Lorsqu'on annonce à l'un d'entre eux la naissance de ce qu'il attribue au
Miséricordieux, son visage s'assombrit, il suffoque : « Eh quoi ! cet être qui
grandit parmi les colifichets et qui discute sans raison!.. »
Ils considèrent les Anges, serviteurs du Miséricordieux, comme des
femelles. Ont-ils été témoins de leur création ? Leur témoignage et consigné
par écrit; ils seront interrogés.
LII.39 : Dieu aurait-Il des filles, et vous, des fils?
XXXVII.149-150 : Pose-leur donc une question : « Ton Seigneur a-t-
II des filles alors qu'ils ont des fils? Avons-nous donc créé, sous leurs yeux,
des anges du sexe féminin? »
LII.21-22 : Le mâle est-il pour vous, et pour Lui, la fille? Quel partage
inique!
LIII.27 : Ceux qui ne croient pas à la vie future donnent aux anges des
noms de femmes.
11. Ascha, p. 29 et suivantes.
354 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
Si M. Bouhdiba n'est toujours pas convaincu, voici quelques autres versets
qui me semblent plutôt misogynes :
II.178 : Ô vous qui croyez! La loi du talion vous est prescrite en cas de
meurtre : l'homme libre pour l'homme libre; l'esclave pour l'esclave; la
femme pour la femme.
II.228 : Les femmes répudiées attendront trois périodes avant de se
remarier. Il ne leur est pas permis de cacher ce que Dieu a créé dans leurs
entrailles. (Si toutefois elles croient en Dieu et au Dernier Jour). Mais si
leurs maris désirent la réconciliation, ils ont le droit de les reprendre durant
ce temps.
Les femmes ont des droits équivalents à leurs obligations, et conformément
à l'usage. Les hommes ont cependant une prééminence sur elles. Dieu
est puissant et juste.
II.282 : Écrivez la dette que vous contractez et qui est payable à une
échéance déterminée, Qu'un écrivain choisi parmi vous l'écrive honnêtement.
(...) Si le débiteur est fou ou débile, s'il ne peut dicter lui-même, que
son représentant dicte honnêtement. Demandez le témoignage de deux
témoins parmi vos hommes. Si vous ne trouvez pas deux hommes, choisissez
un homme et deux femmes, parmi ceux que vous agréez comme témoins. Si
l'une des deux femmes se trompe, l'autre lui rappellera ce qu'elle aura oublié.
I V.3 : Si vous craignez de ne pas être équitables à l'égard des orphelins...
Epousez, comme il vous plaira, deux, trois ou quatre femmes. Mais si
vous craignez de n'être pas équitables, prenez une seule femme ou vos captives
de guerre. Cela vaut mieux pour vous, que de ne pas pouvoir subvenir
aux besoins d'une famille nombreuse.
I V . l l Quant à vos enfants, Dieu vous ordonne d'attribuer au garçon une
part égale à celle de deux filles.
IV.34 : Les hommes ont autorité sur les femmes, en vertu de la préférence
que Dieu leur a accordée sur elles, et à cause des dépenses qu'ils font
pour assurer leur entretien.
Les femmes vertueuses sont pieuses : elles préservent dans le secret ce
que Dieu préserve.
Admonestez celles dont vous craignez l'infidélité ; reléguez-les dans des
chambres à part et frappez-les. Mais ne leur cherchez plus querelle, si elles
vous obéissent.
Dieu est élevé et grand.
IV.43 : O vous qui croyez!
N'approchez pas de la prière, alors que vous êtes ivres — attendez de
savoir ce que vous dites! — ou impurs — à moins que vous ne soyez en
voyage — attendez de vous être lavés — si vous êtes malades, ou si vous
voyagez, ou si l'un de vous revient du lieu caché, ou si vous avez touché des
femmes et que vous ne trouviez pas d'eau, recourez à du bon sable que vous
passerez sur le visage et sur les mains.
Dieu est Celui qui efface les péchés et qui pardonne.
L'ISLAM ET LES FEMMES 355
V.6 : Si vous êtes en état d'impureté légale, purifiez-vous. Si vous êtes
malades, ou en voyage; si l'un de vous vient du lieu caché; si vous avez eu
commerce avec des femmes et que vous ne trouviez pas d'eau, recourez à du
bon sable que vous passerez sur vos visages et sur vos mains.
XXXIII.32-33 : Ô vous, les femmes du Prophète! Vous n'êtes comparables
à aucune autre femme. Si vous êtes pieuses, ne vous rabaissez pas dans
vos propos afin que celui dont le coeur est malade ne vous convoite pas.
Usez d'un langage convenable. Restez dans vos maisons, ne vous montrez
pas dans vos atours comme le faisaient les femmes au temps de
l'ancienne ignorance.
Acquittez-vous de la prière; faites l'aumône; obéissez à Dieu et à Son
Prophète.
XXXIII.53 : Quand vous demandez quelque objet aux épouses du
Prophète, faites-le derrière un voile. Cela est plus pur pour vos coeurs et pour
leur coeur.
XXXIII.59 : 0 Prophète! Dis à tes épouses, à tes tilles et aux femmes
des croyants de se couvrir de leurs voiles : c'est pour elles le meilleur moyen
de se faire connaître et de ne pas être offensées.
De la même manière, de nombreux hadiths sur lesquels sont basées les
lois islamiques, nous renseignent sur le rôle de la femme : rester au foyer,
être aux ordres de son époux, lui obéir (ce qui est une obligation religieuse),
assurer à l'homme une existence tranquille. Voici quelques exemples tirés
des traditions :
— Si j'avais eu à donner l'ordre de se prosterner devant quelqu'un d'autre
que Dieu, j'aurais sûrement ordonné aux femmes de se prosterner devant
leur mari. Une femme ne peut pas remplir ses devoirs envers Dieu sans avoir
tout d'abord accompli ceux qu'elle doit à son mari.
— La femme qui meurt et dont le mari a été satisfait ira au paradis.
— Une femme ne doit jamais se refuser à son mari, même si c'est sur la
selle d'un chameau.
— L'enfer m'apparut en rêve et je remarquais qu'il y avait surtout des
femmes qui n'avaient pas été reconnaissantes. « Etait-ce envers Dieu
qu'elles n'avaient pas été reconnaissantes? » Elles n'avaient pas montré la
moindre gratitude envers leur époux pour tout ce qu'elles avaient reçu de
lui. Même quand durant toute votre vie vous avez comblé votre femme de
vos largesses, elle trouvera toujours quelque chose d'insignifiant à vous
reprocher et un jour elle dira : « Tu n'as jamais rien fait pour moi. »
— Si quelque chose peut être de mauvais augure, c'est certainement une
maison, une femme, un cheval.
356 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
— Un homme ne connaîtra jamais le succès s'il confie ses affaires à une
femme.
La civilisation et la culture islamiques sont profondement antiféministes
comme en témoignent les propos suivants, attribués à divers califes, ministres,
philosophes et théologiens musulmans à travers les siècles :
Omar, le second calife (581-644), a dit: «Empêche les femmes
d'apprendre à écrire. Dis non à leurs caprices. »
En une autre occasion il dit encore : « Adoptez une attitude opposée à
celle des femmes. 11 y a grand mérite en cela. » Et encore : « Imposez la
nudité aux femmes parce que les vêtements leur permettent de quitter la
maison, d'assister à un mariage ou d'apparaître en public à des cérémonies
ou à des réunions. Quand une femme sort fréquemment, elle risque de rencontrer
un autre homme et de le trouver attirant, même s'il est moins
séduisant que son mari, car elle est attirée et distraite par tout ce qu'elle ne
possède pas. »
Les propos antiféministes d'Ali (600-661), cousin du Prophète et quatrième
calife, sont renommés12 :
« Toute la femme est maléfique et le pire c'est que c'est un mal
nécessaire. »
« Vous ne devez jamais demander conseil aux femmes parce que leurs
avis ne valent rien. Cachez-les pour qu'elles ne puissent pas voir d'autres
hommes. Ne passez pas trop de temps en leur compagnie car elles vous conduiraient
à votre perte! »
« Hommes, n'obéissez jamais à vos femmes. Ne les laissez jamais vous
donner un conseil sur un quelconque problème de la vie quotidienne. Si
vous les laissez faire, elles dilapideront tous vos biens et elles désobéiront à
tous vos ordres et à tous vos désirs. Quand elles sont livrées à elles-mêmes,
elles oublient la religion et ne pensent qu'à elles. Dès qu'il s'agit de leurs
désirs charnels, elles sont sans pitié ni vertu. Il est facile de prendre plaisir
en leur compagnie, mais elles vous le feront chèrement payer. Même la plus
vertueuse a la vertu facile, et les plus corrompues sont des putains. L'âge ne
leur épargne aucun vice. Elles ont trois qualités qui sont dignes d'un
incroyant : elles se plaignent d'être opprimées quand en fait ce sont elles qui
oppriment; elles jurent solennellement et mentent en même temps; elles
s'offusquent des avances que leur font les hommes tout en les désirant avecardeur.
Implorons Dieu qu'il nous délivre de leur sorcellerie. »
Et finalement, à un homme qui enseigne l'écriture à une femme :
« N'ajoute pas une malédiction à ton malheur. »
Il serait bon de terminer cette introduction par deux citations d'un philosophe
fort célèbre et estimé, Al-Ghazali (1058-1111), que le professeur
12. Ascha, p. 38 et suivantes.
L'ISLAM ET LES FEMMES 357
Montgommery Watt juge être le plus grand musulman après Muhammad.
Dans The Revival of the Religions Sciences, Ghazali définit le rôle de la
femme1 3 :
Elle doit rester au foyer et filer la laine. Elle ne doit pas sortir trop souvent.
Elle doit être ignorante, ne doit pas être sociable avec ses voisins et ne
doit leur rendre visite que si c'est absolument nécessaire. Elle doit prendre
soin de son mari et doit lui témoigner du respect, en sa présence comme en
son absence. Elle doit chercher à le satisfaire en toutes choses. Elle ne doit
pas chercher à le tromper, ni à lui extorquer de l'argent. Elle ne doit pas quitter
sa maison sans la permission de son mari et s'il la lui accorde, elle doit le
faire subrepticement. Elle devra revêtir de vieux vêtements et emprunter des
rues désertes. Elle devra éviter les marchés publics et s'assurer que nul ne
puisse identifier sa voix et la reconnaître. Elle ne doit pas adresser la parole
à un ami de son mari, même si elle a besoin de son assistance. Sa seule préoccupation
sera de préserver sa vertu, son domicile, tout autant que ses prières
et le jeûne. Si un ami de son mari lui rend visite pendant qu'il est absent,
elle ne doit pas ouvrir la porte ni lui répondre afin de sauvegarder son honneur
et celui de son mari. En toute occasion, elle se contentera de la satisfaction
sexuelle que lui procure son mari. Elle aura toujours souci de pouvoir
satisfaire à tout moment les besoins sexuels de son époux.
Le grand théologien met ensuite tous les hommes en garde contre les
femmes, car leur « ruse est immense et leur malice est nocive : elles sont
immorales et mesquines ». Al Ghazali se plaint encore que « c'est un fait
avéré que toutes les épreuves, les malchances et les malheurs qui frappent
les hommes viennent des femmes ».
Dans son livre de conseils aux rois, Ghazali résume tout ce que la femme
doit endurer à cause de la mauvaise conduite d'Eve au Jardin d'Éden :
Four ce qui est des caractéristiques distinctives par lesquelles Dieu en Sa
hauteur a puni les femmes, (il en est ainsi) : Quand Eve mangea le fruit de
l'arbre qu'il lui avait défendu, le Seigneur, que Son Nom soit loué, punit les
femmes de dix-huit façons : (1) les menstruations, (2) l'enfantement, (3)
être séparée de son père et de sa mère et épouser un étranger, (4) la grossesse,
(5) ne pas avoir le contrôle de sa propre personne, (6) une part d'héritage
moindre, (7) ne pouvoir divorcer tout en étant susceptible d'être répudiée,
(8) l'homme peut en toute légalité avoir quatre épouses, mais une femme ne
peut avoir qu'un seul mari, (9) l'obligation qui lui est faite de rester recluse
dans sa maison, (10) l'obligation d'être voilée à l'intérieur, (11) la valeur de
son témoignage n'est que la moitié de celui d'un homme, (12) elle ne doit
pas sortir de sa maison sans être accompagnée par un proche parent, (13) ne
pas pouvoir prendre part au service du vendredi et aux prières des jours de
fête, ainsi qu'aux funérailles, (14) son inaptitude à tout emploi administratif
et à la magistrature, (15) le fait que sur mille mérites que l'on peut attribuer,
un seul revient aux femmes et les 999 autres vont aux hommes, (16) le fait
13. Ascha, p. 41.
POURQUOI JE NF. SUIS PAS MUSULMAN
que si les femmes sont des débauchées, elles recevront au jour du jugement
dernier que la moitié des tourments du reste de la communauté (cela ne ressemble
pas à une punition! Est-ce une erreur de traduction?), (17) le fait
que si leur mari décède, elles doivent attendre une période de quatre mois
et dix jours avant de se remarier, (18) le fait que si leur mari les répudie, elles
doivent respecter un délai de trois mois, ou trois périodes menstruelles avant
de se remarier.14
Tels sont donc les propos que l'on tenait en ce soi-disant âge d'or du
féminisme islamique. On a également prétendu que c'était l'abandon de cet
enseignement qui a précipité les sociétés musulmanes dans la décadence et
l'arriération. Malheureusement, cet âge d'or n'a jamais existé. Parler de cette
utopie revient à confirmer et entretenir l'influence du clergé, des mollahs et
de leurs odieuses croyances qui renient toute humanité à la moitié de la
population du globe et qui retardent toute tentative de libération de la
femme musulmane.
Je vais maintenant examiner en détail tous les différents stratagèmes que
l'islam a inventés pour soumettre la femme.
UN ÊTRE INFÉRIEUR
Muhammad aurait demandé à ses hommes de traiter avec bienveillance
ces êtres faibles que sont les femmes et les esclaves. En général, l'islam traite
les femmes comme des êtres inférieurs tant d'un point de vue physique que
moral et intellectuel. Viennent en premier les hommes, puis les hermaphrodites
(qui ont dans l'islam un statut particulier) et en dernier les femmes.
Les conservateurs ont même ressorti des théories anthropomorphiques
depuis longtemps discréditées qui prétendaient montrer que la capacité crânienne
des femmes était plus limitée que celle des hommes. « Les femmes
sont moins douées de raison et de foi », prétend la tradition.
Les femmes sont des êtres impurs, pendant et bien au-delà de leurs
périodes menstruelles. Muhammad n'aurait jamais touché une femme qui
ne lui appartenait pas. Quand une femme venait lui prêter serment de fidélité
et qu'elle voulait lui serrer la main, il refusait : « Je ne touche jamais la
main des femmes. » Voici quelques autres hadiths sur ce sujet15 :
— Mieux vaut être éclaboussé par un cochon que d'être effleuré par le
coude d'une femme qui est défendue.
— Mieux vaut enfoncer une aiguille dans la tête de l'un d'entre vous que
de toucher une femme qui n'est pas permise.
14. Cité dans Tannahill, pp. 233-234.
15. Ascha, p. 49 et suivantes.
L'ISLAM ET LES FEMMES 359
— A celui qui touche la paume d'une femme qui ne lui est légalement
pas permise, on mettra des charbons ardents dans la main au jour du Jugement
Dernier.
— Trois choses peuvent interrompre la prière si elles viennent à passer
devant forant : un chien noir, une femme, un âne.
Les musulmans libéraux souhaiteront certainement rejeter ces hadiths
qu'ils croient être apocryphes, mais que pourraient-ils répliquer aux sourates
IV.43 et V.6 qui disent : « N'approchez pas de la prière, alors que vous êtes
ivres — attendez de savoir ce que vous dites! — ou impurs — à moins que
vous soyez en voyage — attendez de vous être lavés — Si vous êtes malades,
ou si vous voyagez, ou si l'un de vous revient du lieu caché, ou si vous avez
touché des femmes et que vous ne trouviez pas d'eau, recourez à du bon
sable que vous vous passerez sur le visage et sur les mains? »
Les théologiens s'appuient sur le Coran pour prouver que les femmes
sont intérieures aux hommes et pour couper court à tout argument, car nul
ne peut s'opposer à la parole de Dieu. Ainsi revêtent-ils leurs pseudo-théories
scientifiques de l'autorité divine. Voici les versets en question :
III.36 : Après avoir mis sa fille au monde, elle dit : « Mon Seigneur! J'ai
mis au monde une fille. » Dieu savait ce qu'elle avait enfanté : un garçon
n'est pas semblable à une fille. « Je l'appelle Marie, je la mets sous Ta protection,
elle et sa descendance, contre Satan, le réprouvé. »
XLIII.18 : Eh quoi! cet être qui grandit parmi les colifichets et qui discute
sans raison!
IV.122 : Qui donc est plus véridique que Dieu quand il parle?
Les femmes sont inférieures par nature et peuvent être comparées à un
récipient fêlé qui ne pourrait être réparé. Muhammad avait l'habitude de
dire : « Manipulez les vases (les femmes) avec précaution. »
INÉGALITÉS EN MATIÈRE DE SEXUALITÉ
Bullough, Burton, Bousquet et Bouhdiba affirment que l'islam est une
religion féministe, ce qui signifie implicitement que cette religion est centrée
sur l'homme. Dans l'islam, la sexualité de la femme ou, d'une manière
plus spécifique, ses besoins sexuels ne sont pas pris en considération. Four
un juriste musulman, le mariage est l'un des deux moyens légitimes par lesquels
un homme peut avoir des relations avec une femme (l'autre étant le
concubinage avec une esclave). Comme le fait remarquer un juriste, le
mariage, pour un musulman, est « le contrat par lequel il acquiert les organes
reproducteurs d'une femme, avec la volonté expresse d'en jouir » . 1 6
16. Bousquet (1), p. 118.
360 POURQUOI JK NE SUIS PAS MUSULMAN
L'inverse, bien entendu, n'existe pas : les organes reproducteurs des maris
ne sont pas exclusivement réservés à l'usage de leurs épouses. Le Coran permet
à l'homme d'avoir un nombre illimité d'épouses et de concubines :
IV.3 : Epousez, comme il vous plaira, deux, trois ou quatre femmes.
XXIII.1-6 : I leureux les croyants qui sont humbles dans leurs prières,
qui évitent les propos vains, qui font l'aumône, qui se contentent de leurs
rapports avec leurs épouses et leurs captives — on ne peut donc les blâmer.
Le Coran sait que l'homme est incapable d'impartialité (IV. 129) :
« Vous ne pouvez être parfaitement équitables à l'égard de chacune de vos
femmes », et cependant il autorise la polygamie (qu'il serait plus juste
d'appeler polygynie, puisque les femmes ne peuvent pas être polyandres).
G. H. Bousquet, dans L'Ethique Sexuelle de l'Islam, rappelle constamment
que la conception du mariage chez les musulmans n'a rien en commun avec
celle du christianisme. On ne trouve nulle part dans l'islam le concept
d'association, de partenariat entre les membres du couple. Le mot arabe
pour traduire mariage est nikah, qui est également le mot pour coït, et en
français argotique, niquer signifie également baiser. Les conclusions de
Bousquet peuvent être résumées comme suit : le mariage musulman est
essentiellement un acte par lequel une femme, le plus souvent sans qu'on lui
ait demandé son avis, doit se mettre sexuellement à la disposition de son
mari, si besoin est en se joignant à trois autres femmes et à un nombre illimité
de concubines. Elle doit s'attendre à être flanquée à la porte dès qu'elle
cesse de plaire, et jamais il n'est question d'association.17
Les juristes musulmans ont insisté sur le fait que l'équité qu'un mari doit
à ses femmes réside dans la nature des dépenses ou des cadeaux qu'il fait à
chacune d'entre elles, et qu'il ne s'agit pas d'amour ou de relation sexuelle.
Le Prophète, naturellement, bénéficiait d'un privilège spécial accordé par le
Coran. Il pouvait avoir plus de quatre femmes sans avoir l'obligation de partager
ses nuits entre elles de façon équitable.
XXXIII.50-51 : Ô toi, le Prophète! Nous avons déclaré licites pour toi
les épouses auxquelles tu as donné leur douaire, les captives que Dieu t'a destinées,
les filles de ton oncle paternel, les filles de ton oncle maternel, les
filles de tes tantes maternelles — celles qui avaient émigré avec toi — ainsi
que toute femme croyante qui se serait donnée au Prophète pourvu que le
Prophète ait voulu l'épouser. Ceci est un privilège qui t'est accordé, à l'exclusion
des autres croyants. Nous savons ce que nous leur avons imposé au sujet
de leurs épouses et de leurs esclaves, de manière à ce que tu ne ressentes
aucune gêne. Dieu est celui qui pardonne, 11 est miséricordieux. Il n'y a pas
de reproche à te faire si tu fais attendre celle d'entre elles que ni voudras; si
tu reçois chez toi celle que m voudras et si tu recherches de nouveau quelques-
unes de celles que tu avais écartées.
17. Bousquet (1), p. 156.
L'ISLAM ET LES FEMMES 361
Le Prophète jouissait de ses neuf épouses et, aux dires de Ghazali, il était
capable de remplir tous ses devoirs conjugaux en une matinée. Il est clair
que les femmes sont considérées comme des objets et qu'elles sont acquises
et répudiées au gré des caprices masculins. Si une femme ne suffit pas, conseille
Ghazali, prenez-en d'autres (jusqu'à quatre.) Si vous n'êtes toujours
pas satisfaits, changez-en. Quoi de plus simple!
Une femme ne peut légitimement pas demander à son mari de la satisfaire
sexuellement. Elle ne peut exiger que de la nourriture, des vêtements
et un toit. Son mari est le seul maître de son plaisir sexuel. L'inverse n'est
pas vrai. Il est considéré qu'un mari qui refuse d'honorer sa femme se prive
librement des droits sexuels qu'il a légitimement acquis.
Les juristes musulmans estiment de façon unanime que si un mari est
incapable d'avoir un acte sexuel avec sa femme parce qu'il a subi une ablation
du pénis, la femme peut demander et obtenir immédiatement le divorce.
Toutefois, si son incapacité est due à d'autres causes, l'impuissance par
exemple, le divorce n'est pas accordé immédiatement. Le mari dispose
d'une année lunaire pour consommer le mariage.
Il est naturellement essentiel que la femme soit vierge quand elle
demande le divorce. Quand le mariage a été consommé, les droits sexuels
de la femme semblent se volatiliser. D'après les chafiites, la femme ne peut
demander le divorce qu'en cas d'ablation du pénis. Aucune autre raison n'est
admise. D'après les malikites et les hanafites, une fois que le mariage a été
consommé, la femme n'a plus aucun droit en la matière. Le mari n'est obligé
d'avoir des rapports avec elle qu'une fois au moins. L'islam protège les droits
des hommes, et des hommes seulement. Le problème célèbre de la sodomie
illustre parfaitement l'attitude des musulmans envers le sexe. Certains hommes
dans l'entourage de Muhammad avaient, semble-t-il, « possédé leurs
femmes aussi bien par-devant que par-derrière ». Quelques femmes
demandèrent à Muhammad son opinion. Muhammad reçut alors une
révélation appropriée qui est conservée dans la sourate II.223 : « Vos femmes
sont pour vous un champ de labour : allez à votre champ, comme il vous
plaira. » L'ambiguïté de cette phrase a été la source de nombreux conflits.
Personne n'a cependant songé à consulter les femmes elles-mêmes. Elles
étaient exclues du débat. Les théologiens musulmans en ont conclu que
l'homme pouvait prendre ses femmes quand il voulait et comme il voulait,
par-devant ou par-derrière, aussi longtemps qu'il éjaculait dans le vagin. En
d'autres termes, l'homme peut choisir l'époque et le mode de culture de son
champ, aussi longtemps qu'il sème la graine à l'endroit où elle produira la
meilleure moisson.
La sodomie était considérée comme un péché grave, sans que l'on sût
exactement s'il devait être ou non puni de mort.
Sans ambiguïté cette fois, Muhammad a encore dit que « la femme ne
doit jamais se refuser à son mari, même sur la selle d'un cheval » ou, selon
d'autres versions, sur le dessus d'un four chauffé à blanc. En une autre occa362
POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
sion, le Prophète a maudit les femmes qui disent toujours plus tard ou encore
prétendent avoir leurs règles pour échapper à leur devoir conjugal. Les
hadiths précisent également que « deux prières n'atteindront jamais le ciel,
celle des esclaves en fuite et celle des femmes rétives qui la nuit frustrent les
envies de leur époux ».
La femme qui se refuse à son mari est considérée comme insubordonnée
et le Coran reconnaît au mari le droit de lui infliger une punition corporelle
(voir sourate IV.34 citée plus haut).
La femme peut également perdre ses droits à son entretien et à sa protection.
Par exemple, d'après la loi égyptienne (Article 67 du Code de Statut
Personnel), « une femme perd ses droits à l'obligation alimentaire si elle se
refuse à son mari sans raison légitime ».
Nous avons vu comment un homme acquiert par mariage les organes
reproducteurs (al bud) de sa femme et que l'inverse n'existe pas. De fait, la
femme n'a aucun droit sur ses propres bud, ses propres organes sexuels.
Pour Muhammad Qptb, un écrivain très connu18 :
Un gardien n'a pas le droit d'inviter des personnes pour voler ce qui ne
lui appartient pas. De même, une fille qui est uniquement la gardienne de
son honneur (son bud) n'a pas le droit de s'en servir (ses organes sexuels),
pas plus qu'elle ne peut convier quiconque à le violer, car il ne s'agit pas seulement
de son honneur mais aussi de celui de ses parents, de sa famille, de
la société et de toute l'humanité.
Ici, nous pourrions dire quelques mots sur la circoncision. Nulle part il
n'existe autant de divergences entre la théorie et la pratique que dans le cas
de la circoncision et, pour une fois, la pratique est beaucoup plus exigeante
que la loi islamique. Pour la majorité des musulmans, l'appartenance à
l'islam exige obligatoirement la circoncision. A Java, circoncire signifie que
l'on reçoit quelqu'un dans le sein de l'islam. C'est, si vous préférez, l'équivalent
du baptême des chrétiens. Pour les chrétiens, le musulman est par
définition circoncis. Le Turc d'Alep dans Othello de Shakespeare est un
chien de circoncis. Or, pour la loi coranique, la circoncision est une simple
recommandation et non pas une obligation. Le Coran n'y fait pas allusion
et cette pratique n'est fondée que sur une coutume attribuée au Prophète.
Quoiqu'il en soit, les premiers musulmans ne semblent pas l'avoir prise trop
au sérieux. Omar, le calife pieux, aurait dit que Muhammad avait été envoyé
pour islamiser le monde, non pour le circoncire.
Dans les sociétés musulmanes, c'est aujourd'hui une coutume universellement
observée, même dans les familles les plus occidentalisées et les plus
progressistes. La circoncision d'un enfant est un événement familial important
qui est marqué par une grande cérémonie et dont la pompe n'est surpassée
que par celle du mariage. La circoncision est-elle nécessaire ou est-
18. Ascha, p. 58.
L'ISLAM ET LES FEMMES 363
ce une tradition barbare qui s'est perpétuée depuis les temps préislamiques?
Voici la description qu'en fait Bouhdiba :
L'enfant mutilé n'a d'autre ressource que de crier et de pleurer sa douleur
à la violence castratrice qui est faite à son corps. La blessure dans sa chair,
ces hommes et ces femmes qui le torturent, l'éclair du rasoir, les cris aigus
des vieilles femmes, le coq que l'on sacrifie, tous ces hommes et ces femmes
qui sont venus pour féliciter l'enfant pour son entrée dans l'islam : voilà tout
ce que la circoncision représente pour un enfant. (...) Ajoutez à cela la douloureuse
blessure qui met longtemps à se cicatriser (quelques fois de longues
et terribles semaines), sans parler des accidents et des complications : infections,
hémorragies, ruptures de l'artère. (...) Rien ne peut justifier la circoncision,
surtout au regard du traumatisme physique et psychologique qui en
résulte. Ce n'est pas sans raison que l'on parle d'opération barbare et traumatisante.
19
Ceci nous conduit à la circoncision des femmes. D'après Burton et le
Dictionnaire de l'Islam, elle était au X I X e siècle largement répandue en Arabie
(et probablement dans bien d'autres pays musulmans), et la profession
de coupeuse de clitoris était officiellement reconnue et pratiquée par de
vieilles femmes. Bousquet pense qu'elle était rare en Afrique du Nord. Bouhdiba
écrit en 1978 qu'elle était rare au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en
Turquie et en Iran, mais qu'elle était pratiquée partout ailleurs. D'après le
Female Génital Mutilation : Proposais for Change publié en 1992 par le
Minority Rights Group's Report, cette pratique est toujours largement
répandue dans toute l'Afrique de l'ouest, au Sahara, au Yémen et à Oman,
aussi bien par les musulmans que par les chrétiens, les juifs et les animistes.
« Dix millions de jeunes filles en sont victimes chaque année. » A la différence
de la circoncision, l'excision est pratiquée en secret et ne revêt pas la
même valeur symbolique. La défloration pendant la nuit de noce représente
beaucoup plus que l'excision, l'équivalent de la circoncision.
Tout comme la circoncision, l'excision n'est pas mentionnée par le
Coran. Les docteurs en théologie ne s'attardent guère sur ce sujet et
lorsqu'ils daignent le faire, ils se contentent de la recommander comme un
acte pieux.
En quoi l'opération consiste-t-elle exactement? L'omniscient Burton20
explique que « chez l'enfant, le clitoris forme une protubérance qui dépasse
des lèvres. La circoncision féminine consiste à couper l'extrémité supérieure
du clitoris. » L'excision, continue Burton,
est généralisée parmi les négroïdes du Haut Nil, les Somaliens et d'autres
tribus. La vieille femme qui opère utilise une lame de couteau ou de rasoir
fixée sur un manche en bois et en trois coups détache la lèvre et l'extrémité
du clitoris. Les parties sont ensuite cousues avec une grosse aiguille et du fil
19. Bouhdiba, pp. 217-218.
20. Burton, vol. 5, p. 279.
164 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
en peau de mouton. Un tuyau d'étain est inséré pour l'écoulement de l'urine.
Avant le mariage, le fiancé s'entraîne pendant un mois sur de la viande, du
miel et du lait. S'il peut ouvrir la jeune mariée avec son arme naturelle, il est
un sabreur à qui nulle femme ne peut se refuser. S'il échoue, il tente la pénétration
avec ses doigts et en dernier ressort, il utilise son couteau pour
déchirer la couture. La souffrance des premières nuits doit être insupportable.
Aujourd'hui, rien n'a réellement changé. Dans une enquête effectuée en
1992, The Economist révèle que « la douleur engendrée par l'opération varie
entre une douleur bénigne et la souffrance la plus horrible. L'excision est
pratiquée avec les mêmes instruments et très rarement sous anesthésie. Elle
engendre de sérieux problèmes au cours des menstruations, des relations
sexuelles et de l'accouchement qui se traduisent par des désordres psychologiques
et physiologiques qui peuvent entraîner la mort. » Dans l'acte
macabre de dé-buder la femme, s'incarnent toutes les peurs de la féminité
qu'éprouvent les musulmans. L'excision est « le juste complément de la circoncision,
réduisant et nivelant la sensibilité des géniteurs de chaque sexe.
Une femme qui n'est pas excisée atteint l'orgasme plus vite et plus souvent
qu'un homme circoncis et les orgasmes répétés risqueraient d'altérer sa
santé », nous assure Burton. L'homme doit multiplier ses efforts pour satisfaire
la femme dont la sensibilité sexuelle est diminuée et cela s'avère tout à
fait impossible lorsque le clitoris a été entièrement amputé. Cette situation
demeure la source de nombreuses névroses psychosexuelles chez le mâle
arabe. « L'anatomie est la destinée » disait Freud, auquel cas une anatomie
mutilée entraîne une destinée mutilée.
« Quand le croyant partage sa couche avec sa femme, les anges les entourent
depuis la terre jusqu'aux cieux, le plaisir des sens et le désir ont la beauté
des montagnes. Chaque fois que vous faites l'amour, vous faites une
offrande à Dieu » disait Muhammad en s'adressant à un groupe de fidèles.
Le Coran reprend cette thèse : (sourate V.89) « Ne vous privez pas des plaisirs
que Dieu vous a accordés. » (XXIV.32) « Mariez les célibataires qui sont
parmi vous. » En une autre occasion, Muhammad dit : « Je me suis marié
plusieurs fois et ceux qui ne suivent pas mon exemple ne sont pas avec moi.
Ceux d'entre vous qui sont capables de fonder un foyer doivent se marier. »
Muhammad avait également interdit à l'un de ses disciples de faire voeu de
chasteté. Le Prophète avait lui-même une vie sexuelle particulièrement
active ce qui, pour de nombreux commentateurs chrétiens, était une faiblesse
éhontée.
Ainsi l'islam est favorable aux plaisirs de la chair, surtout pour les hommes,
et ces plaisirs sont même présents au paradis. Mais qu'y a-t-il doncdans
ce paradis qui le rende si attrayant à beaucoup et si intolérable à
d'autres, comme par exemple à Karl Popper? Le paradis est plein d'orgasmes
sexuels, d'orgasmes d'hommes naturellement. De jolies nymphettes
L'ISLAM ET LES FEMMES 365
ont spécialement été créées par Dieu pour récompenser les croyants (musulmans)
qui sont au paradis.
LXXVII 1.31-33 : Ce sera un succès pour ceux qui craignent Dieu : des
vergers et des vignes, des adolescentes d'une égale jeunesse, des coupes
débordantes.
LV.54-58 : Ils seront accoudes sur des tapis aux revers de brocart et les
fruits des deux jardins seront à leur portée. (...) Là, ils rencontreront celles
dont les regards sont chastes et que ni homme ni djinn n'a jamais touchées
avant eux. (...) Elles seront semblables au rubis et au corail.
LV.70-74 :11 y aura là des vierges bonnes et belles. (...) Des houris qui
vivent retirées sous leurs tentes. (...) Que ni homme ni djinn n'a jamais touchées
avant eux.
LVI.15-24 : Placés côte à côte sur des lits de repos, ils seront accoudés,
se faisant vis-à-vis. Des éphèbes immortels circuleront autour d'eux portant
des cratères, des aiguières et des coupes remplies d'un breuvage limpide dont
ils ne seront ni excédés, ni enivrés; les fruits de leur choix et la chair des
oiseaux qu'ils désireront. Il y aura là des houris aux grands yeux, semblables
à la perle cachée, en récompense de leurs oeuvres.
LVI.36-38 : Nous les avons faites vierges, aimantes et d'égale jeunesse
pour les compagnons de la droite.
LII. 19-20 : « Mangez et buvez en paix — en récompense de vos actions
— accoudés sur des lits de repos bien alignés. » Nous leur donnerons pour
épouses des houris aux grands yeux.
XXXVII.48-49 : Celles qui ont de grands yeux et dont les regards sont
chastes se tiendront auprès d'eux, semblables au blanc caché de l'oeuf.
XLIV.51-55 : Ceux qui craignent Dieu demeureront dans un paisible
lieu de séjour, au milieu des jardins et des sources. Ils seront vêtus de satin
et de brocart et placés face à face. Voici que nous leur donnerons pour épouses
des houris aux grands yeux. Là, ils demanderont paisiblement toutes sortes
de fruits.
XXXVI 11.49-53 : Un beau lieu de retour est destiné à ceux qui craignent
Dieu : les Jardins d'Eden dont les portes leur seront ouvertes. Accoudés en
ce lieu, ils demanderont des fruits abondants et des boissons tandis que celles
dont les regards sont chastes et qui sont toutes du même âge, se tiendront
auprès d'eux. Voilà ce qui est promis pour le Jour du Jugement; tels sont les
biens impérissables que nous vous accordons.
11.25 : Ils posséderont des jardins où coulent les ruisseaux. (...) Ils trouveront
là des épouses pures, et là ils demeureront immortels.
Ce n'est pas sans raison que Muhammad avait dit : « Il n'y aura pas de
célibataire au Paradis. » Dans ces visions, à la fois totalement enfantines et
libidineuses, la femme, une fois de plus, a été créée pour servir l'homme.
366 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
Aucun risque de trouver une seule vision de gigolos aux yeux charbonneux
empressés aux côtés de femmes sensuelles, lascivement étendues. Les commentateurs
musulmans ont ensuite allègrement fantasmé sur le paradis
dépeint par le Coran. Par exemple, Al Suyuti21 écrit : « Chaque fois que nous
couchons avec une houri, elle retrouve sa virginité. Par ailleurs, le pénis des
élus ne mollit jamais. L'érection est éternelle. La sensation que l'on ressent
chaque fois que l'on fait l'amour est incroyablement délicieuse et totalement
irréelle. Si vous pouviez en faire l'expérience dans ce bas monde, vous vous
évanouiriez. Chaque élu sera marié à soixante-dix houris, en plus des femmes
qu'il a épousées sur Terre, et toutes auront un vagin appétissant. »
Nous avons donc démontré que l'islam n'est favorable à la sexualité que
du point de vue de l'homme. Le système éthico-juridique élaboré par les
ulémas n'est conçu que dans l'intérêt de l'homme. Nous devons encore
émettre deux autres réserves. L'islam est peut-être favorable à la sexualité,
mais non pas sans quelques interdits dont la transgression est punie de
mort. Nous reviendrons plus tard sur cet aspect. En outre, il trahit également
une phobie en matière de pureté et d'impureté. C'est ce point que
nous allons aborder maintenant.
« Si vous êtes en état d'impureté légale, purifiez vous », dit la sourate
V.6. Les impuretés mineures, comme par exemple le contact du pénis, sont
effacées par une ablution. Les impuretés majeures imposent la toilette intégrale
du corps et, comme le disait le Prophète, « celui qui ne lave pas ne
serait-ce qu'un de ses cheveux sera puni en conséquence en enfer ». Les
impuretés majeures sont la conséquence des rapports sexuels, de toute émission
de sperme (aussi bien mâle que femelle, car les musulmans croyaient
que les femmes expulsaient un liquide au moment de l'orgasme), des rapports
anaux, zoophilie, menstruation, période puerpérale et pollutions nocturnes.
Il n'y a là aucune connotation morale. La relation sexuelle vous rend
impur. Qu'elle soit ou non permise par la loi islamique importe peu. Par
exemple, les théologiens posent cette question : est-ce que le jeûne est valide
pour celui qui a eu des rapports dans le milieu de l'après-midi avec un jeune
garçon ou une femme? Réponse : s'il n'y a pas eu d'orgasme, alors le jeûne
est valide. Le problème du péché ne se pose pas. Il n'est également pas question
d'hygiène. Les impuretés mineures font que l'on ne peut pas prier,
effectuer le rite de la circum-ambulation autour de la Kaaba ou toucher le
Coran. Une personne coupable d'impureté majeure ne pourra pas, en plus
des interdictions que je viens de citer, réciter le Coran ou pénétrer dans une
mosquée. Toutes les fonctions naturelles du corps semblent être une source
d'impureté. La loi coranique est remplie d'absurdités qui induisent des
névroses et qui ont surtout la vertu de révéler un comportement obsessionnel.
Bouhdiba22 fait remarquer avec justesse que la société musulmane pro-
21. Cite dans Bouhdiba, pp. 95-96.
22. Bouhdiba, pp. 59-74.
L'ISLAM ET LES FEMMES 367
duit des hommes et des femmes qui sont obsédés par la propreté; une
société tout entière affectée par un complexe anal. Même si on est conscient
que les interdits concernant la pureté jouent un rôle important dans l'intégration
d'un individu à la société, cette relation entre sexe et impureté ne
peut être autrement jugée que de façon négative.
Nous avons vu que la femme est considérée comme impure durant ses
règles et qu'elle ne peut jeûner, prier, se promener autour de la Kaaba, entrer
dans une mosquée, avoir des relations sexuelles avec son mari et même toucher
le Coran. Certains apologistes voudraient nous faire croire qu'il s'agit
là d'une délicate attention qui la dispenserait de ces activités à une période
où son corps subit des bouleversements physiologiques. Au contraire, ce
sont bel et bien des mesures discriminatoires qui interdisent formellement
tout contact avec elle parce qu'elle est en état d'impureté.
Toujours et encore le Coran exhorte les femmes à la piété et surtout à
l'obéissance à Dieu et à leur mari : « Les femmes vertueuses sont pieuses »
(IV.34). On attend des femmes qu'elles soient soumises, soumises à Dieu,
à une religion énoncée, élaborée et interprétée par des hommes. Les femmes
sont totalement exclues de toute décision : « Nous n'avons envoyé
avant toi que des hommes que nous avons inspirés. Si vous ne le savez pas,
interrogez les gens auxquels le Rappel a été adressé » (XVI.43).
Les apologistes ont exagéré le rôle que les femmes du Prophète ont joué
dans la propagation de la religion. En réalité, leur rôle était très limité, sinon
inexistant. Le Coran demande simplement aux femmes du Prophète de rester
à la maison. 11 était interdit aux visiteurs de leur parler en tête-à-tête.
XXXIII.32-33 : Ô vous, les femmes du Prophète! Vous n'êtes comparables
à aucune autre femme. Si vous êtes pieuses, ne vous rabaissez pas dans
vos propos afin que celui dont le coeur est malade ne vous convoite pas. Usez
d'un langage convenable. Restez dans vos maisons, ne vous montrez pas
dans vos atours comme le faisaient les femmes au temps de l'ancienne ignorance.
Acquittez-vous de la prière; faites l'aumône; obéissez à Dieu et à son
Prophète.
XXX1II.53 : Ô vous qui croyez! N'entrez pas dans les demeures du
Prophète sans avoir obtenu la permission d'y prendre un repas, et attendu
que le repas soit préparé.
Quand vous êtes invites, entrez et retirez-vous après avoir mangé, sans
entreprendre des conversations familières. Cela offenserait le Prophète ; il a
honte devant vous, tandis que Dieu n'a pas honte de la vérité.
Quand vous demandez quelque objet aux épouses du Prophète, faitesle
derrière un voile. Cela est plus pur pour vos coeurs et pour leurs coeurs.
Vous ne devez pas offenser le Prophète de Dieu, ni jamais vous marier
avec ses anciennes épouses : ce serait, de votre part, une enormité devant
Dieu.
Quand et comment les femmes pourraient-elles enseigner la religion
dans des conditions aussi contraignantes? Le Coran n'y fait aucune
368 P O U R Q U O I J E N E SUIS PAS M U S U L M AN
mention; il se contente de leur ordonner d'obéir à Dieu et à son Prophète,
de se conduire en respectant les convenances et de les menacer si elles
n'obéissent pas.
XXXIII.30-31: Ô vous, les femmes du Prophète! Celle d'entre vous qui
se rendra coupable d'une turpitude manifeste, recevra deux fois le double du
châtiment. Cela est facile pour Dieu. Nous accorderons une double
récompense à celle d'entre vous qui est dévouée envers Dieu et son
Prophète, à celle qui fait le bien, et nous lui avons préparé une noble part.
On peut dire sans aucun risque que les femmes n'ont joué aucun rôle
dans le développement du dogme musulman.
L'inégalité entre hommes et femmes23 en matière de témoignage est inscrite
dans le Coran (II.282 cité ci-dessus).
Comment les apologistes justifient-ils ce texte? Les écrivains musulmans,
aussi bien hommes que femmes, se réfèrent à une prétendue différence
psychologique entre les deux sexes. Le Coran (donc Dieu), dans sa
sublime sagesse, savait que les femmes sont sensibles, émotives, sentimentales,
largement influencées par leurs rythmes biologiques et qu'elles manquent
de jugement. Mais par-dessus tout, elles ont une mémoire
défaillante. En d'autres termes, les femmes sont des êtres psychologiquement
inférieurs. Contre toute attente, ces arguments spécieux sont développés
par des intellectuels musulmans, mais aussi, chose surprenante, par
des intellectuelles comme mesdames Ahmad Jamal, Zahya Kaddoura,
Ghada al Kharsa ou encore Madiha Khamis. Comme le fait remarquer As
Ghassan Ascha, l'absurdité de leurs arguments est évidente.
En acceptant le témoignage de deux êtres dont les facultés de raisonnement
sont supposées être défaillantes, on n'obtient pas une seule personne
dont le raisonnement serait parfaitement logique. Mais ainsi fonctionne
l'arithmétique islamique! Toujours dans cette même logique, si le témoignage
de deux femmes vaut celui d'un homme, alors le témoignage de quatre
femmes devrait nous dispenser de celui d'un homme. Mais non! Dans
l'islam, la règle est de ne jamais accepter le seul témoignage des femmes
dans des domaines où les hommes ont théoriquement accès. 11 est dit que
le Prophète n'acceptait pas le témoignage des femmes en matière de
mariage, de divorce et d'hudud. L'hudud désigne les punitions fixées par
Muhammad dans le Coran et les hadiths pour (1) adultère — lapidation,
(2) fornication — une centaine de coups de fouet, (3) fausse accusation
d'adultère contre une personne mariée — quatre-vingts coups de fouet, (4)
apostasie — exécution capitale, (5) consommation d'alcool — quatre-vingts
coups de fouet, (6) vol — amputation de la main droite, (7) simple vol sur
les routes — amputation des mains et des pieds; pour vol avec meurtre —
la mort par l'épée ou par crucifixion.
23. Ascha, p. 63 et suivantes.
L ' I S L AM F.T LES F E M M ES 369
Pour l'adultère, le Coran dit : (XXIV.4) « Frappez de quatre-vingts
coups de fouet ceux qui accusent les femmes honnêtes sans pouvoir désigner
quatre témoins et n'acceptez plus jamais leur témoignage : voilà ceux qui
sont pervers. » Bien sûr, les juristes musulmans n'accepteront le témoignage
que de quatre hommes. Ces témoins doivent déclarer qu'ils ont « vu les parties
unies dans l'acte même de la copulation ». Une fois qu'une accusation
d'adultère a été faite, l'accusateur lui-même, ou elle-même, risque une sanction
s'il ne peut produire les preuves requises par la loi. Les témoins sont
dans la même situation. Si un homme surgit dans un dortoir et viole une
douzaine de femmes, il ne risquera rien puisqu'il n'y aura aucun témoin de
sexe masculin. De plus, la victime d'un viol hésitera avant de porter plainte
car elle aura peu de chance d'obtenir justice et risque même d'être condamnée.
« Si la parole d'une femme suffisait dans pareil cas, explique le juge
pakistanais Zharoor ul Haq, alors aucun homme ne serait en sécurité. »
L'iniquité de cette situation est révoltante et pourtant, pour la loi musulmane,
c'est un moyen d'éviter les scandales concernant les tabous sexuels.
Auparavant, les femmes reconnues coupables de fornication étaient
emmurées vivantes. La sourate IV. 15 indique qu'il faut « enfermer les coupables
jusqu'à leur mort, dans des maisons, à moins que Dieu ne leur offre
un moyen de salut ». Cette manière de procéder fut plus tard abandonnée
et remplacée par la lapidation et le fouet. Quand un homme doit être tué à
coups de pierre, il est emmené dans un endroit désertique et les témoins,
puis les juges, doivent lui lancer les premières pierres. Quand il s'agit d'une
femme, elle doit être placée dans un trou à hauteur de ceinture. Un homme
qui surprend sa femme et son amant pendant l'acte sexuel a légalement le
droit de les tuer.
Si un homme a des doutes sur la fidélité de sa femme ou sur la légitimité
de sa progéniture, son témoignage vaut celui de quatre hommes. Sourate
XXIV.6 : « Quant à ceux qui accusent leurs épouses, sans avoir d'autres
témoins qu'eux-mêmes : le témoignage de chacun d'eux consistera à témoigner
quatre fois devant Dieu qu'ils sont véridiques, et une cinquième fois
pour appeler sur eux la malédiction de Dieu s'ils ont proféré un mensonge.
On détournera le châtiment de la femme, si elle témoigne quatre fois devant
Dieu que son accusateur ment, et une cinquième fois pour appeler sur ellemême
la colère de Dieu, si c'est lui qui est véridique. » Contrairement aux
apparences, ce n'est pas un exemple de justice coranique, ni d'égalité entre
les sexes. La femme échappe naturellement à la lapidation mais cela n'efface
pas sa répudiation et elle perd tout droit sur sa dot et sur l'entretien qui lui
est dû, quelles que soient les conclusions du jugement. Une femme n'a pas
le droit d'utiliser la même procédure pour accuser son mari. Pour les juristes
musulmans, deux hommes forment une multiplicité mais pas les femmes,
qu'elles soient deux, trois ou même un millier.
En matière d'héritage, le Coran indique que les enfants mâles recevront
deux fois la part des ayants droit du sexe féminin.
370 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
IV.11-12 : Quant à vos enfants, Dieu vous ordonne d'attribuer au garçon
une part égale à celle de deux filles. Si les filles sont plus de deux, les
deux tiers de l'héritage leur reviendront; s'il n'y en a qu'une, la moitié lui
appartiendra. Si le défunt a laissé un fils, un sixième de l'héritage reviendra
à chacun de ses père et mère. S'il n'a pas d'enfant et que ses parents héritent
de lui : le tiers reviendra à sa mère. S'il a des frères : le sixième reviendra à
sa mère, après que ses legs ou ses dettes auront été acquittés.
Pour justifier cette inégalité, les commentateurs musulmans ont lourdement
insisté sur le fait qu'une femme reçoit une dot et qu'elle doit être
entretenue par son mari. Il est également vrai que, d'après la loi islamique,
la mère n'est pas tenue de nourrir son enfant et si elle le fait, l'argent, pour
citer Bousquet, est « récupérable par elle sur le mari, s'il revient à meilleure
fortune, exactement comme pour une quelconque autre personne charitable.
Il n'y a donc point d'association entre mari et femme en ce qui concerne
les charges du ménage : elles pèsent uniquement sur le mari. Il n'y a entre
eux aucune espèce d'association d'intérêt financier. » 2 4
Ce dernier point, auquel Bousquet fait référence, met l'accent sur un des
aspects négatifs du mariage musulman, c'est-à-dire l'absence totale de
notion d'association entre les membres du couple, comme c'est le cas dans
le christianisme. Quant à la dot, ce n'est, bien sûr, qu'une simple confirmation
des exigences de l'homme sur la femme, aussi bien en matière de sexualité
que de divorce. En outre, la femme ne dispose pas librement de sa dot.
La coutume est d'en utiliser le montant pour meubler l'habitation du couple
nouvellement marié ou, pour la femme, de l'offrir à son propre père. Pour
les malikites, la femme peut légalement être contrainte à utiliser sa dot pour
meubler sa maison. La loi islamique accorde au tuteur le droit d'annuler un
mariage, même celui d'une femme majeure, s'il estime que la dot est insuffisante.
De la sorte, la dot, au lieu de garantir l'indépendance d'une femme,
se transforme une fois de plus en symbole de sa servitude.
L'homme a l'obligation de subvenir aux besoins de son épouse. Ceci
n'est qu'une façon d'insister sur son insécurité et sa dépendance totale visà-
vis de son mari. D'après les juristes musulmans, le mari n'est même pas
obligé de payer les dépenses de santé de sa femme. L'indépendance financière
des femmes serait un premier pas vers la libération des musulmanes
et, à ce titre, elle est perçue comme une menace pour la domination masculine.
Les femmes musulmanes sont désormais obligées de participer à
parts égales à l'entretien de leurs parents. L'article 158 du code civil syrien
prévoit que « les enfants, quel que soit leur sexe, doivent prendre part, dans
la mesure de leurs moyens, à l'entretien de leurs parents dans le besoin ».
La naissance d'une fille est toujours considérée comme une catastrophe
dans les sociétés musulmanes. Le mode de partage des héritages accentue
leur misère et leur dépendance envers le mari. Si elle est fille unique, elle ne
24. Bousquet (1), p. 120.
L ' I S L A M E T L E S F E M M E S 371
reçoit que la moitié de l'héritage de son père, l'autre moitié allant aux autres
membres de la famille du père. S'il y a au moins deux filles, elles n'hériteront
que des deux tiers. Les parents préfèrent donc n'avoir que des garçons et
être certains de pouvoir leur laisser l'intégralité de leurs biens. « lorsqu'on
lui annonce la naissance d'une fille, son visage s'assombrit, il suffoque »
(XLIII.17). La situation est pire quand une femme perd son mari. Elle ne
reçoit qu'un quart de l'héritage. Si le défunt laisse plus d'une femme, toutes
les femmes doivent se partager un quart ou un huitième de l'héritage.
Le droit de venger le sang des siens25 est inscrit dans le Coran. « Ô vous
qui croyez! La loi du talion vous est prescrite en cas de meurtre : l'homme
libre pour l'homme libre; l'esclave pour l'esclave; la femme pour la femme »
(11.178). Ces lignes disent clairement qu'un homme libre et une femme
n'ont pas la même valeur. Les juristes musulmans ont décidé que le prix du
sang (compensation pécuniaire, en arabe diya) pour le meurtre d'une femme
serait la moitié de celui qui est réclamé pour un homme. Pour les malikites,
le diya pour une femme, un juif ou un chrétien de sexe masculin, est l'équivalent
de la moitié de celui d'un musulman, qu'il s'agisse d'un homicide
involontaire ou d'un meurtre prémédité. Les juristes ont aussi décidé que
quiconque provoque la mort d'un foetus doit payer le diya. Le prix du sang
pour le foetus d'un garçon est le double de celui du foetus d'une fille.
L'autorité de l'homme sur la femme et l'obéissance que cette dernière
doit aux hommes sont entérinées par le Coran (sourates I V.34 et 11.228 déjà
citées). Les juristes26 estiment de façon unanime que les hommes sont supérieurs
aux femmes en vertu de leurs facultés de raisonnement, leur savoir et
leur autorité naturelle. Et puisque c'est à l'homme qu'incombe la responsabilité
financière de la famille, il est admis qu'il a tout pouvoir sur sa femme.
Ces mêmes juristes, naturellement, ignorent l'évolution de la société et
qu'une femme peut, par son salaire, contribuer aujourd'hui à l'entretien du
ménage. L'autorité de l'homme sur la femme demeure un commandement
divin qui est naturel et dans l'ordre des choses. Les intellectuels musulmans
persistent à confiner la femme au foyer. S'absenter de son domicile est contre
la volonté de Dieu et contre les principes de l'islam. Après avoir enfermeles
femmes dans leur maison, on leur reproche de n'avoir aucune expérience
du monde extérieur! Aberration ou simple logique musulmane? Voici donc
un exemple de cette merveilleuse logique :
(En quittant sa maison) une femme risque d'être confrontée à des dangers
qui sont contraires aux qualités spirituelles de la féminité qu'elle incarne
et par lesquelles elle atteint les plus hautes vertus de la vie. Quitter sa maison
est contre la volonté de Dieu, (...) et cela est condamné par l'islam. Les travaux
ménagers sont limités et par conséquent l'expérience qu'elle acquiert
(est également limitée); alors que les tâches que l'homme accomplit en
25. ASCHA, P. 76 et suivantes.
26. ASCHA, P. 89.
372 P O U R Q U O I J E N E S U I S PAS M U S U L M A N
dehors de la maison lui ouvrent de plus vastes horizons. Ses expériences et
ses contacts sont plus fréquents et plus variés.
La sourate II.228 fait allusion aux droits des femmes. La prééminence
de l'homme n'est toutefois jamais oubliée. Les femmes doivent être entretenues
(nafaqa en arabe) c'est-à-dire, nourries, logées et blanchies, et cela,
à en croire mademoiselle Khamis, est largement suffisant. Que pourraientelles
donc raisonnablement demander de plus ? Les obligations, par comparaison
aux droits, sont une tout autre chose. Certains juristes pensent qu'une
femme musulmane ne devrait s'occuper que des tâches ménagères, se référant
en cela à un célèbre hadith qui raconte que le Prophète avait ordonné
à sa fille Fatima de ne se préoccuper que de sa maison et des travaux ménagers
et de laisser son mari s'occuper de toutes les obligations extérieures.
D'autres juristes estiment qu'elle ne devrait pas s'occuper de sa maisonnée
mais que « son seul devoir est de rester à la maison pour satisfaire les
désirs sexuels de son mari ». Al Ghazali, dans La Preuve de l'Islam résume
la conception traditionnelle :
(Un homme se marie) pour être tranquille en ce qui concerne les travaux
domestiques : la cuisine, le ménage et les lits. Un homme, en supposant qu'il
puisse se passer de sexe, n'est pas capable de vivre tout seul à la maison. S'il
devait assumer tous les travaux ménagers, il ne serait plus capable de se vouer
aux travaux intellectuels et à la connaissance. La femme vertueuse, en se rendant
utile à la maison, est l'aide de son époux... et en même temps, elle satisfait
ses désirs sexuels.27
Avant tout, la femme vertueuse est obéissante et son obéissance est
étroitement liée à celle qu'elle doit à Dieu. Selon un hadith, la femme qui
accomplit les cinq prières, jeûne, préserve son honneur et obéit à son époux,
ira au paradis. Les juristes ajoutent que la récompense des femmes obéissantes
« sera la même que celle des musulmans qui ont combattu pour la
propagation de la foi ». Les traditions qui exhortent les femmes à l'obéissance
sont pléthores :
— La femme qui meurt et dont le mari a été satisfait ira au paradis.
— Si j'avais eu l'occasion d'ordonner à quelqu'un de se prosterner devant
une autre personne que Dieu, j'aurais sûrement ordonné aux femmes de se
prosterner devant leur mari. (...) Une femme ne peut faire ses dévotions
sans avoir auparavant accompli son devoir envers son époux.
— La femme vertueuse est celle que son mari a plaisir à regarder, qui lui
obéit aussitôt qu'il commande et qui préserve son honneur et ses biens en
son absence.
27. ASCHA, PP. 95-96.
L'ISLAM ET LES FEMMES 373
L'épouse peut refuser de faire les travaux domestiques (c'est son droit)
mais, ce faisant elle, désobéit à son mari, et donc à Dieu. Avec beaucoup de
perspicacité Simone de Beauvoir remarque que
l'homme a tout avantage à taire endosser par un Dieu les codes qu'il
fabrique : et singulièrement puisqu'il exerce sur la femme une autorité souveraine,
il est bon que celle-ci lui ait été conférée par l'être souverain. Entre
autres chez les juifs, les mahométans, les chrétiens, l'homme est le maître
par droit divin : la crainte de Dieu étouffera chez l'opprimé toute velléité de
révolte. On peut miser sur sa crédulité. La femme adopte devant l'univers
masculin une attitude de respect et de foi.2 8
Si elle refuse d'obéir à son mari, ce dernier déposera plainte chez un
magistrat qui la trouvera invariablement en tort et lui commandera d'obéir.
Si elle refuse de se soumettre au jugement, le Code pénal d'Egypte (et aussi
celui de Libye), article 212, stipule que « le jugement peut être appliqué par
la force si besoin est. Les demeures peuvent être assiégées par les forces de
police si la situation l'exige, selon les ordres du magistrat. » 2 9 Cette loi est
basée sur l'exclusion qui frappe les femmes qui ont quitté leur foyer. L'islam
a donné aux hommes le moyen de châtier leurs femmes si elles persistent
dans leur désobéissance (voir sourate IV.34). Elles, bien évidemment, n'ont
pas le droit d'admonester leur mari; les hommes sont prévenus qu'il ne faut
pas les écouter : « Malheur à celui qui est l'esclave d'une femme », dit un
hadith. Un autre dit encore : « Faites toujours le contraire de ce que vous
conseillent les femmes; il y a beaucoup de mérites en cela. » ou encore :
« Dès qu'un mari commence à obéir à tous les caprices d'une femme, Dieu
le jette en enfer. » D'après les théologiens30, le mari a le droit d'administrer
une punition corporelle à sa femme si :
1. elle refuse de se faire belle pour lui,
2. elle refuse de satisfaire les désirs sexuels de son époux,
3. s'absente de son foyer sans en avoir la permission ou sans quelque raison
légitime reconnue par la loi,
4. elle néglige ses devoirs religieux.
Une tradition attribue les paroles suivantes au Prophète : « Accrochez
votre fouet là où votre femme pourra le voir. » Néanmoins, il existe un certain
nombre d'hadiths qui la contredisent. Dans ceux-là, Muhammad
interdit explicitement aux hommes de battre leurs femmes. Dans ce cas précis,
le Prophète contredit ce que le Coran, dans son incarnation de la loi
divine, permet.
28. De Beauvoir, p. 448.
29. Ascha, pp. 100-101.
30. Ascha, p. 108.
374 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
Quels recours une femme peut-elle avoir contre un mari difficile? Le
Coran parle vaguement de réconciliation (IV.128). Pour les théologiens
modernes, même si c'est le mari qui est violent, exigeant ou difficile, c'est
toujours à la femme de s'adapter, de se plier aux caprices de son époux.
LE VOILE3 1
Le mot arabe hijab est traduit par voile, mais il peut signifier toute autrechose
qui fait obstacle à la vue : un écran, un rideau, voire un mur et même
l'hymen. La racine du verbe hajaba veut dire cacher. Par extension, hijab est
utilisé pour désigner quelque chose qui sépare, établit une démarcation,
élève une barrière. Hijab possède enfin un sens d'interdiction morale. Le
Coran utilise également deux autres mots djilbah et khimar. Le premier est
également traduit par voile, mais aussi par vêtement de dessus ou encore
grande cape. Le second par voile et par châle. Profitons de cet aparté philologique
pour citer les autres noms de vêtements qui sont utilisés pour couvrir
partiellement ou entièrement la musulmane. Au Maroc, en Algérie et
en Tunisie on trouve le haik, le safsari, l'akhnif et l'adjar. En Egypte, en
Palestine, en Syrie, en Irak l'abaya, le tarna, l'izar, le milhafa, la khabara, le
chambar, le niqab, le litham et le bourqou. En Iran bourda, tchador, pitcha
et rouband. En Turquie yatchmek, yalek, harmaniya et entari. En Inde et
au Pakistan burka.
Dans le combat pour la libération de la femme musulmane, le voile est
devenu le symbole de sa servitude. En 1923, la Présidente de l'Union
Féministe Egyptienne, Madame Houda Cha'araoui, et ses camarades
avaient jeté en signe de défi leur voile à la mer. En 1927 il y eut une campagne
de dé-bijabisation dans le Turkestan alors communiste. La bagatelle
de 87 000 femmes ouzbèkes jetèrent aux orties leur capuche noire, mais
seulement après que trois cents de leurs soeurs furent tuées par des chefs de
famille pour avoir trahi l'islam. En 1928, pendant les cérémonies de l'indépendance,
le shah d'Afghanistan ordonna à sa femme de se dévoiler en
public. Devant l'ampleur du scandale, le shah fut obligé de faire marche
arrière et d'annuler ses projets d'émancipation des femmes. Il fut lui-même
obligé d'abdiquer. En 1936, Reza, le shah d'Iran, décréta l'interdiction du
tchador. De toute évidence le peuple n'était pas prêt à rompre avec la tradition
et manifesta massivement. Lui aussi dut abroger son décret en 1941.
Le hijab est imposé par diverses sourates (voir XXXIII.53, XXXII.59 et
XXXI.32-32). Citons également :
XXIV.31-32 : Dis aux croyantes de baisser leurs regards, d'être chastes,
de ne montrer que l'extérieur de leurs atours, de rabattre leurs voiles sur leurs
poitrines, de ne montrer leurs atours qu'à leur époux, ou à leur père, ou au
père de leur époux, ou à leurs fils, ou aux fils de leur époux, ou à leurs frères,
31. Ascha, p. 123 et suivantes.
L'ISLAM ET LES FEMMES 375
ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs soeurs, ou à leurs servantes ou
à leurs esclaves, ou à leurs serviteurs mâles incapables d'actes sexuels, ou aux
garçons impubères.
Le voile et l'injonction qui est faite aux musulmanes de rester chez elles
ne datent que de l'islam car il est clair, comme je l'ai déjà indiqué, que les
bédouines jouissaient d'une liberté considérable. Cela a changé au fur et à
mesure que l'islam devenait de plus en plus un phénomène urbain, qu'il
entrait en contact avec des civilisations plus sophistiquées et qu'il adoptait
leurs coutumes. Le voile fut copié sur les Perses et l'obligation de rester cloîtré
est une ancienne coutume grecque empruntée aux Byzantins. Naturellement,
les théologiens musulmans donnent une tout autre explication à
l'origine du hijab. Selon eux, il fut imposé par Dieu pour satisfaire une seule
personne, Omar ibn al Khallab. Ils se réfèrent à une tradition qui rapporte
qu'Omar avait dit un jour au Prophète : « Les pieux comme les débauchés
ont facilement accès à ta maison et voient tes femmes. Pourquoi n'ordonnes-
tu pas aux mères des croyants de se couvrir? » Et Muhammad reçut la
révélation que j'ai citée plus haut. Selon une autre version attribuée à Aicha,
Omar aurait sans le vouloir touché sa main et se serait excusé en disant que
s'il en avait eu le pouvoir, nul n'aurait pu l'effleurer du regard. Une autre est
citée par l'historien al Tabari. La fonction réelle du hijab est de recouvrir
l'awra que nous n'avons pas le droit de regarder. I ,'awra désigne « les parties
honteuses du corps et ces parties que nous cachons par amour-propre et
dignité. La femme est entièrement awra. »32 Selon les juristes, L'awra chez
l'homme correspond à la partie du corps qui se trouve entre le nombril et
les genoux et qui doit, en toute occasion, demeurer cachée, sauf aux épouses
et aux concubines. Personne ne semble d'accord sur la définition de l'awra
chez la femme. Pour les banalités, la femme peut découvrir sa face et ses
mains, aussi longtemps que cela ne provoque pas la tentation, la séduction
ou la discorde. Pour les trois autres sectes sunnites, une femme ne peut
découvrir ses mains et son visage qu'en cas d'urgence (par exemple pour
subir un examen médical). L'attitude libérale des hanafites n'est qu'un
leurre.33 En réalité, il suffit qu'une femme soit jolie et souriante pour que
les ulémas réimposent de façon stricte le voile. Il est même conseillé aux
femmes âgées de le porter. La sourate XXIV.60 dit : « Il n'y a pas de faute
à reprocher aux femmes qui ne peuvent plus enfanter et qui ne peuvent plus
se marier, de déposer leur voile, à condition de ne pas se montrer dans tous
leurs atours; mais il est préférable pour elles de s'en abstenir. » Ceux qui
souhaitent que les femmes aillent à visage découvert s'appuient sur cette tradition
rapportée par Aicha : « Asma, la fille d'Abu Bakr (et la soeur d'Aïcha)
se tenait un jour devant le Prophète sans être voilée. Le Prophète lui dit
32. Zeghidour, p. 34.
33. Ascha, p. 126.
376 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
alors : "Asma, une fille pubère ne devrait montrer que cela", et il désigna
son visage et ses mains. »
En attendant, les experts musulmans se contredisent et certains vont
jusqu'à insister, hadiths à l'appui, que les talons d'une femme doivent être
cachés, alors qu'un autre hadith prétend que si l'on « prive une femme de
ses vêtements, elle restera chez elle ».
Le voile n'est pas uniquement le symbole de la servitude féminine, il
incarne également la méfiance que son père, son frère ou son mari éprouvent
à son égard. C'est aussi le symbole de leur possessivité : pour son père
et son frère elle est une marchandise qui ne doit pas être défraîchie; pour
son époux, elle est un ustensile de ménage qui doit être soigneusement
emballé et soustrait à la convoitise d'un autre.
La question du voile continue à occuper le devant de la scène et c'est loin
d'être un problème purement théorique. Un extrait du New York Times
d'avril 1992 décrit la situation en Iran :
La bataille la plus acharnée pour les droits de la femme se joue dans sa
garde-robe. Tout au long des treize années de la révolution, il n'y a sans
doute pas eu de sujet qui n'ait été débattu avec autant de furie que celui qui
concerne le bon hijab ou le voile qui couvre la tête. « Des recherches ont
prouvé que la chevelure de la femme émet une sorte de radiation qui provoquerait
le désir chez l'homme » a dit Abol-Hassan Banisadr, le premier président
de l'Iran. Dès les premiers jours de la république islamique et pendant
les années qui ont suivi, des femmes ont été insultées, arrêtées, sanctionnées
et même fouettées pour ne pas avoir porté un bon hijab (...) Après le tchador
que l'on maintient avec une main ou entre ses dents et qui recouvre
entièrement le corps, l'autre vêtement jugé convenable est le rappoush (un
long et ample vêtement) que l'on porte avec une écharpe.
Les femmes ont-elles le droit de s'absenter de leur domicile34? L'hijab
s'applique également à la dissimulation des femmes derrière les murs de leur
maison. Le Coran est tout à fait explicite sur ce point. La sourate
XXXIII.33 ordonne aux femmes de ne pas quitter leur maison. Pour les
réformistes, cela ne s'applique qu'aux femmes du Prophète; pour les conservateurs,
cela concerne toutes les musulmanes. Avec force références et
citations empruntées au Coran et aux hadiths, Ghawji, un conservateur, a
dressé une liste exhaustive des seules raisons pour lesquelles une femme
peut quitter sa maison :
1. elle ne peut la quitter qu'en cas de besoin réel,
2. sa sortie doit être autorisée par son mari ou par son tuteur légal,
3. elle doit être bien couverte, figure comprise, pour éviter qu'elle ne
tente tout homme qui serait dans les alentours; elle doit se déplacer
en courbant la tête, sans regarder ni à gauche ni à droite (XXIV.31),
34. Ascha, p. 132 et suivantes.
I . ' I S L AM ET LES F E M M ES 377
4. elle ne doit pas être parfumée. Le Prophète a dit : « Toute femme qui
se met du parfum et qui passe devant des hommes est une
fornicatrice »,
5. elle ne doit pas circuler au milieu de la rue parmi les hommes. Le
Prophète ayant observé une certaine confusion au moment de la sortie
de la mosquée, avait dit : « Vous, les femmes, vous n'avez pas le droit
de marcher au milieu des hommes. Restez sur les côtés »,
6. elle doit adopter une attitude chaste et modeste (XXIV.31),
7. quand elle parle à un inconnu, sa voix doit rester normale
(XXXIII.32),
8. si elle se trouve dans un magasin ou dans un bureau, elle doit éviter
de rester seule avec un homme derrière une porte fermée. Le Prophète
a dit : « Il ne peut pas y avoir de tête-à-tête entre un homme et une
femme sans que le diable ne s'en mêle et ne provoque le pire »,
9. elle ne doit jamais serrer la main d'un homme,
10. même si elle se trouve chez une amie, elle ne doit pas enlever les vêtements
qui la dissimulent au cas où il y aurait un homme caché dans
la maison. Le Prophète a dit : « Toute femme qui enlève sa cape dans
une autre maison que la sienne ou celle de son époux ôte l'enveloppe
qui la protège devant Dieu »,
11. une femme ne doit pas s'éloigner à plus de trente kilomètres sans être
accompagnée par son mari ou par un parent,
12. une femme ne doit jamais tenter d'imiter un homme.
Les juristes ont établi en détail ce qu'une femme qui quitte sa maison
doit porter. Elle peut mettre tout ce qu'elle veut, à condition de satisfaire
aux exigences suivantes :
1. son vêtement doit couvrir entièrement le corps, excepté le visage et les
mains,
2. son vêtement ne doit pas être trop raffiné ou trop recherché,
3. il doit être fait dans une étoffe épaisse et ne pas être transparent,
4. il ne doit pas épouser les formes de son corps; il doit être ample,
5. il ne doit pas être parfumé,
6. il ne doit en aucune façon ressembler à un vêtement d'homme,
7. il ne doit pas ressembler aux vêtements des incroyants,
8. il ne doit pas être somptueux, affriolant ou de trop grande valeur.
Ces juristes citent des hadiths qui interdisent aux femmes de mettre du
parfum, de porter un postiche, de se maquiller ou d'interférer avec la nature
de n'importe quelle autre façon. Ces mêmes auteurs, qui condamnent le
maquillage parce qu'il interfère avec la création divine, ne voient aucune
contradiction à réclamer l'excision du clitoris, qu'ils considèrent comme une
acte pieux qui doit être encouragé.
378 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
Grâce aux efforts courageux de certains réformistes, les femmes ont finalement
gagné le droit à l'éducation. Incapables d'endiguer la vague du mouvement
féministe et mis en face d'un fait accompli, les conservateurs
prétendent maintenant que l'islam n'a jamais renié ce droit aux femmes et
que c'est le devoir de tout musulman ou musulmane de s'éduquer. Ces affirmations
sont bien évidemment fausses.35 L'université d'al Azhar, bastion
des privilèges masculins, n'ouvrit ses portes aux femmes qu'en 1961. Les
traditions qui découragent ou interdisent l'éducation des femmes sont
nombreuses : « Empêchez-les d'écrire », « N'ajoutez pas un mal au
malheur », étaient la norme. Si l'islam avait sincèrement encouragé l'éducation
des femmes, pourquoi sont-elles donc restées illettrées et ignorantes
pendant tant de siècles? Si elles doivent rester à la maison, s'il leur est interdit
de parler à des inconnus, comment pourraient-elles acquérir une
éducation? Si leurs familles les autorisent à entreprendre des études, que
leur permettront-t-elles d'apprendre? L'éducation que les intellectuels
musulmans proposent aux femmes est essentiellement constituée d'enseignement
religieux, avec quelques cours de couture, de tricot et d'éducation
ménagère. Ils fondent leurs arguments sur un hadith qui rapporte cette
réflexion du Prophète : « N'enseignez pas aux femmes l'écriture; apprenezleur
à filer et la sourate La Nuit (XCII). » Le message est clair, elle ne doit
pas sortir des limites du domaine domestique. Dieu l'a créée pour être une
épouse et une mère et toute intrusion dans le domaine de l'astronomie, de
la chimie ou de la géométrie est contre sa nature, contre ses besoins et ceux
de sa famille.
On devrait être maintenant convaincu qu'en allant travailler une musulmane
enfreint automatiquement un grand nombre de lois qui gouvernent
les femmes et la famille.36 Chez les musulmans, seuls les hommes travaillent,
gagnent de l'argent, le dépensent et sont responsables de l'entretien
de leurs femmes. Le tout légitime l'autorité qu'ils exercent avec, de surcroît,
l'assentiment de l'autorité divine. Quelques penseurs apparemment
réformistes prétendent que la musulmane a le droit de travailler. En examinant
de plus près, nous voyons que par travail, ils veulent dire institutrices
pour filles, médecins et infirmières pour femmes, ce qui est une conception
très limitée des emplois qu'elles pourraient occuper. Aux dires de ces doctes
penseurs, la femme peut faire tous les travaux, exceptés :
1. ceux qui sont incompatibles avec sa foi, tels que curer les égouts,
pêcher dans les lacs et les rivières,
2. ceux qui sont incompatibles avec sa nature féminine : contrôleur, officier
de police, danseuse,
35. Ascha, p. 146.
36. Ascha, p. 161 et suivantes.
L'ISLAM ET LES FEMMES 379
3. ceux qu'elle est physiquement incapable d'effectuer, comme le travail
en usine,
4. ceux qui requièrent l'utilisation d'un cheval ou d'une bicyclette,
5. et, naturellement, ceux qui requièrent l'usage de la raison : elle ne peut
pas être magistrat ou imam.
D'autres penseurs interdisent les emplois d'actrice, d'hôtesse de l'air ou
de vendeuse.
Les arguments qui sont les plus fréquemment avancés pour justifier ces
interdictions sont :
1. sa nature féminine : elle a été faite pour rester à la maison, répondre
aux besoins sexuels de son époux et élever des enfants,
2. ses facultés mentales limitées,
3. ses faiblesses psychologiques en raison des menstruations, de la grossesse
et de l'enfantement.
Ces penseurs redoutent que la femme ne tombe dans le péché dès qu'elle
quitte la maison de son mari. Ils réduisent les relations entre homme et
femme au seul sexe. Ainsi, le travail qui devrait être considéré comme l'affirmation
de la nature féminine, l'accomplissement de sa personnalité, de sa
dignité humaine, de sa liberté personnelle, n'est aux yeux des intellectuels
musulmans qu'une dégradation de sa dignité et de son honneur.
Malgré tous les obstacles qui se dressent devant elles, les musulmanes
ont réussi à quitter leur maisonnée, se sont éduquées, ont commencé à travailler
et à faire carrière. Par conséquent, elles ont pu revendiquer des droits
en accord avec leur nouvelle position sociale. Par exemple, en 1952, les
féministes égyptiennes ont groupé leurs forces et ont revendiqué le droit de
vote et le droit de siéger au Parlement. Les ulémas de l'université d'Al Azhar
ont à leur tour serré les rangs et ont riposté en publiant en juin de la même
année une fatwa copieusement illustrée de versets du Coran et d'hadiths qui
démontrait que l'islam condamne toute revendication des femmes à une
fonction parlementaire. Les docteurs de la loi prétendaient que3 7 :
1. les femmes n'ont pas de capacité intellectuelle suffisante,
2. les femmes, en raison de leur féminité, sont exposées à des dangers
qui peuvent leur faire perdre la raison et toute bienséance,
3. A b u Bakr rapportait que le Prophète, en apprenant que les Perses
avaient choisi pour reine la fille de Chosroès, s'était exclamé : « Un
peuple qui confie ses affaires à une femme ne prospérera jamais ! »,
4. la nomination d'une femme à un emploi public conduit inévitablement
à l'échec,
37. Ascha, p. 174.
380 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
5. la loi islamique n'accorde au témoignage d'une femme que la moitié
de la valeur de celui d'un homme,
6. d'après le Coran, « les hommes décident pour les femmes en vertu de
la préférence que Dieu a donnée aux premiers sur les secondes »,
7. Dieu exige que les hommes soient présents au service du vendredi à
la mosquée et qu'ils mènent la guerre sainte, mais non les femmes,
8. les emplois officiels sont attribués par la loi islamique seulement aux
hommes qui remplissent certaines conditions.
Pour toutes ces raisons, ces doctes musulmans décidèrent que la loi islamique
interdit aux femmes d'occuper des postes à responsabilité et en particulier
celui de membre du Parlement. Heureusement, malgré tous les
efforts des ulémas, les femmes égyptiennes obtinrent le droit de vote en
1956. Les Syriennes l'avaient obtenu en 1949, là aussi en dépit de l'opposition
des ulémas. L'islam interdit certaines professions aux femmes : chef
d'Etat, chef des forces armées, imam et magistrat.
Le système de tutorat mis en place par l'islam38 limite les droits de la
femme. Pour les malikites, les chafiites et les hanbalites, une femme, même
majeure, ne peut librement conclure son propre contrat de mariage. Seul
son tuteur légal possède ce droit. Pour les hanafites, une femme peut conclure
un contrat de mariage, mais seulement avec l'accord de son tuteur.
Bien entendu, le tuteur doit être un musulman. Pour les malikites, les chafiites
et les hanbalites, si la femme est vierge, quel que soit son âge, le tuteur
peut la forcer à épouser quelqu'un qu'il aura choisi. Le libre choix du mari
accordé par les hanafites s'avère être totalement illusoire. En théorie, une
femme ne peut pas être forcée à se marier contre sa volonté dès qu'elle
atteint la puberté. Mais comme la majorité des filles sont mariées de force
avant qu'elles ne l'atteignent, la liberté de choix reste utopique. En supposant
qu'elle ait atteint la puberté sans avoir été mariée, elle n'aura, pour les
hanafites, que le droit de dire oui ou non à la personne que son tuteur aura
choisie pour elle. 11 est hors de question qu'elle puisse aller et choisir son
propre mari. C'est le tuteur légal qui choisira pour elle, et il est significatif
que quand l'affaire sera discutée, les qualités que l'on demandera au mari
seront décrites en quelques mots, alors que celles de la femme nécessiteront
un exposé au moins dix fois plus long.
De toute façon, quand et comment une musulmane pourrait-elle rencontrer
son prince charmant avec toutes les contraintes qui pèsent sur elle :
interdiction de quitter la maison, interdiction de parler aux hommes?
Le mariage d'enfants est toujours pratiqué et la société musulmane justifie
cette coutume inique par le fait que le Prophète avait épousé, à l'âge de
cinquante-trois ans, Aïcha qui n'en avait que neuf. Bousquet écrivait dans
les années cinquante qu'en Afrique du Nord en général et en Algérie en par-
38. Ascha, p. 185 et suivantes.
L'ISLAM ET LES FEMMES 381
ticulier, même après un siècle d'administration française, des mariages avec
de très jeunes filles continuaient à être consommés, provoquant souvent des
accidents graves, voire des décès.
Dans tous les cas, une musulmane ne peut pas épouser un non-musulman.
A tout moment, les musulmans peuvent se séparer de leurs femmes, les
répudier sans formalité, sans explication, sans compensation. Le mari n'a
qu'à prononcer les mots « tu es divorcée » pour que cela soit fait. Les époux
peuvent se réconcilier pendant une période de trois mois. Si le mari prononce
trois fois « tu es divorcée », alors le divorce est définitif et la femme
ne peut pas retourner auprès de son époux avant d'avoir été remariée, consommée
et divorcée par un autre homme. Le divorce dépend entièrement
du bon vouloir ou des caprices du mari. Il peut se séparer de sa femme sans
qu'il y ait eu faute de sa part ou sans avoir l'obligation de se justifier. I <a mère
a le droit de conserver la garde des enfants, mais dès qu'elle se remarie, elle
perd automatiquement tous ses droits sur les enfants du précédent mariage.
Dans le cas où c'est le père qui obtient la garde des enfants, il ne perd pas
son droit de garde s'il se remarie. Par conséquent, la femme est placée
devant le choix de se remarier et de perdre la garde de ses enfants ou de garder
ses enfants et de ne pas se remarier. Les femmes vivent donc dans une
situation d'insécurité totale. Au lieu d'entretenir quatre femmes en même
temps, ce qui est plutôt onéreux, un homme préférera changer de femme
aussi souvent qu'il le souhaite, comme le lui recommande le grand Al Ghazali.
Les divorces sont donc très fréquents dans les pays arabes. Si une
femme demande le divorce à son mari, il pourra l'accepter à condition de
recevoir une compensation sous une forme ou sous une autre. Quand cela
se produit, il n'est pas tenu de rembourser le montant de la dot. Le Coran
approuve une telle procédure : II.229 « Si vous craignez de ne pas observer
les lois de Dieu, nulle faute ne sera imputée à l'un ou à l'autre, si l'épouse
offre une compensation. »
L'annulation du mariage implique que la femme perde ses droits sur la
dot et qu'elle rende ce qu'elle a déjà reçu. Les femmes répudiées peuvent se
remarier, mais « elles attendront trois périodes » avant de le faire (II.228).
Je voudrais terminer en récapitulant tout ce que l'islam fait endurer aux
femmes parce qu'Eve s'est mal conduite au Jardin d'Éden. Il leur est interdit
(1) d'être un chef d'État, (2) d'être un juge, (3) d'être un imam, (4) d'être
un tuteur, (5) de quitter leur maison sans la permission de leur tuteur ou de
leur époux, (6) d'avoir un tête-à-tête avec un inconnu, (7) de serrer la main
d'un homme, (8) de se maquiller ou de mettre du parfum hors de la maison,
(9) d'avoir le visage découvert par crainte de la tentation, (10) de voyager
seules, (11) d'hériter du même montant qu'un homme : elles doivent se
contenter de la moitié, (12) de témoigner en cas d'hudud (voir ci-dessus) :
leur témoignage vaut la moitié de celui d'un homme, (13) de prier quand
elles ont leurs règles, (14) de choisir leur lieu de résidence tant qu'elles ne
382 P O U R Q U O I J E N E SUIS PAS M U S U L M AN
seront pas vieilles et flétries, (15) de se marier sans la permission du tuteur,
(16) d'épouser un non-musulman, (17) de divorcer de leur mari.
Si le degré d'évolution d'une société se mesure à la considération qu'elle
accorde aux femmes, alors l'islam ne peut être que dans le peloton de queue.
Selon les propres mots du grand John Stuart Mill, «je suis convaincu que les
arrangements sociaux qui subordonnent un sexe à l'autre par la loi sont intrinsèquement
mauvais et qu'ils constituent un obstacle majeur au progrès humain.
Je suis convaincu qu'ils devraient être remplacés par une égalité parfaite. »
LES FEMMES AU PAKISTAN
Etre une femme au Pakistan est une chose terrible.
Une femme pakistanaise licenciée de son emploi dans
un hôtel pour avoir serre la main à un client en 1990.39
Je vous le dis, ce pays se fait sodomiser par la religion.
Un homme d'affaires
pakistanais, ancien officier d'aviation.40
Que ces femmes soient prévenues. Nous les réduirons en morceaux.
Nous infligerons de telles punitions que personne à l'avenir
n'osera élever la voix contre l'islam.
Un mollah (prêtre) pakistanais
s'adressant aux dissidentes de Rawalpindi.41
Aujourd'hui, il n'y a plus aucun respect pour les femmes au
Pakistan et les crimes contre elles se sont multipliés de façon dramatique.
Ils prétendent nous avoir islamisé. Comment peut-on
islamiser un peuple qui est déjà musulman? Depuis que Zia a
donné le pouvoir aux mollahs, on a l'impression que chaque
homme pense qu'il peut prendre n'importe quelle femme et en faire
ce qu'il veut.
Mlle Farkandcr IQBAL,
Adjoint au chef de la police, Lahore, Pakistan.
Une des ironies de la création du Pakistan en 1947, comme territoire
pour les musulmans de l'Inde, c'est que son fondateur, Muhammad Ali Jinnah,
n'était absolument pas un homme religieux. En fait, dans la république
islamique du Pakistan d'aujourd'hui, Jinnah serait probablement fouetté en
public, car pendant son séjour en Angleterre, Jinnah avait acquis un goût
peu islamique pour le whisky et même pour le porc. Il semble également
que Jinnah ait imaginé le Pakistan comme un Etat laïc. Dans un de ses discours
il avait dit :
39. Cité par Schork.
40. Cité par Kureishi, p. 18.
41. Cité par Kureishi, p. 22.
L'ISLAM ET LES FEMMES 383
Vous êtes libres, vous êtes libres d'aller au temple, vous êtes libres d'aller
à la mosquée ou dans n'importe quel autre lieu de culte. (...) Vous pouvez
appartenir à n'importe quelle religion, ou caste ou croyance : cela, n'a absolument
rien à voir avec les affaires de l'Etat (je souligne). Nous commençons
avec ce principe fondamental que nous sommes des citoyens, des citoyens
égaux d'un Etat. (...) Je pense que nous devons garder devant nous cet idéal,
et vous verrez que dans l'avenir, les hindous cesseront d'être hindous et que
les musulmans cesseront d'être des musulmans, non pas au sens religieux,
parce que ça c'est la conviction religieuse de chacun (je souligne), mais au sens
politique, comme citoyen du pays.42
Quand un journaliste lui demanda en juillet 1947 si le Pakistan serait un
Etat religieux, Jinnah répliqua : «Vous posez une question qui est absurde.
Je ne sais pas ce que peut être un Etat théocratique. » Dans ce cas, pourquoi
a-t-on estimé qu'il était nécessaire de créer le Pakistan? M. J. Akbar a expliqué
de façon convaincante que le Pakistan n'avait pas été réclamé par les
masses musulmanes de l'Inde, il avait été créé par une alliance entre le clergé
(les mollahs) et les puissants propriétaires terriens. « Pendant que les propriétaires
terriens et les capitalistes autorisaient le clergé à faire du Pakistan
un État religieux, le clergé garantissait les droits des propriétaires terriens
et laissait entièrement le contrôle de l'économie aux capitalistes. La théocratie
et le capitalisme terrien sont les deux piliers du Pakistan et du
Bangladesh. » 4 3 Après la mort prématurée de Jinnah en 1948, le Premier
ministre, Liaquat Ali Khan, prépara une Constitution dont l'essence était
entièrement laïque. Cela n'était pas du goût des mollahs qui commençaient
à écumer de rage dès qu'on leur parlait de démocratie. Sous leur pression,
la Constitution démocratique fut retirée. Puis, en 1951, Liaquat Ali Khan
fut assassiné par un tireur inconnu, mais nombreux sont ceux qui pensent
qu'il avait été payé par les mollahs.
En 1971, après des années de gouvernement militaire, Zulfika Ali
Bhutto prit le pouvoir comme Administrateur de la Loi Martiale et en 1972
comme Premier ministre. Tout en ayant un esprit laïc, Bhutto n'était pas
un démocrate. Il fit lui aussi des concessions aux mollahs, interdit le jeu et
l'alcool malgré son penchant pour le whisky et déclara que la secte des
ahmadis n'était pas musulmane. En 1977, le général Zia ul Haq s'empara
du pouvoir par un coup d'État militaire et déclara que le processus d'islamisation
n'était pas assez rapide. Les mollahs avaient finalement trouvé
quelqu'un disposé à les écouter.
Persuadé que l'esprit de l'islam devait être celui du Pakistan, Zia entreprit
de créer un État théocratique, imposa une loi martiale et une censure
totale de la presse. Il interdit aux femmes de participer à des compétitions
sportives et imposa le jeûne du ramadan à la pointe des fusils. Il déclara
publiquement qu'il y avait un antagonisme entre l'islam et la démocratie.
42. Cité dans Wolpert Stanley, Jinnah of Pakistan, Oxford, 1984, pp. 339-340.
43. Akbar, p. 31.
384 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
Zia introduisit des lois discriminatoires contre les femmes. Les plus connues
sont les ordonnances Zina et Hudud qui punissent le vol par l'amputation
des mains et l'adultère par la lapidation. Outre l'adultère, la zina
englobe la fornication, le viol et même la prostitution. La fornication était
punie d'un maximum de cent coups de fouet et d'une peine d'emprisonnement
de dix ans.
En pratique, ces lois protègent les violeurs, car la femme qui a été violée
se retrouve elle-même accusée d'adultère ou de fornication. Pour prouver la
Zina, quatre hommes adultes et de bonne réputation doivent témoigner que
la pénétration sexuelle a bien eu lieu. De plus, en perpétuant ces bonnes
vieilles pratiques musulmanes, ces lois valorisent le témoignage des hommes
contre celui des femmes. Les effets cumulés de ces lois font qu'il est
impossible pour une femme d'accuser avec succès un homme de viol. Au
contraire, c'est elle-même, la victime, qui se trouve accusée de relations
sexuelles illicites, alors que le violeur en sort libre. Une grossesse consécutive
à un viol est même considérée comme l'aveu du consentement de la femme.
Voici quelques exemples.44
Dans une ville de la province du Pendjab, une femme et ses deux filles ont
été victimes d'un viol collectif en public. Leurs vêtements étaient déchirés et
elles avaient été battues, mais la police refusa d'enregistrer leur plainte.
Une jeune fille de treize ans a été kidnappée et violée par un ami de la
famille. Quand le père est allé à la police, c'est la fille qui fut mise en prison
et accusée de zina (rapports sexuels illégaux). Le père réussit à la faire libérer
en soudoyant la police. La fille fut ensuite violemment battue pour avoir sali
l'honneur de la famille.
Une veuve de cinquante-cinq ans, Ahmedi Begum4 5 , avait décidé de
louer quelques pièces de sa maison de Lahore à deux jeunes femmes. Alors
qu'elle allait leur faire visiter la maison, la police fit irruption dans la cour
et arrêta les deux filles ainsi que le neveu d'Ahmedi Begum qui était là par
hasard. Plus tard dans l'après-midi, Ahmedi Begum se rendit au commissariat
de police avec son gendre pour obtenir des explications. La police
arrêta Ahmedi, lui confisqua ses bijoux et l'enferma dans une pièce. Ensuite,
les policiers firent entrer les deux filles qui étaient nues et qui saignaient et
recommencèrent à les violer devant la veuve. Les policiers l'obligèrent à
regarder et lui firent subir divers attouchements. Ahmedi fut elle-même
attachée et violée. Puis les policiers l'emmenèrent hors de la pièce et la battirent.
Un des policiers enroba sa matraque de piment et la lui enfonça dans
le rectum. Ahmedi hurla de douleur et s'évanouit. Elle se réveilla en cellule,
accusée de zina. Un avocat des Droits de l'Homme assura sa défense. Elle
fut libérée sous caution après trois mois de prison, et ne fut acquittée que
trois ans plus tard. Entretemps, son gendre avait divorcé de sa fille.
44. Schork.
45. Goodwin, pp. 49-50.
L ' I S L A M E T L E S F E M M E S 385
Est-ce un cas isole? Malheureusement non. La commission des Droits
de l'Homme du Pakistan dit dans son rapport annuel qu'une femme est violée
toutes les trois heures et qu'une victime sur trois est mineure. D'après
Women's Action Forum, une organisation pour les droits de la femme,
soixante-douze pour cent des femmes qui sont en détention sont accusées
de zina. Elles doivent généralement attendre trois ans avant d'être jugées.
Autrement dit, l'accusation de zina est lancée sans façon par tout
homme qui désire se débarrasser de sa femme. Elle sera immédiatement
arrêtée et croupira en prison. Avant l'introduction de ces lois, le nombre
total de femmes emprisonnées était de soixante-dix. Le chiffre actuel est
supérieur à trois mille. Pour la plupart, ces femmes ont été accusées de
zina.46
Safia Bibi, une jeune domestique de seize ans, pratiquement aveugle, a
été violée par son maître et le fils de ce dernier. Elle tomba enceinte et
donna naissance à un fils naturel. Le père de Safia traduisit les deux hommes
devant la justice, mais ils furent acquittés puisqu'il n'y avait pas le nombre
requis de témoins. Cependant, la grossesse de Safia était la preuve de sa
fornication et elle fut donc condamnée à trois ans d'emprisonnement, à
quinze coups de fouet et à une amende de mille roupies. Le juge expliqua
d'un ton suffisant qu'il avait prononcé une sentence légère compte tenu de
l'âge et de l'infirmité de Safia. Heureusement, sous la pression de l'opinion
publique, la sentence fut annulée. Depuis que le programme d'islamisation
de Zia a été entrepris, le nombre d'agressions contre des femmes s'est accru.
A tous points de vue, la condition des femmes s'est dégradée sous la loi islamique.
Avec l'adoption de la charia en 1991, leur situation a empiré, si cela
était encore possible. Un féministe célèbre fait remarquer que « la charia est
un moyen de marginaliser et de contrôler les femmes, au lieu de les remettre
dans le droit chemin. C'est une loi qui facilite les agressions contre les femmes.
Elle ignore la corruption qui sévit dans le pays et son mépris total de
la violence contre les femmes. »47
La presse occidentale a naïvement cru que l'élection de Benazir Bhutto
comme Premier ministre en novembre 1988 révolutionnerait la condition
des femmes, non seulement au Pakistan mais dans tout le monde islamique.
Comme la loi islamique interdit aux femmes de diriger un pays musulman
et comme le Pakistan est devenu une république selon la nouvelle Constitution
de 56, Benazir Bhutto avait donc défié les mollahs et elle avait gagné.
Mais son gouvernement n'a vécu qu'une vingtaine de mois et, pendant cette
période, Nawaz Sharif, qui sera brièvement Premier ministre au début des
années quatre-vingt-dix, a, semble-t-il, encouragé l'opposition des mollahs
contre la présence d'une femme à la tête d'un Etat musulman. Le gouver-
46. SCHORK.
47. GOODWIN, P. 61.
386 P O U R Q U O I J E NE SUIS PAS M U S U L M AN
nement de Benazir Bhutto fut dissous sous l'accusation de corruption et son
mari fut emprisonné en 1990.
Le sort des femmes musulmanes était dur avant l'élection de Benazir
Bhutto, et rien n'a changé. Elle a cédé au lobby religieux, celui des mollahs,
ceux-là mêmes qui répètent qu'une femme ne peut pas détenir le pouvoir
dans un État islamique, et elle a constamment repoussé toute action en
faveur des femmes. Une femme député de l'opposition à l'Assemblée Nationale
fit cette remarque en 1990 : « Benazir Bhutto ne s'est préoccupée de
rien d'autre que de sa soif de pouvoir. » 4 8 Benazir Bhutto s'est montrée
beaucoup moins radicale que ne l'avait espéré la presse occidentale. Elle
accepta d'épouser un homme qu'elle ne connaissait que depuis une semaine
et elle portait constamment le foulard traditionnel. A la conférence sur la
population mondiale qui s'est tenue en septembre 1994 au Caire, elle a
abondé dans le sens des musulmans conservateurs. « Nous pensions avoir
élu une Cory (Aquino), mais à la place nous avons eu Imelda », remarque
avec amertume un membre de l'Assemblée Nationale.49
Les statistiques qui concernent les femmes au Pakistan reflètent toutes
cette situation déplorable. Le Pakistan est l'un des quatre pays au monde où
l'espérance de vie des femmes (51 ans) est inférieure à celle des hommes
(52). La moyenne des espérances de vie dans les pays du Tiers Monde est
de 61 ans. Le taux de décès pendant la grossesse ou l'accouchement est très
fortement élevé : six pour mille naissances. Bien que l'orthodoxie n'ait
jamais interdit la contraception, l'lslamic Ideology Council of Pakistan a
déclaré, quand Zia était Premier ministre, que le planning familial était
contre l'islam. Plusieurs mollahs ont condamné le planning familial comme
une conspiration occidentale pour émasculer l'islam. Moyennant quoi, le
taux de fécondité au Pakistan est de 6,9 par femme. Le Pakistan fait également
partie des dix pays qui ont le plus faible taux de scolarisation
féminine. L'illettrisme dans les populations rurales atteint un taux record
de 98% (The Economist, 5 mars 1994) L'Economist juge que « le Président
Zia ul Haq et ses tentatives pour créer une république islamique en portent
largement la responsabilité. (...) Zia a renversé la vapeur. Une de ses lois de
1984 a, par exemple, limité la valeur du témoignage des femmes à la moitié
de celui des hommes. » (The Economist, 13 janvier 1990.)
La responsabilité incombe aussi aux comportements qui sont inculqués
par l'islam. La naissance d'une fille est vécue comme un deuil. Des centaines
de bébés sont abandonnés chaque année dans les caniveaux, les poubelles
ou sur les trottoirs. Une organisation qui travaille pour sauver ces enfants a
calculé que sur les cinq cents bébés qui sont abandonnés chaque année dans
la seule ville de Karachi, quatre-vingt-dix-neuf pour cent sont des filles.50
48. Schork.
49. Schork.
50. Goodwin, p. 64.
L'ISI.AM ET LES FEMMES 387
Au moment du mariage, la famille de la fiancée doit fournir une dot.
Malgré l'accord préalable entre les familles, il n'est pas rare que les jeunes
épouses récemment mariées subissent des pressions, parfois même physiques,
pour qu'elles réclament plus d'argent à leurs parents. Si rien ne vient,
la jeune femme sera mortellement brûlée. Pour la seule année 1991, le nombre
de morts liées à la dot s'est élevé à plus de 200 victimes. Ces décès ne
sont en général pas rapportés, car les familles préfèrent éviter à tout prix le
scandale. Rares sont les cas qui font l'objet d'une enquête de police et, la
plupart du temps, ils sont considérés comme des accidents domestiques.
Deux soeurs sont emmenées à l'hôpital51 où le médecin diagnostique une
infection des os causée par un manque de lumière. On avait interdit à ces
jeunes filles de quitter leur maison. Cette réclusion forcée prend parfois un
tour tragique comme dans le cas des jeunes musulmanes qu'on appelle les
Fiancées du Coran. Elles sont contraintes par leur famille à épouser le
Coran. Dans les grandes familles terriennes, en particulier dans la province
de Sind, les femmes ne peuvent se marier qu'au sein de la famille, la plupart
du temps à leur cousin le plus proche, pour éviter que les biens de la famille
n'aillent à un étranger. Un mariage hors de la famille risquerait de morceler
les terres lorsque la femme recevra sa part d'héritage. Quand la famille est
à court de cousin, on oblige la jeune femme à épouser le Coran au cours
d'une cérémonie en tous points identique à un mariage réel, sauf qu'il manque
le marié. La future mariée est revêtue d'habits somptueux, les invités
arrivent et les festivités commencent. Au cours de la cérémonie proprement
dite, la fiancée doit poser la main sur le Coran et c'est ainsi qu'elle est mariée
au Livre Saint. Le reste de sa vie se déroule dans une réclusion totale. Elle
n'est pas autorisée à voir un homme, pas même à la télévision. Ces épouses
sont supposées consacrer leur temps à l'étude du Coran et à des travaux
d'artisanat. Une vie aussi stérile se paie par de fréquents désordres psychiques.
L'une des trois mille fiancées du Coran de la province de Sind témoigne
qu'elle « aurait préférée naître au temps où les Arabes enterraient
vivantes leurs filles. Même ça aurait été mieux que cette torture. »
Jinnah ne se rendait probablement pas compte combien ses paroles
étaient vraies quand il s'était écrié pendant un discours en 1944 « nullenation
ne peut prétendre à la gloire si les femmes ne sont pas à vos (les hommes)
côtés. Nous sommes victimes de coutumes maléfiques. C'est un crime
contre l'humanité d'enfermer nos femmes entre quatre murs comme des
prisonnières. » 5 2
Malgré les souhaits de son fondateur, le Pakistan a sombré dans une théocratie.
Les politiciens pakistanais ont fait preuve de la pire lâcheté en
cédant aux exigences des mollahs. La peur de l'intégrisme n'a fait qu'encourager
encore plus l'intégrisme. Il est difficile pour l'Occident d'imaginer le
51. Schork.
52. Ahmer R. (ed), Sayings of Quaid-i-Azam (Jinnah), Karachi, 1986, p. 98.
388 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
pouvoir qu'exercent les mollahs sur les masses, les poussant à perpétrer les
actes les plus vils, au nom de Dieu. Un groupe de musulmans hystériques,
manipulés par un mollah, a lapidé un enfant abandonné, au motif qu'il était
probablement le fruit d'une union illégitime et donc qu'il ne pouvait pas être
toléré. Une autre foule a coupé la main d'un homme parce que le mollah qui
la menait avait prétendu que cet homme était un voleur, sans preuve, sans
procès, juste sur la parole du mollah. Benazir Bhutto a fait tant et plus pour
apaiser la droite religieuse; il n'est donc que justice de lui rappeler ses propres
paroles, prononcées en 1992, alors qu'elle n'était pas au pouvoir.
Est-ce que le Pakistan veut être une démocratie qui respecte les droits
de l'homme et où domine une conception éclairée de l'islam, ou se contentera-
t-il de composer avec un gouvernement dictatorial dominé par les
intégristes? Et quelle est l'autorité qui doit légiférer : le parlement ou la cour
fédérale qui administre la charia? En l'absence de réponse, la situation est
aujourd'hui confuse, et la confusion engendre l'anarchie (Le Monde, 4 mars
1992).
Réjouissons-nous toutefois de pouvoir clore ce chapitre sur une note
moins pessimiste. Les Pakistanaises se sont avérées être des femmes très
courageuses. De plus en plus, elles militent pour leurs droits, en cela
épaulées par des organisations tout aussi courageuses comme Women's
Action Forum (WAF) ou War Against Rape. W A F a vu le jour en 1981 alors
que les femmes manifestaient dans les rues contre le décret Huddud et pour
montrer leur solidarité avec un couple qui venait d'être condamné à la lapidation
pour avoir forniqué. En 1983, les femmes ont organisé leur première
manifestation contre la loi martiale.
CHAPITRE XV
TABOUS : VIN, PORC ET HOMOSEXUALITÉ
DU VIN ET DU WHISKY
Khushwant Singh, le plus méprisé des hommes de lettres indiens de langue
anglaise, fit ce commentaire désabusé après une visite au Pakistan :
La prohibition est autant une farce dans la république islamique du
Pakistan qu'elle l'était sous Morarji Desai en Inde. Un alcoolique pourrait
trouver de quoi satisfaire son vice dans les mirages d'un désert. Au Pakistan,
l'alcool ne coule pas à flots comme la rivière Ravi lorsqu'elle est en crue, mais
il y en a suffisamment dans les familles prospères pour que les verres soient
remplis à ras bord. Votre whisky sera servi dans une théière et vous devrez
le boire dans une tasse en porcelaine. Il coûte deux fois plus cher qu'en Inde,
mais on le descend avec deux fois plus de plaisir parce qu'il a un goût de
péché.1
Plus tard, Singh regarda à la télévision un débat entre trois mollahs et le
ministre pakistanais de l'information. Le lendemain soir, il se retrouva placé
à côté de ce ministre lors d'une réception officielle. Le ministre lut un discours
de bienvenue en l'honneur de Singh et du reste de la délégation
indienne. Singh le remercia et lui dit que la prochaine fois qu'il rencontrerait
des mollahs, il devrait leur réciter ces vers :
Mollah, si vos prières ont quelque pouvoir
Montrez-moi que vous pouvez faire bouger la mosquée!
Sinon, prenez quelques doigts de whisky
Et voyez comment la mosquée bouge d'elle-même.
« Il y eut, continua Singh, un tonnerre d'applaudissements, auquel le
ministre prit part. Puis il murmura à mon oreille : si ces gens obtenaient ce
qu'ils veulent, ils feraient jouer nos équipes de hockeyeuses en burquas. »
(Le burqua est un vêtement étouffant, qui ressemble à une tente et qui couvre
la femme de la tête aux pieds, avec une seule ouverture en dentelle au
niveau des yeux pour lui permettre d'observer le monde extérieur.)
1. Singli (2), p. 122.
390 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
2. KURCISHI, P. 16.
Hanif Kureishi, un écrivain britannique dont le père était d'origine
pakistanaise, fut plusieurs fois invité à des réceptions à Karachi. A l'une
d'elles où se réunissaient des personnages influents (propriétaires terriens,
diplomates, hommes d'affaires et politiciens), Kureishi remarqua qu'ils
buvaient énormément. N'importe qui en Angleterre sait que l'on peut être
fouetté au Pakistan pour avoir bu de l'alcool. Mais de toute évidence, aucun
membre de cette bourgeoisie internationale anglophone ne serait puni pour
quoi que ce soit. Ils avaient tous leur trafiquant d'alcool attitré. J'ai même
vu une baignoire remplie de bouteilles de whisky qu'un serviteur, tranquillement
assis sur un tabouret, remuait avec un bâton pour en décoller les étiquettes.
2
Dans le Time Literary Supplement (22 avril 1994), Charles Glass rapporte
un autre exemple d'hypocrisie :
(En Arabie Saoudite) la possession d'alcool est illégale, mais on m'a
offert du vin et même du whisky dans les demeures princières, les ministères
et les ambassades (la marque favorite étant du Jobnny Walker Black Label).
J'ai ainsi appris qu'un prince avec qui j'avais bu du whisky un soir devait le
lendemain matin condamner un homme à la prison pour ivresse.
II n'existe pas un seul pays dans le monde islamique où il est impossible
de se procurer de l'alcool et où les musulmans ne transgressent pas la prohibition
qui frappe le vin et les spiritueux. Tandis que les riches et les gens
raffinés consomment leur whisky ou leur gin de contrebande, les pauvres
fabriquent leur propre vin ou leur alcool à partir de dates, de palmes et de
sucre de canne. Je peux témoigner par mon expérience personnelle que
même durant le mois sacré de ramadan en 1990, les bordels et les négoces
de vin étaient ouverts en Algérie.
Dans le verset 69 de la sourate X V I , le Prophète loue le vin comme un
signe de la grâce de Dieu pour son humanité. Cependant, comme les compagnons
du Prophète étaient souvent ivres, Muhammad fut obligé de
manifester quelques signes de désapprobation (sourates 11.216; IV.46),
jusqu'à ce qu'il l'interdise complètement : « Ô vous qui croyez! Le vin, le
jeu de hasard, les pierres dressées et les flèches divinatoires sont une abomination
et une oeuvre du Démon. Evitez-les... Peut-être serez-vous
heureux » (V.90). Selon la loi coranique, la consommation de vin est punie
de quatre-vingts coups de fouet et, selon certaines traditions, l'absorption
répétée d'alcool est passible de mort.
On a déjà vu dans un chapitre précédent que les Arabes, au temps de
Muhammad, éprouvaient quelques réticences à embrasser l'islam en raison
de la prohibition et des interdits qui limitent les relations sexuelles. Pour les
Arabes, c'étaient là deux choses délicieuses, al-atyaban. La poésie préislamique
3 abonde d'allusions au plaisir de boire du vin dans les tavernes et dans
TABOUS : VIN, PORC ET HOMOSEXUALITÉ 391
les estaminets. Même après l'avènement de l'islam, la louange du vin est restée
pendant des siècles un des thèmes favoris de la poésie arabe. Nulle autre
littérature ne peut se vanter d'avoir une collection aussi riche de poèmes
bachiques que le khamriyya. Là encore, comme pour le développement des
sciences et de la philosophie, le foisonnement littéraire s'est fait au
détriment de l'islam plutôt que grâce à lui.
A la cour des califes, là où la protection des monarques mettait les joyeux
noceurs à l'abri du fouet, le vin coulait à flots. Les Arabes ordinaires refusaient
également d'abandonner la boisson malgré les risques d'emprisonnement.
Nous pourrions citer Abu Mihjan qui, dans les premiers jours de
l'islam, fut emprisonné et plus tard exilé par le calife Omar pour avoir persisté
à louer le vin.
Mon ami, donne-moi à boire du vin, bien que je sache ce que Dieu a
révélé au sujet de la boisson.
Donne-moi du vin pur pour rendre mon péché encore plus grave, car ce
n'est que quand il est pur que le péché est sûr.
Bien que le vin soit devenu rare, que nous en ayons été privés et que
l'islam nous ait sevrés sous la menace du châtiment, malgré tout je bois à
grands traits. Je le bois pur et de temps à autre je deviens gai. Alors je le bois
mélangé à de l'eau. A mes côtés chante une jeune fille mutine. Quelques fois
elle chante à voix haute, quelques fois doucement, gazouillant comme les
oiseaux du jardin.
Abu Mihjan ne pouvait même pas supporter l'idée d'être privé de vin
après sa mort. Alors il composa ces vers :
Quand je serai mort, enterrez-moi près d'une vigne, que mes os soient
nourris de sa sève.
Ne m'enterrez pas en plaine parce que je crains de ne pouvoir profiter
du vin quand je serai mort.4
La tradition des poèmes bachiques continua sous les Omeyyades qui ne
pouvaient y mettre un terme.
Les Omeyyades étaient incapables de museler la poésie bachique qui
exprimait l'opposition au puritanisme de Médine qui, à son tour, contrariait
les modes de vie traditionnels des Arabes. En conséquence, la tradition poétique
arabe n'a jamais cessé de glorifier le vin et rarement une voix s'élève
contre ses plaisirs. Ainsi la poésie d'un peuple a-t-elle été pendant des siècles une
protestation vivante contre la religion de l'Etat (je souligne).5
Le khamriyya était donc une forme de protestation et de rébellion qui
défiait non seulement les préceptes coraniques, mais également toute cul-
3. Article Khamriyya, in EI2.
4. Goldziher (1), vol. 1, pp. 32-33.
5. Goldziher (l), vol. l, p. 35.
392 P O U R Q U O I J E NE S U I S P A S M U S U L M A N
ture qui essayait d'entraver par des restrictions arbitraires l'indépendance
des poètes, lesquels détestaient toute forme d'ascétisme. Au cours du I e r siècle,
des poètes comme Ibn Sayhan, Al Ukayshir ou Ibn Kharidja ont chanté
les plaisirs de l'amour, de la musique et du vin. Al Ahwas défia à ce point
la religion et le régime qu'il fut condamné au pilori. Au IIe siècle, l'illustre
Walid b. Yazid était entouré d'un groupe de poètes qui chantaient les
louanges du vin et les plaisirs de la vie. Bencheikh6 surnommait un autregroupe
de poètes les Libertins de Kufa :
C'est là, et à son summum, que la poésie bachique semble être l'expression
de la rébellion, que les attitudes du poète prennent un ton subversif. La
rébellion est dirigée de façon spectaculaire contre les préceptes religieux. Ce
n'est pas par hasard si la plupart des poètes qui appartenaient à ce groupe
sont tombés sous l'accusation de zandaka et si plusieurs d'entre eux ont payé
de leur vie le désir de rejeter un système socioculturel contraignant.
Pour la plupart, nous avons déjà cité ces poètes dans notre chapitre sur
l'hérésie. Nous pouvons y ajouter les noms de Bakr b. Kharidja qui passait
le plus clair de son temps dans les tavernes, et de Ziyad al Harithi qui se
livrait à des orgies avec son ami Muti b. Iyas.
Ici, nous pourrions également citer un autre habitué des tavernes,
l'esclave noir Abu Dulama, un bouffon des premiers Abbassides mais aussi
un poète qui utilisait des expressions vulgaires et qui exprimait « toutes sortes
d'obscénités avec une joie cynique », en résumé, une sorte d'Eddie Murphy.
Être le fou du roi lui permettait d'attaquer l'islam et la charia avec la
dernière insolence.
De nombreux autres poètes menaient une vie dissolue, ne dessoûlant
jamais, mais trouvant quand même le temps de composer des poésies bachiques.
Le vin jouait aussi un rôle important dans les écrits mystiques où il
symbolisait l'extase.
Abu Nuwas est probablement le plus grand des poètes arabes. Il apparaît
dans de nombreux épisodes des Mille et une Nuits en compagnie d'Harun al
Rashid. Abu Nuwas est né à Ahwaz en 762. Nous ne savons pratiquement
rien de ses origines, mais il se considérait plus Perse qu'Arabe. Il passa sa
jeunesse à Basra et à Kufa, étudiant la philologie et la poésie. Il se fit remarquer
à la cour d'Harun al Rashid à Bagdad. Nicholson le décrit comme un
« homme au caractère désinvolte, qu'il ne se souciait guère de dissimuler.
Abu Nuwas, par son immoralité flagrante, son ivrognerie et ses blasphèmes
excitait la colère du calife au point que ce dernier menaçait de le faire exécuter
et qu'il le fit emprisonner en plusieurs occasions ».7
Ses principales sources d'inspiration étaient le vin et l'amour. Quand il
n'était pas en train de chanter la beauté de quelque éphèbe, il composait des
6. ARTICLE Khamriyya DANS L I 2 .
7. NICHOLSON (2), P. 293.
TABOUS : VIN. PORC ET HOMOSEXUALITÉ 393
poèmes bachiques incomparables qui n'excédaient pas une quinzaine de
vers.
Ho! Une coupe et remplie à ras bord, et que ce soit du vin. Jamais je ne
boirai dans l'ombre si je peux boire en plein jour. Pauvre et maudit suis-je
quand je suis sobre, niais riche suis-je chaque fois que, complètement saoul,
je titube.
Parle, ne déguise pas ce nom chéri, que diable : il n'y a rien de bon dans
un plaisir qu'on dissimule.
Au moins, Abu Nuwas ne peut pas être accusé d'hypocrisie. 11 encourageait
toutes sortes d'excès, prétendant qu'en fin de compte, Dieu le miséricordieux
nous pardonnerait.
Accumule autant de péchés que tu pourras
Le Seigneur retiendra Son courroux.
Quand le jour viendra tu trouveras le pardon
Devant un Roi puissant et un Père miséricordieux
Et les doigts te mangeras en regrettant tous les plaisirs
Dont tu te seras privé dans la crainte de l'enfer.
Le plus grand poète après Nuwas fut Ibn al Mu'tass (exécuté en 908),
qui était lui aussi également célèbre pour ses chansons bachiques et ses descriptions
pittoresques des coutumes des buveurs.
Comme nous avons commencé, nous pourrions finir avec le Pakistan et
Khushwant Singh. Faiz Ahmed Faiz (1911-1984) est souvent considéré
comme le poète national du Pakistan. Il a perpétué la tradition des poèmes
bachiques dans la littérature islamique. Singh décrit ses visites à son ami
Faiz : « Quand j'allais chez lui le matin, il buvait (généralement du Scotch).
Je prenais mon petit déjeuner et je m'en allais... Quand je revenais à midi,
il buvait. Je prenais mon repas et je me retirais pour une sieste. Plus tard
dans la soirée, je le rejoignais pour quelques verres avant de dîner. Il continuait
à boire. (Cela durait) jusqu'au petit matin. »
Faiz était un communiste, du moins pendant un certain temps, mais,
selon Singh, « sa consommation journalière de Scotch de première qualité
et de cigarettes importées aurait permis de nourrir une famille de travailleur
pendant un mois ».
Faiz écrivit :
Il n'y aura plus de guerre.
Apportez le vin et des verres, du Champagne et des flûtes,
Les effusions de sang et les pleurs appartiennent au passé.
394 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
COCHONS ET PORCS
En 1968, quand il était à Karachi, Salman Rushdie persuada la télévision
pakistanaise de produire The Zoo Story d'Edward Albee.
Le personnage que j'interprétais décrivait dans un long monologue les
attaques qu'il subissait de la part du chien de sa propriétaire. Pour essayer
d'apprivoiser l'animal, il achetait une demi-douzaine de hamburgers. Le
chien refusait de les manger et l'attaquait de nouveau. « J'étais vexé »,
devais-je dire. « C'était six hamburgers, tout ce qu'il y a de meilleur, avec
juste ce qu'il faut de porc pour ne pas être dégoûtants. » « Porc, me dit un
responsable de la télévision, c'est un mot de quatre lettres. » Il avait déjà dit
la même chose à propos de sexe et homosexualité, mais cette fois je ne me
laissais pas faire. J'expliquais que le texte utilisait les paroles adéquates. Le
porc, pour Albee, rendait les hamburgers si dégoûtants que même le chien
n'en voulait pas. C'est un excellent argument contre le porc. On doit le garder.
« Vous ne comprenez pas, répondit le responsable, le mot porc ne doit
pas être prononcé à la télévision pakistanaise. » Et voilà.8
La Ferme des Animaux de George Orwell est interdite dans les pays
musulmans, car les principaux personnages sont des cochons, même s'ils
sont en fin de compte brutaux et tyranniques.
De temps à autre, dans certains pays musulmans, la police religieuse perquisitionne
les magasins de jouets pour trouver des chopes ayant la forme
de Miss Piggy (du Muppet show). Celles que l'on trouve sont détruites en
public.
« Vous savez, remarque l'écrivain Paul Theroux, que vous avez pénétré
dans l'irréel quand vous êtes dans un pays où miss Piggy est considérée
comme une incarnation du diable. »
L'aversion islamique prive les musulmans des plaisirs de la littérature
anglaise tels que l'histoire de la truie de P. G. Wodehouse, de l'Impératrice
de Blandings, quoique les musulmans connaissent parfaitement l'ours Winnie
et son ami Piglet le petit cochon.
La révulsion provoquée par la seule pensée de manger du porc, cette
« bête répugnante », est pour le moins irraisonnée et mérite quelques attentions
psychanalytiques.
Rien de ce que font les chrétiens ne fait plus pour envenimer la haine
des musulmans que le fait de manger du porc. Rares sont les actes que les
chrétiens et les Européens font de façon naturelle qui soient considérés avec
autant de dégoût par les musulmans que ce moyen d'apaiser la faim. Certes,
c'est une offense contre leur religion, mais cela n'est pas suffisant pour expliquer
le degré de leur répugnance, car le vin est aussi interdit et pourtant en
consommer est mauvais, mais non pas répugnant. Leur aversion pour la
chair des animaux impropres est au contraire de ce caractère particulier qui
ressemble à une antipathie viscérale, que l'idée d'impureté, quand elle est
8. Rushdie, p. 38.
TABOUS : VIN, PORC ET HOMOSEXUALITÉ 395
profondément ancrée dans les esprits, semble toujours exciter, même ceux
dont l'hygiène est tout sauf scrupuleuse et pour qui le sentiment d'impureté
religieuse, si intense chez les hindous, est une curiosité.
Le Coran interdit explicitement la consommation de porc :
Voici ce qui vous est interdit : la bête morte, le sang, la viande de porc;
ce qui a été immolé à un autre que Dieu (sourate V.3).
Dis : «Je ne trouve pas d'interdiction au sujet de la nourriture, dans ce
qui m'a été révélé, à part la bête morte, le sang répandu et la viande de porc
— car c'est une souillure — et ce qui, par perversité, a été sacrifié à un autre
que Dieu » VI.145 (voir aussi II.173; XVL.115).
Dans la sourate VI.145, on explique que le porc est prohibé parce que
c'est une abomination. Yusuf Ali, Arberry, Sale et John Penrice dans son
dictionnaire du Coran traduisent correctement le mot arabe rijas par abomination,
tandis que Dawood et Rodwell le traduisent par impur. Nous
reviendrons sur ce point.
Les restrictions alimentaires et les commentaires contenus dans le
Coran ne s'expliquent que par une volonté de s'émanciper du judaïsme. Les
préceptes du Coran se sont développés dans un milieu « où chaque communauté
religieuse se distinguait des autres par ses règles alimentaires. » Ainsi,
aux versets II.168, V.87, VI.118, VII.32, le Coran critique sévèrement ceux
qui voudraient imposer des règles alimentaires plutôt que d'être reconnaissants
à Dieu pour ses bontés. Ces versets sont clairement destinés aux ascètes
chrétiens et aux païens qui s'étaient convertis au judaïsme et qui avaient
adopté les commandements de Noé concernant la nourriture. Plus tard, « il
devint important de définir l'islam comme opposé au judaïsme ».
Muhammad n'était pas un penseur cartésien et il serait vain de chercher
des principes cohérents dans son Coran. Il traitait les problèmes au fur et à
mesure qu'ils apparaissaient, et nous pouvons resituer les nombreuses règles
prescrites par le Coran dans leur contexte historique. C'est ainsi que l'on
trouve des divergences entre le Coran et les premières lois islamiques relatives
à la nourriture. Cook a divisé ces divergences entre tendances libérales
et tendances de stricte observance.
La tendance libérale est probablement justifiée par une polémique entre
chrétiens et juifs. En prenant l'exemple des nombreux interdits contenus
dans la religion juive, Muhammad a critiqué ceux qui imposent trop de restrictions,
car Dieu ne souhaite pas accabler les croyants de règles inutiles et
arbitraires (II.286). Les interdits religieux juifs sont même considérés
comme la punition divine de leurs péchés (IV.160, XVI.118). De la même
façon, l'insistance sur la légalité du poisson résulte d'une opposition aux
pratiques samaritaines et judéo-chrétiennes.
Le Coran et toutes les écoles de lois interdisent le cochon. Cette prohibition
stricte est probablement dérivée de celle des juifs. Rodinson fait
remarquer que cette interdiction existait parmi les païens judaïsants et
396 P O U R Q U O I J E N E SUIS PAS M U S U L M AN
qu'elle était également caractéristique des règles alimentaires de certains
judéo-chrétiens. C'est probablement ainsi que la prohibition fut adoptée en
Arabie.
Si on lui demande pourquoi il ne mange pas de porc, le musulman
moyen répondra que c'est interdit par le Coran. Pour lui cela suffit et il n'est
pas nécessaire de fournir d'autres explications. Dans les classes mieux
éduquées, on répondra certainement que le porc est un animal sale et que
dans les contrées chaudes, il est vecteur de maladies. Les plus savants pourront
citer les noms des maladies qu'il transmet, telles que la trichinose.
Les raisons d'hygiène sont plus vieilles qu'on ne l'imagine, mais elles
sont fausses. Par exemple, Maïmonide (1135-1204) a dit : « Toutes les
nourritures que la Torah nous interdit ont des effets néfastes et préjudiciables
sur la santé. (...) La raison pour laquelle la loi interdit la chair du porc,
c'est que ses habitudes et sa nourriture sont sales et répugnantes. »
Les Arabes préislamiques ne connaissaient pratiquement pas les
cochons. Pline, dans son Histoire Naturelle, remarque l'absence de porc en
Arabie. Nous savons d'après Sozomenus (Ve siècle), que certains Arabes
païens s'abstenaient de manger de la viande de porc et qu'ils observaient
d'autres pratiques juives. Si tel est le cas, pourquoi Muhammad aurait-il
interdit de manger d'un animal qui ne se trouvait pas en Arabie et qui y était
encore moins consommé? Cette prohibition devient logique si nous considérons
qu'elle a été adoptée a posteriori, au moment où les Arabes entraient
en contact avec les Samaritains et les juifs de Palestine, et où ils commençaient
à forger leur propre identité religieuse.
Le Coran dit que la chair du cochon est une abomination, mais pas
qu'elle est impropre. Dire que les musulmans ont copié la prohibition sur
les juifs et les Samaritains ne fait que repousser le problème. Pourquoi ces
derniers l'avaient-ils prohibé? Il est bien connu que les ethnologues rechignent
à donner des explications aux croyances et aux comportements.
Cependant, malgré leurs réticences, aucun d'entre eux n'accepterait l'idée
que les cochons ont été interdits pour des raisons d'hygiène, quand bien
même certains historiens, théologiens ou archéologues le font. Essayons de
voir pourquoi les raisons hygiéniques ne sont pas recevables.
La trichinose est une maladie causée par un petit ver parasite, trichinella
spiralis, qui contamine l'homme par la viande de porc infectée qui n'a pas
été suffisamment cuite. C'est rarement une maladie grave, bien que des
complications puissent apparaître : fièvre, douleurs musculaires, inflammation
des yeux et malaises. Inutile de dire que personne, dans le Moyen-
Orient biblique, ne connaissait Trichinella Spiralis ou le rapport qui existe
entre ce parasite et l'homme. Ce n'est qu'en 1835 que ce parasite fut découvert
pour la première fois dans les muscles de l'homme, et encore on le
jugeait inoffensif. Vingt-quatre ans plus tard, en 1859, on comprit que ce
parasite pouvait être transmis à l'homme par la viande de porc et l'on reconnut
qu'il était vecteur de maladie. Toutefois, les symptômes sont si difficiles
TABOUS : VIN, PORC ET HOMOSEXUALITÉ 397
à identifier que seuls 4,5% des 350 000 cas d'infection par an aux États-
Unis sont correctement diagnostiqués.
L'opinion publique croit à tort que la chaleur est la première cause de
prolifération du parasite, et donc que les pays du Moyen-Orient sont plus
affectés par la maladie. En réalité, la trichinose est une maladie des régions
froides ou tempérées et elle est plus commune en Europe et aux Etats-Unis
qu'au Proche ou au Moyen-Orient.
Qu'en est-il de la saleté proverbiale des cochons ? Les cochons ne sont
pas particulièrement pires que les poules ou les chèvres qui se nourrissent
d'excréments d'animaux. Les buffles se vautrent dans les eaux fangeuses.
Les Mélanésiens considèrent que les chiens sont beaucoup plus sales que les
porcs. D'ailleurs, tout le bétail est susceptible de transmettre diverses maladies
aux êtres humains. Les chèvres transmettent à l'homme la fièvre de
Malte, et l'anthrax du mouton est une maladie grave à l'origine de furoncles
et des nécroses.
Quoi qu'il en soit, si leurs comportements engendraient un tel dégoût,
pourquoi furent-ils domestiqués?
Nous savons qu'on commença à les élever en Asie du sud-ouest entre
-9 000 et -6 000 et qu'ils constituaient une part importante du régime alimentaire
des Sumériens. Hérodote rapporte que les Égyptiens élevaient
des troupeaux de cochons. S'il y avait des troupeaux de cochons, c'est que
la viande de porc devait être appréciée. Si les juifs savaient que la viande
de porc trop peu cuite était vecteur de maladie, les Égyptiens n'auraient
pas pu l'ignorer. Pourquoi continuaient-ils donc à en manger? Même
Hippocrate affirmait que la viande de porc donnait de la force.
Le christianisme a généralisé la consommation du porc. Or les premiers
chrétiens étaient des juifs convertis. Si des considérations hygiéniques
avaient été la vraie raison de la prohibition du porc, alors les chrétiens
l'auraient maintenue.
On se rend compte à quel point les termes dégoûtant et sale sont subjectifs
en parcourant la liste des animaux dont la consommation est autorisée.
Trois des quatre écoles sunnites et le juriste Ibn Hazm permettent le lézard.
Existe-t-il une créature plus révoltante que l'hyène qui se repait de viandes
mortes, de carcasses puantes et de corps putréfiés? Pourtant les shafiites,
Ibn Hazm et même les hanbalis sourcilleux l'autorisent. Les malékites, les
chaféites et Ibn Hazm permettent également le hérisson. Toutes les écoles,
sans exception, autorisent le chameau et les sauterelles.
Quelle est donc la vraie raison du tabou qui frappe le porc? Selon
Robertson Smith, les anciens sémites considéraient les porcs sous un angle
purement rituel. Sa chair était interdite pour la consommation courante,
mais elle pouvait être mangée dans certaines occasions. Chez les Syriens, la
chair du cochon était taboue, « mais on ne sait pas si c'était parce que l'animal
était sacré ou s'il était impropre ». Il n'y avait pas de différence certaine
entre l'idée de sacré et celle d'impureté : est-ce qu'ils adoraient le cochon ou
398 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
est-ce qu'ils l'abhorraient? Frazer suggère que les juifs l'adoraient et l'on sait
que
certains juifs avaient pour coutume de se rencontrer secrètement et de consommer
de la viande de cochon et de rat. Il ne fait aucun doute qu'il s'agissait
là d'un très vieux rite qui remontait aux temps où les porcs et les rats étaient
considérés comme des animaux sacrés et où, en de rares occasions solennelles,
leur chair était consommée rituellement comme corps et sang d'une
divinité. De façon générale, on pourrait dire que ces soi-disant animaux
impurs étaient à l'origine sacrés. On n'en mangeait pas, simplement parce
qu'ils étaient sacrés.
La situation était identique en Egypte.
Ces informations, bien qu'elles permettent d'expliquer l'interdiction du
porc, sont inadéquates pour justifier toutes les restrictions alimentaires contenues
dans l'Ancien Testament et leur système complexe de classification.
Ni Frazer, ni Robertson Smith, n'ont pu expliquer pourquoi certains animaux
avaient été divinisés.
Toutes les explications modernes sur les interdits alimentaires de
l'Ancien Testament s'inspirent des réflexions qui se trouvent dans Purity
and Danger (1966) et Implicit Meanings (1975) de Mary Douglas.
Mary Douglas considère les tabous alimentaires essentiellement en termes
de relations entre espèces, de limites et, par conséquent, d'anomalies
ou d'ambiguïtés en dehors de ces limites. D'après elle, les animaux sont censés
avoir des caractéristiques physiologiques qui correspondent à différents
facteurs tels que leur environnement, leur habitat ou encore leur moyen de
locomotion. Ainsi le bovin doit avoir quatre sabots (quatre pieds fendus),
les oiseaux doivent pouvoir voler (et non pas marcher) et les poissons doivent
posséder des nageoires. Les rongeurs furent prohibés en raison de leur
mode de locomotion indéterminé. La classification biblique « rejette les
créatures qui sont anormales, soit qu'elles vivent dans des milieux différents,
soit qu'elles possèdent des traits caractéristiques propres à un autre milieu
ou encore qu'elles manquent totalement de caractère distinctif ». « La
pureté nécessite qu'un individu soit conforme à la classe à laquelle il appartient
et qu'il n'y ait point de confusion entre des classes différentes. »
« Les ruminants aux sabots fendus représentent le modèle parfait de
nourriture dans une économie pastorale. » Le cochon en est donc exclu
parce qu'il a des sabots fendus sans être un ruminant et cela n'a aucun rapport
avec sa saleté proverbiale dont il est par ailleurs nulle part fait mention dans
l'Ancien Testament. « Comme le cochon ne produit pas de lait, de cuir ni
de laine, il n'a aucun intérêt si ce n'est pour sa chair, et si les Israélites
n'avaient pas de cochon, ils ne seraient pas aussi familiarisés avec son
comportement. »
Edwin Firmage n'est pas satisfait par la thèse de Douglas. Je ne donnerai
ici qu'un résumé très schématique de sa critique et de la solution qu'il propose.
Le mode de locomotion n'est pas la constante fondamentale qui perTABOUS
: VIN, PORC ET HOMOSEXUALITÉ 399
mette de déterminer si un animal est légal ou non (pourquoi des sabots
fendus et non pas des sabots d'un seul tenant?) : « Pourquoi les anomalies
font-elles que les animaux sont automatiquement impropres et non
comestibles? »
Voici la réponse de Firmage :
Le principe fondamental est qu'Israël est la nation élue de Dieu. Les prêtres
étaient particulièrement soucieux de faire en sorte que les conditions de
la sainteté du peuple fussent respectées, à l'intérieur du sanctuaire certes,
mais aussi à l'extérieur. Ils devaient enseigner aux gens ce qui constituait
l'impureté rituelle et comment l'éliminer. Les prêtres allèrent plus loin dans
la notion de race choisie quand ils instaurèrent les interdits alimentaires.
(...) Cela dépassait largement les notions les plus strictes de pureté de la personne
dans la mesure où on ne considérait plus ce qui est pur de qui ne l'est
pas, mais la pureté de la nation d'Israël par rapport aux autres nations.
Quand les prêtres réalisèrent que l'alimentation devait elle aussi correspondre
aux critères de sainteté, ils trouvèrent dans les animaux sacrificiels des
exemples tout prêts de pureté par lesquels ils pourraient mesurer la pureté
des aliments consommés par les Israélites. (...) Les espèces animales qui
étaient habituellement sacrifiées fournissaient la plus grosse partie de l'alimentation
carnée. Toutefois, l'homme consommait une plus grande variété
d'animaux qu'il n'en offrait à Dieu. Pour les prêtres, la question était donc
de savoir quelles autres viandes étaient compatibles avec la notion de viande
convenable telle qu'elle était définie par les espèces que l'on sacrifiait. Les
espèces bonnes pour l'autel du Seigneur, considérées comme telles depuis le
début, fournirent les critères de pureté pour le reste du règne animal. Les
prêtres procédèrent par analogie entre le régime des Israélites et celui de
YHWH, dont le régime (les animaux sacrificiels) devint le critère de comparaison
de n'importe quel autre animal consommé par les Israélites. Quand
on en vint à l'application de ce standard de comparaison, seuls les animaux
qui ressemblaient aux animaux de sacrifice furent permis.
Cependant, les prêtres devaient donner quelques directives aux hommes
ordinaires. Ils choisirent donc des caractéristiques qui, croyaient-ils, leur
permettraient de décider dans les cas difficiles. « Dans l'ensemble, les critères
actuels ne sont toutefois pas exactement la raison d'être des prohibitions
alimentaires. Ils sont néanmoins révélateurs des principes fondamentaux
sur lesquels s'opère la différenciation par rapport aux modèles sacrificiels.
C'est là le principe fondamental des interdits alimentaires. »
La faiblesse des arguments de Firmage réside dans l'idée qu'une poignée
d'espèces dignes de l'autel du Seigneur avaient été acceptées universellement
dès le début. Cela sous-entend que les Israélites avaient déjà des
notions de ce qui était digne d'être sacrifié. Il est assurément inapproprié de
nous dire que certaines espèces étaient acceptées dès le début comme dignes
de l'autel de Dieu, car c'est précisément le problème qui nous ennuie. De
quels critères usaient-ils pour arriver à cette poignée d'espèces? Les Israéli400
POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
tes avaient choisi les espèces sacrificielles comme modèles, mais comment
avaient-ils sélectionné ces espèces en premier lieu?
Nous pourrions brièvement regarder les solutions que proposent Marvin
Harris et Simmons. Harris donne une explication écologique à l'abomination
des porcs. Les cochons étaient élevés pour leur chair, source de protéines
animales. Dans un habitat forestier, les cochons se nourrissaient de
racines, de tubercules, de fruits et de glands. Une fois que la forêt eût disparu,
les cochons durent être nourris avec du grain, et donc ils disputaient
à l'homme sa propre nourriture. Les cochons étaient devenus trop chers
pour continuer à être une source de viande. La prohibition contre la consommation
de porc était donc un moyen de s'assurer que les fermiers ne
seraient pas tentés d'élever des cochons, ce qui aurait été un désastre pour la
communauté. Cette théorie, bien qu'ingénieuse, soulève à son tour d'autres
questions. Si les cochons étaient élevés sur ce que Firmage nomme de la
nourriture marginale alors, assurément, ils n'auraient pas posé une telle
menace pour la communauté. On peut également s'interroger sur l'ampleur
de la déforestation. De Planhol, la plus grande autorité en ce qui concerne
la géographie et l'islam, a montré que c'était l'interdiction des cochons qui
a produit la déforestation. La prohibition « a entraîné la mise en pâture de
moutons et de chèvres dans les zones boisées de montagne et a, de façon
certaine, accéléré la déforestation, ce qui était une catastrophe dans ces
régions désertiques et semi désertiques. » De Planhol donne l'exemple de
l'Albanie où, lorsque l'on passe d'une zone musulmane à une zone chrétienne,
la proportion de zones boisées devient immédiatement plus importante.
Les cochons peuvent être également des animaux utiles même après la
déforestation.
D'après Simmons, les préjugés contre les porcs et les cochons se sont
développés parmi les peuples pratiquant l'élevage dans des régions arides.
Les cochons n'étaient pas adaptés au mode de vie pastoral, mais étaient largement
répandus dans les zones de culture. Les deux modes de vie étaient
incompatibles et les relations entre fermiers et éleveurs étaient conflictuelles.
Le cochon était le symbole du mode de vie d'un groupe, cependant que
le mépris pour les cochons était le symbole de l'autre groupe. Cette théorie
a du vrai, mais tout le monde ne sera pas de cet avis car elle n'explique pas
toutes les autres restrictions alimentaires.
Certains érudits, toutefois, en reviennent à la notion de loyauté et d'allégeance
au groupe.
Dans presque toutes les sociétés, la nourriture est un signe distinctif pour
les différentes classes sociales. Nous mangeons ceci, ils mangent cela. Ce
que nous mangeons est bon, prestigieux, propre; ce qu'ils mangent est mauvais,
sale, révulsif. Là où des populations de religions différentes vivent côte
à côte dans une même localité, une façon de marquer les frontières de classe,
de caste et de religion est d'avoir différentes règles alimentaires. C'est très
TABOUS : VIN, PORC ET HOMOSEXUALITÉ 401
net en Inde où on peut rencontrer toutes les combinaisons possibles de prohibitions
et de tabous dans des castes qui vivent côte à côte.
Pour notre propos, cela suffit à expliquer pourquoi Muhammad a choisi
certaines prohibitions : elles permettaient d'élever une frontière avec les
autres religions, d'acquérir une identité musulmane. La prohibition du porc
n'a donc rien à voir avec le comportement des cochons ou les maladies qu'ils
peuvent transmettre à l'homme. L'un et l'autre étaient pratiquement inconnus
des Arabes.
Après avoir insisté sur la répugnance quasi universelle de l'islam pour le
porc, je donnerai des exemples d'exceptions à cette règle. Il semble qu'Avicenne
et Haly Abbas (al Majusi) encourageaient la consommation de porc
pour ses qualités thérapeutiques. De Planhol cite l'exemple des Ghomara
Riffian, hérétiques du Moyen Âge, qui autorisaient la consommation de
viande de truie. Les Berbères d'Iherrushen et d'Ikhuanen au Maroc élevaient
des cochons à une époque encore récente. Les Marocains sont généralement
discrets sur ce sujet bien que, selon Westermarck, ils eussent
l'habitude de manger le foie du sanglier pour acquérir sa force. En Chine,
les musulmans mangent du porc, mais l'appellent tout simplement mouton.
On dit également que les Druzes mangeraient du porc.
A la gloire du cochon
Le cochon que nous connaissons aujourd'hui, rose et relativement peu
velu, est une variété du Sus Scrofa Vittatus qui est élevé en Chine depuis le
néolithique et qui n'a été importé en Europe qu'au X V I I I e siècle. Charles
Lamb a chanté les vertus du cochon au X V I I I e siècle, et voici comment un
philosophe moderne loue cet animal :
Assurément, le cochon a été créé expressément pour la table. (...) Le
cochon ressemble à de la nourriture, une offrande dodue en brochette, prêt
à perdre à tout instant son individualité et à glisser sur l'échelle métaphysique
de l'état de créature à celui de chair à saucisse. De plus, il a naturellement
bon goût et sera d'autant meilleur qu'on l'aura apprêté. Il est à la source
de la charcuterie, le plus noble de tous les arts culinaires qui surpasse en consistance
et en finesse tout ce que les juifs et les musulmans, avec toute leur
ingéniosité, ont été capables de produire de leur abstinence. Je ne pense pas
que l'auteur du Lévitique ait correctement perçu les intentions de Dieu, et
je suis enclin à croire lorsqu'il s'agit du porc, que ce serait de l'ingratitude,
voire un blasphème, que de refuser d'en consommer.
HOMOSEXUALITÉ
La tolérance de l'islam pour l'homosexualité est reconnue depuis longtemps.
Déjà au XIXe siècle, de nombreux Occidentaux allaient en Afrique
du Nord à la recherche d'aventures homosexuelles que leur société leur
interdisait.
402 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
Au commencement du roman sur l'homosexualité de Compton Mackenzie,
Thin Ice (1956), le narrateur et son ami Henry Fortescue se rendent
au Maroc. Henry est alors fortement attiré par un porteur, Ali. Henry parcourt
le pays à la recherche d'Ali, cependant que le vice-consul britannique
rassure le narrateur, qu'il n'y a pas de danger, que la situation à l'intérieur
des terres n'est pas aussi terrible qu'on la dépeint. Ensuite le vice-consul
ajoute : « C'est curieux, il m'est venu hier à l'esprit que votre ami avait ce
penchant. Hé bien, personne dans le monde arabe entre Tanger et la passe
de Khyber ne critiquera ses goûts. »
Après avoir commencé par la partie la plus occidentale du monde islamique,
voyons quelle était la situation à la passe de Khyber. L'empereur
Babur (1483-1530) devait la franchir et par la suite s'établir en Inde. Dans
son autobiographie, Babur nous raconte avec beaucoup de délicatesse comment
il est tombé amoureux d'un garçon.
En ces jours paisibles, je me suis découvert une étrange inclination!
Comme le dit le vers, je perdais toute raison pour un garçon du bazar, son
nom même, Baburi, allait bien... De temps à autre, Baburi me rendait
visite, mais sans modestie ni timidité, et je ne pouvais jamais le regarder en
face; comment aurais-je pu l'entretenir (lui parler)? Dans mon agitation,
j'étais incapable de le remercier (d'être venu); comment aurais-je pu lui
reprocher de partir? Quel pouvoir avais-je d'ordonner le service qui m'était
dû? Un jour, pendant ce temps de désir et de passion, que je cheminais avec
des compagnons et que soudain je me retrouvai face à face avec lui, j'entrai
dans un tel état de confusion que je fuyai immédiatement. Le regarder en
face ou dire la moindre parole était impossible. Sous l'emprise de la passion
et du désir qui bouillonnaient en moi, et dans un état de folie juvénile, j'errai
tête nue, pieds nus, dans les rues et les ruelles, dans les vergers et dans les
vignes.
Sir Richard Burton devait confirmer la tolérance de l'islam pour l'homosexualité,
particulièrement dans la région de la passe de Khyber :
Les villes d'Afghanistan et de Sind sont entièrement infestées du vice
des Perses (l'homosexualité) et les gens chantent :
L'Afghan sait ce que vaut une chatte
Kaboul préfère l'autre chose.
Les Afghans sont de grands voyageurs et chaque caravane est accompagnée
par des garçons et des jeunes hommes habillés quasiment comme des
femmes, maquillés, les cheveux tressés, les mains et les pieds colorés au
henné. On les appelle kuch-i-safari, ou femmes de voyage.
Dans son Terminal Essay, Burton donne d'autres exemples du vice perse,
jusqu'au Maroc, mais comme ce livre est maintenant connu, je m'abstiendrai
de le citer à nouveau. A la place, je donnerai un dernier exemple de cette
tolérance en citant l'ethnographe Cline qui commentait son travail sur le
terrain, en 1936 à l'oasis de Siwah, en Egypte occidentale. « Tous les homTABOUS
: VIN, PORC ET HOMOSEXUALITÉ 403
mes de Sivvah pratiquent la sodomie. Entre eux, les natifs n'en éprouvent
aucune honte. Ils en parlent aussi ouvertement qu'ils parlent de l'amour des
femmes et la plupart de leurs disputes, si ce n'est toutes, proviennent de la
compétition entre homosexuels. » Les mariages entre hommes et garçons
étaient célébrés par de grandes festivités et le prix payé pour acheter un garçon
représentait quinze fois celui d'une fille.
Si certains érudits estiment que le Coran, au pire, n'est que modérément
opposé à l'homosexualité, voire ambigu, je pense au contraire que les versets
suivants expriment une franche condamnation :
IV. 16 : Si deux d'entre vous commettent une action infâme, sévissez
contre eux.
VII.80-81 : Souvenez-vous de Loth! Il dit à son peuple : « Vous livrezvous
à cette abomination que nul, parmi les mondes, n'a commise avant
vous? Vous vous approchez des hommes de préférence aux femmes pour
assouvir vos passions. Vous êtes un peuple pervers9(dégénéré). »
XXVI.165 : Vous approcherez-vous des mâles de l'univers et
délaisserez-vous vos épouses, créées pour vous par votre Seigneur? Vous
êtes un peuple transgresseur.
XX VII.55 : Vous vous approchez par concupiscence des hommes plutôt
que des femmes : vous êtes des ignorants.
Nous savons par la punition infligée au peuple de Loth (nous avons
anéanti tous les autres X X V I . 172) que la sodomie n'était pas tolérée. Toutefois
les passages du Coran qui décrivent les délices du paradis sont
équivoques :
LII.24 : Des jeunes gens placés à leur service circuleront parmi eux semblables
à des perles cachées.
LVI.17 : Des éphèbes immortels circuleront autour d'eux portant des
cratères, des aiguières et des coupes remplies d'un breuvage limpide.10
LXXVI.19 : Des éphèbes immortels circuleront autour d'eux. Tu les
compareras, quand tu les verras, à des perles détachées.
Ces garçons n'ont-ils pour fonction que de servir les bienheureux, ou
sont-ils offerts à leur concupiscence?
9. Traduit par dégénéré dans la version anglaise du Coran. (N.d.T.)
10. La traduction anglaise parle de vin et non pas de breuvage limpide. (N.d.T.)
404 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
Si le Coran demeure ambigu sur ce point, les hadiths et la Tradition
sont, au contraire, tout à fait clairs et sévères contre la sodomie. Le Prophète
abhorrait les sodomites et réclamait leur exécution (pour celui qui était passif
tout autant que pour celui qui était actif).
Les différentes écoles ne s'accordent pas sur les punitions réservées aux
homosexuels. Ibn Hanbal et ses disciples prescrivent la lapidation, tandis
que les autres écoles se contentent de la flagellation, une centaine de coups
de fouets. Il est peu probable que ces châtiments aient été appliqués, car la
tolérance semble avoir été le mot d'ordre dès le début.
Nous avons suffisamment de preuves historiques et philologiques pour
affirmer que l'homosexualité était pratiquée dans l'Arabie préislamique. Les
témoignages sont encore plus abondants pour le VIIe siècle. Les premiers
califes ont puni l'homosexualité avec une assez grande rigueur : lapidation,
bûcher, défenestration d'un minaret, etc. Puis, pendant la période abbasside,
plusieurs califes semblent avoir pratiqué l'homosexualité. Al Amin
(809-814), Al Mutasim (833-842), l'Ibrahim (875?) à Cordoue, Abd al
Rahman (912) et le grand Saladin (1171-1193) si connu pour son jihad
contre les Croisés. Dans l'Espagne du X I e siècle, « la sodomie s'observe dans
toutes les cours des Reyes de Taifas; qu'il suffise de signaler ici les amours
d'al Mutamid pour Ibn Ammar et pour son page Saif, d'al-Mutawakkil
pour un éphèbe, de Rafi ad Dawla, fils d'al Mutasim, pour un mignon dont
nous ne connaissons pas le nom, d'al Mutamin de Saragosse pour un de ses
pages chrétiens. »
L'homosexualité était courante dans toutes les couches de la société,
depuis l'école jusqu'aux communautés religieuses. Les hammams, ou bains
turcs, décorés de peintures, de mosaïques ou de statues erotiques fort peu
islamiques, étaient des lieux de rencontre pour tous les homosexuels. La
prostitution masculine était largement répandue dans les villes importantes.
De jeunes garçons monnayaient leurs charmes aux clients des hôtels.
Les meilleures preuves de la tolérance et de la prédominance de l'homosexualité
nous viennent des poètes. En grand nombre, des poètes arabes, et
non des moindres, ont ouvertement glorifié l'inversion sexuelle et dans un
langage des plus crus. Ici aussi, le nom d'Abu Nuwas se distingue. Voici
quelques poèmes cités dans le Jardin parfumé qui lui sont attribués :
Les joies de la sodomie! Alors vous les Arabes, soyez désormais des
sodomites. Ne vous en détournez pas — on en retire un plaisir si merveilleux.
Prenez quelque garçon timide avec des accroche-coeurs entortillés sur
ses tempes et montez-le quand il se tiendra comme une gazelle qui attend
le mâle.
Un garçon que tous peuvent voir ceint d'une épée, pas comme votre
putain qui doit sortir voilée.
Cherchez des garçons à la face lisse et faites de votre mieux pour les
monter, car les femmes sont les montures du diable!
TABOUS : VIN, PORC ET HOMOSEXUALITÉ 405
Il existe dans le Jardin parfumé et Les mille et une nuits bien d'autres poèmes
de la même veine qui sont attribués à Abu Nuwas, pleins d'histoires
scandaleuses d'aventures homosexuelles.
Bien que je me sois concentré sur l'homosexualité masculine, il existe
également des preuves d'homosexualité féminine. Le Jardin
parfume contient un chapitre sur les lesbiennes qui exalte les vertus du tribadisme
et dont sont extraits les vers suivants :
Une fille qui est svelte, ni disgracieuse, ni molasse te montrera comme
caresser et masturber.
Viens vite, ne perds pas de temps pour savourer les vraies délices.
Alors tu sauras que tout ce que j'ai dit sur les joies que les lesbiennes ressentent
est vrai.
Combien misérable et triste est le vagin que fend un pénis.
Il perd toute l'extase qu'une autre femme peut lui donner et subit, de surcroît,
la honte et l'infamie qui frappe la fille qui s'allonge sous un homme.
Quelles que puissent être les raisons, psychologiques ou biologiques
pour lesquelles l'homosexualité était si répandue dans les sociétés musulmanes,
il ne fait aucun doute qu'elle était tolérée à un degré qui aurait été
inconcevable dans l'Occident chrétien.
CHAPITRE XVI
UN DERNIER REGARD SUR MUHAMMAD
Il ne fait aucun cloute que Muhammad est l'un des grands hommes de
l'Histoire, dans la mesure où toute l'histoire de l'humanité aurait été différente
s'il n'avait pas existé. Pourtant, « si notre civilisation doit survivre,
nous devons perdre l'habitude de manifester notre déférence pour les grands
hommes. Les grands hommes font de grandes erreurs. »1 Bien que le
dogme ait dépeint Muhammad comme exempt de tout péché, il ne s'est luimême
jamais considéré comme parfait ou infaillible. Tor Andrae disait à ce
propos que c'était sa meilleure qualité : il était toujours conscient de ses propres
défauts et pouvait faire preuve d'autocritique.
Muhammad avait du charme. Plus d'une source parle de son irrésistible
sourire et de son grand charisme capable d'inspirer loyauté et affection. Il
était également un chef militaire de génie et un homme d'Etat doté d'un
extraordinaire pouvoir de diplomatie et de persuasion. Que peut-on exactement
porter au crédit d'un tel homme? Montgommery Watt, l'un des
rares spécialistes occidentaux qui portent une admiration sans réserve à
Muhammad, jusqu'à friser l'adulation, résume ainsi son bilan :
Il avait ce que l'on pourrait appeler un don de voyance. Il était conscient
que les malaises et les tensions sociales de La Mecque avaient de profondes
origines religieuses et il imagina toute une série d'idées qui permirent globalement
de les résoudre, en transposant les querelles des Mecquois sur une
plus grande échelle.
Arrêtons nous un instant et voyons ce que valent les affirmations de
Watt. Nous avons mentionné les théories de Bousquet et de Crone qui
nient que La Mecque ait été, à cette époque, en proie à une grave crise spirituelle.
Maintenant, je citerai Margoliouth qui avait anticipé la théorie de
Watt d'une cinquantaine d'années et qui l'avait réfutée. Margoliouth montre
que les croyances des Arabes préislamiques étaient plus que suffisantes
pour leurs besoins spirituels et que l'on ne peut déceler aucun malaise
social :
1. Popper (1), vol. 1, Préface.
UN DERNIER REGARD SUR MUHAMMAD 407
Que le fétichisme des Arabes fût insuffisant pour leurs besoins spirituels
est une affirmation qui ne peut être prouvée. Un dieu est un être imaginaire
qui peut faire du bien ou du mal. Tout laisse à penser que les Arabes, qui
n'avaient pas vu le vaste monde, étaient fermement persuadés que leurs
dieux ou leurs déesses pouvaient faire les deux. Dans la mesure où le sentiment
religieux a besoin d'être assouvi, rien ne prouve que le paganisme soit
incapable de le satisfaire. Nous concluons d'après certaines inscriptions que
les Arabes païens prodiguaient à leurs dieux protecteurs affection et gratitude
en abondance.
Revenons au professeur Watt :
Les idées qu'il proclamait lui donnèrent finalement un statut de leader,
avec une autorité qui n'était pas fondée sur les lois tribales mais sur la religion.
Autrement, les clans et les tribus qui étaient rivaux sur un plan matériel,
ne l'auraient pas reconnu comme chef spirituel. En retour, il avait créé
une communauté où ils vivaient en paix entre eux.
Ici, pour une fois, je pense que Watt ne rend pas entièrement justice à
Muhammad et, de plus, qu'il confond théorie et pratique. « Muhammad
était le premier des Mecquois qui avait dit à ses semblables et aux maîtres
du désert d'Arabie que le pardon n'était pas de la faiblesse mais une vertu,
et que pardonner l'injustice dont ont est victime n'était pas contraire aux
normes de la vraie muruwwa (vertu). C'était la plus grande muruwwa —
c'était emprunter les chemins d'Allah. »2
C'est en insistant sur le pardon que Muhammad a pu convaincre les tribus
qui avaient été divisées par des siècles d'animosités, de vendettas, de
revanches, que l'islam, et non plus l'appartenance au clan, serait désormais
le principe unificateur de la société. Muhammad enseigna l'égalité de tous
les croyants devant Allah. Malheureusement, la théorie est une chose et la
pratique en est une autre. Tout d'abord, le Prophète n'a pas mis en pratique
ce qu'il prêchait. Bien trop souvent, dans son attitude envers les juifs, les
Mecquois et ses rivaux, Muhammad donna libre cours à sa cruauté, sans
manifester la moindre mansuétude.
Des membres de la tribu d'Ukl allèrent vers le Prophète pour embrasser
l'islam, mais l'air de Médine ne leur convenait pas et ils désiraient quitter
cet endroit. Le Prophète leur ordonna d'aller là où les chameaux donnés en
aumône avaient été parqués et de boire leur lait, ce qu'ils firent et qui leur
permit de recouvrer la santé. Mais après cela ils renoncèrent à l'islam, devinrent
apostats et volèrent les chameaux. Alors le Prophète lança ses hommes
à leur poursuite. Ils furent capturés et ramenés à Médine. En punition de
leur vol, le Prophète ordonna qu'on leur coupât les mains et les pieds et
qu'on leur arrachât les yeux. Le Prophète refusa que l'on cautérise les plaies
et ils moururent d'hémorragie.3
2. Goldziher (l), vol. l, p. 25.
3. Cité dans D O I , pp. 63-64.
408 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
William Muir raconte brièvement d'autres atrocités qui, ne l'oublions
pas, sont rapportées par des sources musulmanes irréprochables telles
qu'lbn Ishaq ou al-Tabari.
La magnanimité ou la modération ne sont nulle part discernables dans
la conduite de Muhammad envers tel ou tel ennemi qui avait tardé à faire
acte d'allégeance. Il exultait avec une satisfaction sauvage au-dessus des
corps des Qoraychites qui étaient tombes à la bataille de Badr et plusieurs
prisonniers qui n'étaient accusés d'aucun crime, si ce n'est de scepticisme et
d'opposition politique, furent délibérément exécutés sur ses ordres. Le
prince de Khaibar, après avoir été soumis à d'atroces tortures dans le but de
découvrir les trésors de sa tribu fut, avec son cousin, mis à mort au motif
qu'il les avait perfidement cachés et sa femme fut emmenée captive dans la
tente du conquérant. A al Madinah, deux tribus entières de juifs furent exilées
avec la plus extrême rigueur et les femmes et les enfants d'une troisième
tribu juive, également voisine, furent vendus en esclavage, tandis que les
hommes, au nombre de plusieurs centaines, furent massacrés de sang froid
devant ses yeux.4
Finalement, Watt fait un portrait ridiculement optimiste de l'harmonie
tribale sous la conduite de Muhammad. Ce précédent exemple de cruauté
illustre également le fait que toutes les tribus n'acceptaient pas Muhammad
comme chef. Là encore, Goldziher a montré que les rivalités intertribales
ont longtemps continué après que l'islam les eût condamnées. Je ne m'étendrai
pas à nouveau sur les luttes entre Arabes. A sa mort, Muhammad n'a
certainement pas laissé une nation unie comme le prouvent les guerres de
succession et les assassinats des troisième et quatrième califes. Le meurtre
d'Uthman en 656 engendra un tel chaos et un tel bain de sang qu'on l'appela
al Bab al Maftuh (la porte ouverte à la guerre civile).
De toute évidence, le Prophète souhaitait que la vie des musulmans fût
aussi édifiante sous l'islam qu'elle l'était dans l'ancien système tribal. En
cela, il a échoué car ses premiers adeptes finirent par se faire la guerre. Dans
l'histoire de l'islam, les victimes des massacres perpétrés par les sultans ont
été souvent des musulmans et, naturellement, les familles qui prétendaient
descendre du Prophète lui-même.5
Le principe du jihad ou de guerre sainte permit de diriger les énergies
guerrières à l'extérieur contre les non-musulmans et empêcha qu'elles ne
perturbent la communauté.6
Watt ne se contente pas d'admirer l'expansion arabe et l'essor de l'empire
musulman. L'impérialisme n'est plus guère de mode aujourd'hui, mais personne
ne s'avise de critiquer l'impérialisme islamique qui provoqua les rava-
4. Muir (1), pp. 497-498.
5. Margoliouth (5), p. 877.
6. Watt, CHI, vol. 1A, p. 55.
UN DERNIER REGARD SUR MUHAMMAD 409
ges que nous avons décrits dans les chapitres précédents. Comment Watt
peut-il considérer que la guerre sainte, dont le but avoué était d'exterminer
le paganisme, de tuer les incroyants et de conquérir par la force des armes
les biens et les terres d'autres peuples, est une grande réussite morale de
Muhammad qui mérite notre admiration? Cela reste pour moi un mystère.
LA SINCÉRITÉ DE MUHAMMAD
On a fait couler beaucoup d'encre sur la sincérité de Muhammad. Fraudait-
il sciemment ou croyait-il sincèrement que toutes les révélations qui
forment le Coran sont des messages directement inspirés par Dieu? Même
si nous admettons qu'il était honnête, je ne vois pas en quoi cela pourrait
influencer notre jugement. On peut exprimer avec sincérité des croyances
qui sont fausses. Plus important encore, on peut exprimer avec sincérité des
croyances qui sont immorales ou indignes de considération. Certains racistes
croient en toute sincérité que les juifs doivent être exterminés. En quoi
leur sincérité peut-elle minimiser notre condamnation morale de leur
croyance? Il semble que la sincérité joue un rôle similaire à la folie dans les
cours de justice, quand les avocats souhaitent exonérer leurs infâmes clients.
Sur ce point, on peut tout au plus reprocher à Muhammad de s'être fait des
illusions : « Même s'il était avéré que les révélations s'accordaient à ses
désirs et encourageaient ses plaisirs égoïstes, cela ne prouverait pas qu'il était
hypocrite. » Autrement dit, s'il était sincère, alors il se leurrait, s'il était
hypocrite, alors c'était un imposteur. Les apologistes qui ont prétendu que
Muhammad était un politicien astucieux, un réaliste, un brillant homme
d'État, un juge à la forte personnalité, un légiste avisé et un diplomate
exceptionnel, parfaitement sobre et certainement pas victime de crises
d'épilepsie, ne peuvent pas soudainement prétendre que Muhammad ait pu
se tromper de façon aussi extraordinaire. La conclusion s'impose à nous que
plus tard dans sa vie, il a sciemment fabriqué des révélations, souvent pour
sa convenance personnelle, pour résoudre ses problèmes domestiques. En
même temps, on peut sans hésiter affirmer qu'à La Mecque, Muhammad
était tout à fait sincère lorsqu'il croyait avoir conversé avec Dieu. Mais il ne
peut aucunement être nié qu'à Médine, son comportement et la nature de
ses révélations ont changé.
La désinvolture avec laquelle Muhammad produisait des révélations
dans cette dernière période peut être illustrée par une anecdote. Umar, qui
serait le second calife, reprocha à Muhammad de dire des prières pour son
ennemi, Abdallah Ibn Ubbay. Alors qu'Umar se demandait s'il n'était pas
allé trop loin en critiquant le Prophète, ce dernier produisit une révélation :
« Ne prie pas pour ceux qui sont morts ni ne va sur leur tombe. »
Pour Umar, cette coïncidence ne suscita pas la moindre suspicion. Pour
nous, cette révélation n'est rien d'autre que l'adoption officielle d'une suggestion
d'Umar, que le Prophète croyait être l'expression de l'opinion publi410
POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
que. En une autre occasion, Umar (ou un autre) voulu instaurer l'appel à la
prière pour se différencier des juifs et des chrétiens. Quand il transmit cette
suggestion au Prophète, il découvrit qu'elle venait juste d'être anticipée par
l'ange Gabriel. Umar prétendait qu'à trois reprises ses suggestions avaient
coïncidé avec les commandements d'Allah. L'ayant tait remarquer au
Prophète, Muhammad lui répondit qu'il avait reçu une révélation qui contenait
son idée avec ses propres paroles. Le fait flatta sa vanité et n'éveilla
aucun soupçon d'imposture. Les autres musulmans étaient certainement
moins naïfs, mais ils avaient compris qu'il était dangereux de ridiculiser le
Coran. De temps à autre, des musulmans se querellaient à propos des différentes
versions du Coran et chacun, naturellement, prétendait que seule
sa version était correcte. Le Prophète, qui avait toujours réponse à tout,
décréta que le Coran avait été révélé en pas moins de sept textes différents.7
« Une des plus intéressantes illusions à laquelle les hommes et les nations
peuvent être sujets, c'est d'imaginer qu'ils ont été spécialement élus pour
être les instruments de la volonté divine », écrivait Russcll.8 Malheureusement,
Muhammad, autant que les musulmans, a souffert de cette illusion.
Seuls les musulmans étaient assurés d'être sauvés, et le salut en dehors de
l'islam était, bien sûr, tout à fait impensable. Dieu les avait choisis pour
transmettre Son message à l'humanité.
RÉFORMES MORALES
On doit reconnaître à Muhammad le crédit d'avoir aboli l'ancienne coutume
qui permettait d'enterrer vivantes les filles tout juste nées. En revanche
le peu de connaissances que nous avons des coutumes préislamiques ne
nous permet pas d'affirmer qu'il a également amélioré la condition des femmes
en général. Pourtant, des spécialistes ont affirmé que leur situation a
empiré sous l'islam. Perron, dans son Femmes Arabes avant et depuis l'islam,
nous dit que la position des femmes s'est sérieusement détériorée et qu'elles
ont perdu l'influence intellectuelle et morale qu'elles exerçaient.
Certaines prérogatives que l'islamisme a abolies, rentraient dans les
droits naturels de la femme et lui laissaient une existence plus puissante
d'action et de volonté. (...) Autrefois, la femme arabe païenne avait la liberté
de sa personne, de son choix à l'endroit du mariage; elle cherchait ou attendait
un mari qu'elle trouvait à son gré, sous le rapport intellectuel comme
sous les autres rapports.9
Toutefois, il serait offensant de ne pas mentionner que d'autres spécialistes,
comme Bousquet, croient que Muhammad a fait de son mieux pour
améliorer la condition des femmes mais qu'il n'est pas allé assez loin.
7. Margoliouth (1), pp. 48-49.
8. Russell, (1), p. 161.
9. Perron, p. 105.
UN DERNIER REGARD SUR MUHAMMAD 411
Comme le dit Lane Poole : « Muhammad aurait pu faire mieux. » Assurément,
en matière de propriété, la femme est l'égale de l'homme. Pour tout
le reste, elle lui est inférieure.
Par ailleurs, Bousquet insiste également sur le mauvais exemple que
Muhammad a donné en épousant Aisha, quand elle n'avait que neuf ans.
La coutume de marier des enfants persiste encore aujourd'hui et ses conséquences
sont tragiques; mais les musulmans répugnent à critiquer une habitude
qui a été instaurée par le Prophète.
Une autre innovation de Muhammad a ouvert la voie aux abus, à savoir
la compensation des serments rompus.
Le verset XVI.91 impose de ne pas violer les serments, mais cette prescription
est abolie par le verset V.89 qui introduit un principe de compensation,
par lequel le parjure peut être racheté par certaines bonnes actions.
Ce principe est confirmé par la sourate LXVI et il est étendu au Prophète
lui-même. (...) Il a comme grave conséquence que la loi islamique ne possède
aucun moyen d'obliger celui qui fait un serment à le respecter. Non seulement
le Coran stipule que certains actes dispensent des obligations que
l'on s'impose, mais le Prophète bénéficie au maximum des facilités par lesquelles
un homme qui a prêté serment de faire quelque chose a la possibilité
de s'en exonérer en faisant autre chose qu'il trouve préférable.
Autrement, la vie de Muhammad est pleine de contradictions, montrant
qu'il était souvent prêt à compromettre ses principes pour accroître son pouvoir
politique, comme lorsqu'il accepta d'effacer son titre d'Apôtre de Dieu
d'un document, parce que cela présentait un obstacle à la ratification d'un
traité. Il fulminait contre l'idolâtrie mais ne s'est pas privé d'incorporer tous
les rites païens des Arabes polythéistes dans la cérémonie du pèlerinage, tel
que le baiser à la Pierre Noire. Il a interdit les jeux divinatoires parce que
c'était de la superstition, alors qu'il semble avoir conservé celles de ses ancêtres.
Il accordait une grande importance aux présages, en particulier à ceux
qui sont liés aux noms. Il croyait à l'oeil du diable et à la possibilité de le
conjurer par des sortilèges. Dans les premières sourates, les parents sont
hautement estimés, mais quand une nouvelle génération se ralliait à
Muhammad malgré l'opposition de leurs parents, la dévotion filiale était
jugée indésirable; par conséquent, il était interdit aux jeunes de prier pour
leurs parents. Muhammad eut une influence désastreuse sur ses partisans
en les incitant à ne pas respecter les liens familiaux et à répandre le sang de
leur parenté. Tout en prêchant la modération sur de nombreux points, le
Coran finit dans l'ensemble par être de plus en plus intolérant. Les meurtres
des opposants au Prophète sont cités comme des précédents dans les traditions
et servent encore aujourd'hui aux apologistes de Khomeyni pour justifier
sa fatwa contre Rushdie. Selon Margoliouth, « les expériences de la
vie du Prophète, les tueries répétées qui ont marqué sa carrière à Médine,
semblent avoir convaincu ses partisans que répandre le sang est une clef qui
ouvre les portes du paradis ». On réalise difficilement à quel point tant de
412 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
gouverneurs, de califes et de vizirs, tels que Hajjaj ou Mahmud de Ghazni,
se sont abrités derrière l'exemple de Muhammad pour justifier leurs pillages,
leurs destructions et leurs meurtres. (Tuez, tuez les incroyants là où
vous les trouverez). Toujours d'après Margoliouth, « nous ne manquerons
pas de trouver la source de cette particularité si pénible de l'islam (les effusions
de sang) tout au long de son histoire, dans le massacre des opposants
au Prophète et dans la théorie contenue dans le Coran selon laquelle à un
moment ou à un autre de sa carrière, une abondance de sang versé est le
signe distinctif d'un vrai prophète. » Les libres penseurs occidentaux
comme Russell trouvent que Jésus-Christ est moins admirable que Socrate
ou Bouddha. Que lui reprochent-ils? Entre autres choses, d'avoir maudit
un figuier, d'avoir provoqué son dessèchement et sa mort. Les apologistes
de l'islam, qu'ils soient occidentaux ou musulmans, tentent d'excuser les
meurtres perpétrés par Muhammad. Je ne peux certainement pas placer
Muhammad au même niveau de moralité que Socrate, Bouddha, Confucius
ou, dans ce cas précis, Jésus-Christ.
Le plus nocif des legs de Muhammad est peut-être d'avoir soutenu que
le Coran est la parole même de Dieu, vraie à jamais, faisant ainsi obstacle à
tout progrès intellectuel et oblitérant tout espoir de liberté de pensée qui
seuls permettraient à l'islam d'entrer dans le X X I e siècle.
CHAPITRE XVII
L'ISLAM EN OCCIDENT
Les émeutes, les autodafés, les manifestations de toutes sortes organisées
par les fanatiques musulmans dans la foulée de l'affaire Rushdie ont sensibilisé
les Européens au problème que représentent les millions d'individus
qui vivent parmi eux et qui non seulement n'adhèrent pas aux valeurs de la
République mais encore les défient délibérément. Depuis 1989, la France
et la Grande-Bretagne ont réagi différemment aux revendications de plus
en plus bruyantes des porte-parole musulmans qui réclament plus de libertés
pour vivre selon leurs propres coutumes, parfois en contradiction totale
avec les lois séculières. La police britannique n'a scandaleusement rien fait
pour arrêter les personnes qui réclamaient publiquement le meurtre de
S. Rushdie. Au même moment, en France, le Premier ministre Michel
Roccard avait clairement et fermement prévenu les musulmans que quiconque
inciterait au meurtre serait immédiatement arrêté.
La police britannique a fait preuve de laxisme quand, au cours d'un meeting,
le Dr Siddiqui du Muslim Institute de Londres recommanda à une
foule de musulmans de ne pas obéir à la loi britannique si elle allait à
l'encontre de la charia. Au contraire, en France, un imam turc qui avait proclamé
que la charia avait préséance sur les lois françaises, fut expulsé dans
les 48 heures. Rien n'est plus révélateur des différents comportements que
le problème de l'excision et des mutilations sexuelles. Dans un article de The
Independent (7 juillet 1992) on pouvait lire : « En Angleterre, les autorités
et les travailleurs sociaux ferment les yeux sur l'excision des jeunes Africaines
(et d'autres communautés du Tiers Monde) de peur d'être accusés de
racisme », même si les mutilations d'organes génitaux sont officiellement
illégales depuis 1985. L'article continuait en disant : « Le personnel des services
sociaux et de santé est nerveux lorsqu'il s'agit de prévenir ou de rapporter
des mutilations, car il sent que cela ne s'accorde pas avec la lutte
contre le racisme. » La frontière n'est pas nettement tracée entre les coutumes
légitimes qui doivent être respectées et les atteintes aux droits de
l'homme. Plus de dix mille jeunes filles sont en danger. En France, au mois
de mars de l'année précédente, trois Maliens étaient jugés pour violences
ayant entraîné la mutilation d'une mineure de moins de quinze ans : Armata
414 POURQUOI J E NE SUIS PAS MUSULMAN
Keita pour avoir pratiqué l'excision et les époux Sory et Semité Coulibaly
pour avoir commandité ce crime. Dans un article du Monde, Catherine Sviloff,
l'avocat de l'association Enfance et Partage, ne doutait pas des honorables
intentions de ceux qui pratiquent l'excision, « mais ce n'est pas parce
qu'on comprend un motif respectable que cela signifie que cet acte est
nécessairement justifié. Cela reviendrait à autoriser l'excision. » Madame
Sviloff en concluait qu'il faut sanctionner et que ne pas sanctionner reviendrait
à excuser le crime. Monique Antoine, représentant le planning familial,
expliquait qu'une attitude trop compréhensive équivaut à un racisme
inversé.
Le procureur de la République fit remarquer que « l'excision est inacceptable.
Pardonner aujourd'hui un tel acte reviendrait à refuser la protection
de la loi et à condamner beaucoup d'enfants qui vivent sur le territoire
français. » Armata Keita fut condamnée à cinq années de prison et les Coulibaly
à cinq ans avec sursis et deux ans de probation. Les deux cas soulevèrent
des questions fondamentales sur le relativisme culturel, le
multiculturalisme, l'égalité devant la loi et le danger de fragmenter les sociétés
françaises et britanniques en multiples ghettos religieux et culturels, chacun
avec ses propres lois.
Quel genre de société voulons nous? Retournerons nous à un tribalisme
destructeur ou resterons nous unis autour d'un noyau de valeurs communes?
Le reste de ce chapitre sera consacré à ce problème. Il doit énormément
au livre de Mervun Hiskett, Some to Mecca Turn to Pray, Islamic Values and
the Modem World (Londres, 1993), un ouvrage qui, je crois, devrait être lu
par tous les politiciens occidentaux et, naturellement, par toute personne
qui désire que soient préservées les valeurs de la laïcité. Dans un contexte
britannique, le livre d'Hiskett poursuit le même but que celui d'Arthur
Schlesinger, The Disuniting of America, Refections on a Multicultural Society
(New York, 1992), c'est-à-dire dénoncer les dangers d'une fragmentation,
d'une re-ségrégation et d'une tribalisation de la société.
LES MUSULMANS EN ANGLETERRE ET CE QU'ILS VEULENT
La Grande-Bretagne compte approximativement un million et demi de
musulmans, en majorité originaires du sous-continent indien. La plupart,
si ce n'est tous, ont immigré de leur plein gré, cherchant à améliorer leur
situation économique. Dans les quinze dernières années, nombre de musulmans
ont clairement expliqué que leur intention n'était pas d'être assimilés
par la société qui les accueille, mais que c'est au contraire à la société de
changer, de leur accorder des privilèges, des droits distincts. Parmi leurs
porte-parole, il en est, tel le Dr Zaki Badawi1, ancien directeur du Centre
Culturel Islamique de Londres, qui expriment clairement leurs intentions :
I. Hiskett, p. 235.
L'ISLAM EN OCCIDENT 415
« Une religion qui fait du prosélytisme ne peut pas rester immobile. Elle ne
peut que s'étendre ou se contracter. L'islam tente de se développer en
Angleterre. L'islam est une religion universelle. Son but est de propager son
message aux quatre coins de la Terre, de faire en sorte qu'un jour, l'humanité
ne forme qu'une seule communauté musulmane, l'ummah. »
Un imam de Bradford refuse tout autre Dieu qu'Allah et rejette la doctrine
chrétienne de la Sainte Trinité qui n'est « qu'un exemple absurde et
extrême de fausse divinité ». L'Angleterre, de son côté, est une nation
malade et divisée, et seul l'islam peut la guérir. Pour lui, « la mise en oeuvre
de l'islam comme code complet de vie ne peut pas être limitée à la vie privée
et aux relations entre personnes. Il doit être recherché et mené à bien dans
toute la société. » Le gouvernement doit être aligné sur ce qui est approprié
pour un Etat islamique et non pas laïc. Tout musulman doit « étendre la
sphère d'influence de l'islam dans le monde. » Nous voyons le paradoxe des
revendications islamiques. Alors que les musulmans se sentent libres
d'insulter le christianisme, ils atteignent le paroxysme de la rage et de la violence
au plus petit reproche fait à l'islam, qui doit être « accepté sans critique
aussi bien par les musulmans que par les non-musulmans, comme étant la
révélation divine et que la structure de la société et la conduite de l'Etat doivent
le refléter. » Un rapport, préparé par l'Académie Islamique de Cambridge
et le Centre Culturel Islamique de Londres sur l'attitude des
musulmans vis-à-vis de l'éducation en Grande-Bretagne, indique clairement
que les musulmans ne sont pas satisfaits par l'approche purement laïque
de l'enseignement. Ils veulent conserver les principes islamiques qui
sont menacés par les valeurs de la communauté d'accueil, même s'il faut
pour cela désobéir aux lois britanniques. Hiskett observe que
nulle part dans cette déclaration, les auteurs n'envisagent la possibilité que
le seul vrai moyen d'éviter des modes de vie qui sont destructeurs des valeurs
islamiques c'est de ne pas immigrer, mais au contraire de rester dans une
communauté islamique où les modes de vie sont compatibles avec ces
valeurs. Les musulmans répliqueront alors que la plupart d'entre eux (la
seconde et troisième générations) sont nés dans le Royaume-Uni et qu'il
n'est guère raisonnable de proposer une telle solution. Au contraire, la conclusion
que l'on peut déduire de leurs déclarations publiques, c'est que la
société qui les accueille doit à l'inverse changer pour les satisfaire. C'est là le
point capital qui heurte de plus en plus les Britanniques depuis que ces
immigrants musulmans sont devenus suffisamment bruyants pour attirer
l'attention publique.2
Les implications des revendications des musulmans
Les implications des revendications musulmanes sont énormes. Si elle
n'y prend garde, la société britannique s'en trouvera grandement appauvrie
2. Hiskett, pp. 238-239.
416 POURQUOI J E NE SUIS PAS M U S U L M AN
3. Singer, pp. 153-156.
et tous ses acquis sociaux et moraux risquent d'être dilapidés dans une orgie
de libéralisme multiculturel. Considérons la question de l'abattage rituel.
En Grande-Bretagne, les abattoirs sont régis par une législation draconienne,
qui a pour but d'éviter aux animaux des souffrances inutiles. Malgré
cela, nous pouvons lire dans Animal Liberation3 de Peter Singer :
L'abattage selon les prescriptions religieuses est incompatible avec
l'obligation de désensibiliser l'animal avant de le tuer. Les prescriptions alimentaires
des juifs et des musulmans orthodoxes interdisent la consommation
de viande d'un animal qui n'est pas en bonne santé et alerte au moment
où il est tué. Étourdir l'animal avant de le tuer équivaut à le blesser avant de
l'égorger et c'est inacceptable pour la loi religieuse. L'idée contenue dans ces
prescriptions rituelles est d'empêcher que l'on ne consomme la viande d'un
animal qui était malade ou déjà mort. Toutefois, telle qu'elle est interprétée
aujourd'hui par les croyants de stricte observance, la loi religieuse englobe
aussi les animaux qui sont inconscients quelques secondes avant l'abattage.
L'animal doit être tue par une seule entaille faite par une lame effilée à la
veine jugulaire et à la carotide. A l'époque où elle fut introduite dans la loi
juive, cette méthode d'abattage était probablement plus humaine que
n'importe quelle autre alternative. Aujourd'hui, toutefois, elle est moins
humaine que, par exemple, l'emploi d'un merlin pour assommer l'animal.
Tout comme le fait remarquer Singer, il est absurde de penser que ceux
qui s'élèvent contre l'abattage rituel sont des racistes. Il n'est nullement
besoin d'être antimusulman pour s'opposer à ce que l'on fait aux animaux
au nom de la religion.
Il serait temps que les adeptes des deux religions reconsidèrent leurs
interprétations des lois relatives à l'abattage et disent si elles sont réellement
en accord avec l'esprit de compassion enseigné par leur croyance. En attendant,
ceux qui ne souhaitent pas consommer de la viande abattue contre
leurs lois religieuses ont une solution toute simple : ne pas manger de viande
de tout. En faisant cette suggestion, je ne demande pas plus aux croyants
que je ne m'impose à moi-même; c'est seulement que leurs motivations sont
plus fortes en raison de la souffrance supplémentaire engendrée par la production
de la viande qu'ils mangent.
La législation britannique sur l'abattage a été adoptée pour des raisons
d'éthique. Toute autre méthode que celles qui sont prescrites par ces lois est
considérée comme immorale. En tolérant les méthodes qui sont employées
par les juifs et les musulmans, nous excusons un comportement que nous
avions auparavant jugé immoral. Nous approuvons l'immoralité parce que
nous respectons la religion des autres. La cruauté à l'encontre des animaux
est bonne aussi longtemps qu'il s'agit d'une cruauté religieuse !
Notre attitude envers les femmes musulmanes en Occident porte
pareilles contradictions. Après l'affaire Rushdie, plusieurs organisations
L'ISLAM EN OCCIDENT 417
turent créées par des femmes qui se sentaient menacées par les intégristes.
Hannana Siddiqui, qui a participé à la fondation de Women Against Fundamentalism,
rappelle que « les femmes sont condamnées à être mariées de
force, à vivre sans toit et à se voir refuser toute éducation. Les multiculturalistes
ne font rien pour apporter leur aide à ces femmes. Pour eux, cela fait
partie d'un tout culturel qui doit être toléré. Quant aux antiracistes, ils permettent
que cela continue parce que seule compte pour eux la lutte contre
le racisme. »4
Les multiculturalistes sont incapables de formuler une pensée critique et
ils sont finalement plus racistes que les racistes qu'ils prétendent combattre.
Au lieu de combattre l'injustice là où elle se trouve, ils détournent les yeux
lorsqu'il s'agit de violence entre Noirs, ou de barbarie entre musulmans.
Des chasseurs de tête professionnels sont à la recherche de jeunes filles
musulmanes qui se sont enfuies de leur foyer, certaines pour échapper à un
mariage forcé. Leur retour au domicile parental a parfois des conséquences
tragiques : une sévère correction infligée par tous les mâles de la famille, suicide
et même meurtre de la fille en question. Au nom du multiculturalisme,
la police et les travailleurs sociaux préfèrent fermer les yeux et de là le besoin
d'organisations féminines telles que Women Against Fundamentalism. Il est
tragique que ces femmes qui possèdent la nationalité anglaise ne se sentent
pas protégées par la loi britannique et, dans une certaine mesure, elles ne le
sont effectivement pas, si la police continue à fermer les yeux.
Le docteur Kalim Siddiqui est certainement le plus fervent apôtre d'un
nouvel ordre mondial théocratique et islamique. Il est l'un des membres
fondateurs du prétendu Parlement Musulman de Grande-Bretagne dont le
but est de « définir, défendre et promouvoir les intérêts des musulmans en
Angleterre ». Il a écrit un nombre impressionnant de livres et d'articles sur
l'islam et sa mission en Occident. Les thèmes récurrents sont l'omnipotence
d'Allah, l'indivisible unité de la religion et de la politique, l'avènement de
l'empire islamique mondial, la grandeur de l'ayatollah Khomeiny, la nécessité
d'un conflit armé, le besoin de purger l'islam de toutes les influences
politiques, économiques, sociales, culturelles et philosophiques de l'Occident.
Sa haine de la démocratie, des sciences, de la philosophie, du nationalisme
et du libre arbitre est présente dans tous ses écrits. Il n'a que du
mépris pour « ceux qui se sont compromis en essayant de prouver que
l'islam est compatible avec leurs ambitions matérielles et les préférences
occidentales » et qui ont tenté de rétablir le libéralisme et la démocratie en
Iran avec un vernis d'islam. Ces gens « doivent comprendre que leur éducation
(occidentale) les a rendus aptes à servir les systèmes politiques,
sociaux, économiques, culturels, administratifs et militaires que nous
devons anéantir ». En conséquence, les musulmans doivent « retrouver leur
4. Cité dans New Statesman and Society, 1 mai 1992, p. 19.
5. Hiskett, p. 269.
418 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
véritable identité et éliminer ces intellectuels qui se sont entichés de l'Occident
et de l'Orient. (...) Avec une population qui avoisine le milliard et avec
des ressources illimitées, vous pouvez vaincre n'importe quelle puissance. »
Et Hiskett de remarquer :
Comme c'est souvent le cas pour l'islam, on ne peut que reconnaître le
pouvoir de certaines de ses idées. Mais quand il est question de défendre ces
idées comme alternatives à nos propres institutions et qui plus est dans notre
propre pays, on doit alors se demander : lesquelles doit-on préférer? Les institutions
occidentales, laïques, pluralistes, même si elles sont imparfaites, ou
l'alternative islamique théocratique? Et si l'on opte en faveur de nos propres
institutions, avec tous leurs défauts, on devra quand même se demander
encore : jusqu'où la propagande islamique peut-elle aller avant qu'elle ne
devienne franchement subversive? Et à ce stade, que devra-t-on faire? Et
finalement, les politiciens auront-ils le courage de faire ce qui est nécessaire
ou céderont-ils, morceau par morceau, point par point à la pression soutenue
du Parlement Musulman et autres groupes de pression de la même eau?6
Multiculturalisme
On aurait pu croire que l'éducation aurait joué un rôle important dans
l'assimilation des enfants d'immigrants dans le flot culturel britannique.
Mais quelque chose a mal fonctionné. L'assimilation n'est plus à la mode.
Multiculturalisme et bilinguisme sont à la mode depuis les années soixantedix.
L'idée que l'on pourrait produire un brave petit Anglais ou Anglaise à
partir d'un immigrant mal dégrossi est désormais considérée comme du pur
chauvinisme, du racisme et de l'impérialisme culturel, voire du génocide
culturel.
Cependant, le multiculturalisme est fondé sur des idées erronées. Tout
d'abord, on croit naïvement que toutes les cultures ont, au fond, la même
valeur ou, si leur valeur est différente, qu'elles méritent toutes d'être respectées.
Le multiculturalisme, étant l'enfant du relativisme, est incapable de
juger les cultures, d'établir une hiérarchie de valeurs culturelles. La vérité est
que toutes les cultures n'ont pas la même valeur et que toutes les valeurs ne
sont pas également dignes du même respect. Rien n'est sacro-saint en
matière de coutumes ou de traditions culturelles, et celles-ci peuvent évoluer
sous l'impulsion de la critique. Après tout, la valeur que l'on attache à
la laïcité de certaines sociétés occidentales n'a guère que deux cents ans
d'existence. Le respect que l'on porte à d'autres cultures, à d'autres valeurs
que les nôtres est le signe d'une attitude civilisée. Mais si ces autres valeurs
menacent nos propres valeurs, ne sommes-nous pas en droit de les combattre,
par des armes intellectuelles, par la raison, par des arguments, par la critique,
par des moyens légaux, en s'assurant que les lois et la Constitution de
notre pays soient respectées par tous? C'est notre devoir de défendre les
6. Hiskett, p. 273.
L ' I S L A M EN O C C I D E NT 419
valeurs par lesquelles nous vivons. Hiskett fait remarquer que, « alors que
les croyances religieuses sont tolérées, les institutions et les pratiques religieuses
ne bénéficient pas nécessairement de la même liberté si elles sont en
conflit avec la loi ou avec la constitution d'un Etat plus important ».
Comme nous l'avons vu, ceci est malheureusement inacceptable pour beaucoup
de musulmans. Alors que, dans une démocratie, un musulman dispose
d'une liberté absolue de religion, ce serait un tout autre problème s'il venait
à demander l'exécution de ceux qu'il n'approuve pas.
S'il impose sa censure sur le domaine publique, force sa fille, née et éduquée
comme une citoyenne britannique avec tous les droits dont elle
bénéficie, à épouser un homme dont elle ne veut pas, tue des animaux d'une
façon que la majorité des non-musulmans considère comme barbare (les
musulmans ne sont pas les seuls à faire ça), exige qu'à l'école que fréquentent
ses enfants, les programmes de biologie omettent la théorie de l'évolution,
insiste pour que le calendrier scolaire soit modifié pour correspondre aux
fêtes mobiles de l'islam et ainsi de suite...7
La trahison des politiciens
Comme le dit Hiskett : « En Angleterre, en tout cas, l'opinion publique
et la classe politique souhaitent exercer un contrôle sur la façon dont l'islam
se propage au détriment des traditions démocratiques. Favoriser le progrès
de l'islam est un expédient utilisé par les politiciens non-musulmans en
quête de suffrages. »8 Hiskett continue en citant la lettre d'un candidat du
parti travailliste qui a été publiée dans The Daily Telegraph du 31 décembre
1990.
La nation a accordé à l'intégrisme islamique des libertés qui, comme
vous le dites si justement (éditorial du 28 décembre), n'auraient jamais été
tolérées pour n'importe quel autre groupe religieux et qui sont contraires à
tous les principes sur lesquels nous fondons la liberté. On doit alors se poser
la question : pourquoi avons-nous fait cela? Le Gouvernement et le Parti
Travailliste doivent honnêtement en porter le blâme. Le premier probablement
pour des raisons commerciales, le second pour satisfaire ses ambitions
électorales.
Je laisse aux Conservateurs le soin d'expliquer les motivations de leurs
leaders. En tant que candidat travailliste aux dernières élections générales,
j'exprime ma honte et mes regrets pour la façon dont le Parti Travailliste
s'est comporté en attachant plus d'importance aux voix qu'aux principes
démocratiques.
Dans de nombreuses circonscriptions, il est admis que les intégristes
musulmans peuvent influencer les résultats du scrutin. 11 fut décidé que la
liberté d'expression viendrait en seconde place après le succès électoral, qu'il
7. Hiskett, p. 328.
8. Hiskett, p. 331.
420 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
était plus important de ne pas heurter certains intégristes musulmans que
de préserver la vie de Salman Rushdie.
Les dirigeants se sont donc tenus cois et, ce faisant, ont prostitué les
principes les plus élémentaires de la vie et de la liberté pour gagner des voix.
Si le Parti Travailliste accède au pouvoir, il s'est mis en danger de créer
l'équivalent du lobby juif aux Etats-Unis.
Dans notre pays, nous courons le grave danger de voir le Parti Travailliste
passer tous les caprices d'une minorité de l'électorat qui dispose
d'une influence stratégique énorme et qui est suffisamment déterminée à
l'utiliser à son seul avantage.
Jamais je n'aurais imaginé qu'après vingt ans de luttes pour défendre les
principes du mouvement travailliste, je verrais ses dirigeants les abandonner
de façon si honteuse à seule fin de remporter une victoire électorale
éphémère.
Michael Knowles
Le gouvernement conservateur a également, pour des intérêts commerciaux,
trahi les principes démocratiques. Pour protéger leurs intérêts économiques
en Arabie Saoudite (sous forme de ventes d'armes d'une valeur de
plusieurs millions de livres sterling) les gouvernements successifs ont évité
de critiquer les méthodes antidémocratiques de l'Arabie Saoudite et ont
même censuré les programmes de la B B C qui les dénonçaient. Les divers
gouvernements britanniques ont également accepté des conditions de travail
humiliantes pour les chrétiens qui travaillent en Arabie et qui sont obligés
de pratiquer leur religion clandestinement. Par contraste, la liberté de
culte dont bénéficient les musulmans en Angleterre est telle qu'ils ont pu,
financés par l'Arabie Saoudite, construire une mosquée au coeur même de
Londres, au mépris le plus total de l'architecture environnante et des
règlements de l'urbanisme.
Pour des motifs économiques, la France s'est aussi compromise avec
l'Iran, en refusant de poursuivre des meurtriers iraniens ou en refusant de
les remettre à un pays tiers où ces hommes étaient également recherchés
pour leurs participations aux meurtres d'opposants au régime de Khomeiny.
On comprend que les exigences de la realpolitik n'incitent pas les gouvernements
à critiquer ouvertement les pays musulmans, mais ils devraient
sûrement défendre plus vigoureusement les principes démocratiques contestés
par les minorités musulmanes à l'intérieur de leurs propres frontières.
La trahison des éducateurs
Comment les écoles pourraient-elles intégrer les enfants d'immigrants
quand les enseignants passent une grande partie de leur temps à insister sur
les différences ethniques, raciales et religieuses de leurs étudiants et à
encourager ces enfants ainsi que leurs parents à persister dans des attitudes
qui contredisent les règles les plus élémentaires de l'intégration.?
L'ISLAM EN OCCIDENT 421
La séparation de l'Église et de l'État n'est pas totale en Grande-Bretagne
et la loi impose aux écoles la prière collective. Adapté à la philosophie du
multiculturalisme, ceci s'est traduit par l'introduction de l'islam et de la propagande
islamique dans les classes. Je crois que seules la dé-officialisation
de l'Église d'Angleterre et l'adoption d'un système éducatif strictement laïc
pourront aboutir à l'intégration.
Les écoles laïques ou d'Etat devront maintenir une attitude agnostique
courtoise envers toutes les religions (et non pas l'attitude mielleuse des multiculturalistes)
et ne s'impliquer dans aucune. Non seulement les prières collectives
ne seront plus nécessaires, mais toute forme d'éducation religieuse
(chrétienne, islamique et, plus important, multiculturaliste) sera éliminée
des programmes scolaires. En revanche, l'histoire de l'Angleterre et de
l'Europe sera enseignée à tous les élèves, avec une information précise sur
l'histoire du développement de la culture judéo-chrétienne et de l'héritage
anglo-saxon. Cela sera enseigné avec l'intention délibérée d'aider les enfants
à s'identifier avec cette culture dans son expression largement post-chrétienne.
Les écoles laïques ne devront sous aucun prétexte faire la moindre allusion
à ce que l'islam, ou n'importe quelle autre religion, enseigne. Ainsi ces
écoles continueront à enseigner l'art, la musique, l'art dramatique. Il sera
clairement expliqué à tous les parents, quelles que soient leurs convictions
religieuses, que ces sujets font partie des programmes scolaires et qu'aucune
dérogation ne saurait être acceptée.11
LA TRAHISON DES INTELLECTUELS
J'ai commencé ce livre par la trahison des intellectuels et le terminerai
de la même façon.
Ici, je me concentrerai sur le travail de sape des valeurs laïques de l'Occident
auquel se livrent certains intellectuels occidentaux. Les Britanniques
auraient, dit-on, la manie de s'auto-dénigrer. En fait, ce vice est plus
répandu à travers l'Occident qu'on ne l'imagine. Dans un article qui parut
tout d'abord dans le New York Time puis dans The International Herald Tribune
(15 février 1994), le philosophe Richard Rorty se demandait
« pourquoi la Gauche américaine ne peut-elle pas être patriotique? »
Au nom de la politique de la différence, elle refuse de se glorifier
d'appartenir au pays qu'elle habite. Elle rejette toute idée d'identité ou de
fierté nationale.
Ce refus exprime la différence entre le pluralisme américain traditionnel
et le nouveau mouvement appelé multiculturalisme.
Le pluralisme est la tentative de faire de l'Amérique ce que le philosophe
John Rawls appelle une union sociale d'unions sociales, une communauté formée
de différentes communautés, une nation qui laisse plus que toute autre
9. Hiskett, p. 312.
422 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
une large place à la différence.
Le multiculturalisme se transforme en tentative de maintenir ces communautés
à l'écart l'une de l'autre.
Une identité nationale commune est un facteur essentiel de la citoyenneté.
Nous pouvons être fiers de notre pays et cependant respecter les différences
culturelles. Une nation ne peut pas se réformer s'il elle n'a pas
d'identité, si elle ne s'en glorifie pas, si elle ne la médite pas et si elle n'essaye
pas de vivre avec. Nous pouvons nous sentir honteux de notre pays, mais le
sentiment de honte n'est approprié que si nous nous identifions avec notre
pays et que si nous sentons que c'est notre pays. A tout point de vue, je suis
convaincu que, malgré tous ses défauts, la démocratie libérale occidentale,
est de loin préférable aux certitudes débilitantes de la théocratie islamique.
Karl Popper défend la démocratie et se lamente sur la propension des intellectuels
à l'auto-dépréciation :
Les démocraties ont de sérieux désavantages. Elles ne sont certainement
pas aussi bonnes qu'elles devraient l'être. Mais la corruption peut se manifester
sous n'importe quelle forme de gouvernement et je pense que
n'importe quel étudiant en Histoire un tant soit peu sérieux sera d'accord
pour dire que, tout bien considéré, nos démocraties occidentales ne sont pas
seulement les sociétés les plus prospères de l'Histoire (c'est important, mais
malgré tout pas si important que cela) mais aussi les plus libres, les plus tolérantes
et les moins répressives des sociétés importantes dont j'ai une connaissance
historique. On doit combattre ceux qui rendent tant de jeunes
gens si malheureux en leur disant que nous vivons dans un monde affreux,
dans une sorte d'enfer capitaliste. La vérité, c'est que nous vivons dans un
monde merveilleux, dans un monde magnifique, dans une société incroyablement
libre et ouverte. Bien sûr, c'est à la mode, on attend, et on espère
presque qu'un intellectuel occidental dise le contraire.10
A l'échelle mondiale, nous avons aussi besoin d'être plus confiants en
nos propres valeurs.
Finalement le triomphe du militantisme islamique au Moyen-Orient
peut signifier autant au sujet de l'Occident qu'au sujet des Arabes et de
l'échec de leur système actuel. Les islamistes, en général, ont accédé au pouvoir
quand personne ne leur a fait opposition aussi bien chez eux qu'à
l'étranger. Dans n'importe quel ordre mondial, les Américains ne devraient
pas être honteux d'affirmer qu'ils préfèrent le pluralisme, la tolérance et la
diversité et qu'ils rejettent l'idée que Dieu pourrait être au côté de chacun.
Le militantisme islamique présente l'Occident avec un paradoxe. Pendant
que les libéraux parlent du besoin de diversité dans l'égalité, les islamistes y
voient un signe de faiblesse. Le libéralisme n'enseigne pas à se battre réellement.
Ce dont il a besoin, au contraire, est presque une contradiction de
10. Popper (2).
L'ISLAM EN OCCIDENT 423
ternies : un militantisme libéral, ou un militantisme servile qui se confond
en excuses.
L'occident ne doit pas jouer avec la démocratie et doit renoncer à des
politiques qui compromettent ses principes pour des gains à court terme
aussi bien chez lui qu'à l'étranger.
L'essor du fascisme et du racisme en Occident est la preuve que tout le
monde n'est pas amoureux de la démocratie. Par conséquent, la bataille
finale ne sera pas nécessairement entre l'islam et l'Occident mais entre ceux
qui attachent du prix à la liberté et ceux qui n'en attachent aucun.
REMERCIEMENTS
Je ne suis pas un universitaire ou un spécialiste. Je ne prétends certainement
pas à l'originalité. Je m'appuie largement sur les travaux de vrais érudits.
J'offre seulement au lecteur ce que j'ai retenu de leurs recherches. Je les
ai abondamment cités, et là où je n'ai pas fait, je les ai paraphrasés, sans
omettre de donner leurs références et leur bibliographie. Je doute qu'il y ait
dans ce livre une seule idée ou une seule image dont je pourrais revendiquer
la paternité. Je ne serais pas offensé si quelque critique qualifiait ce travail
de « vaste bibliographie annotée ».
Les deux éditions de l'Encyclopédie de l'Islam m'ont été particulièrement
utiles, en particulier la première édition qui possède une certaine dose de
scepticisme qui fait défaut à la seconde, dans laquelle l'orthodoxie politique
et religieuse a émoussé les facultés critiques. Le Dictionnaire de l'Islam s'est
également avéré indispensable. Il est, tout comme la première édition de
l'Encyclopédie de l'Islam, quelque peu sceptique. Un bref regard aux notes et
à la bibliographie suffit pour comprendre combien je dois aux travaux de
Bernard Lewis et de Montgomery Watt. Lewis est assurément l'un des
grands écrivains anglais de ces cinquante dernières années, élégant, urbain
et subtil, même si, parfois il est désespérément évasif. Même si j'ai malmené
le professeur Watt, il n'en demeure pas moins un grand érudit qui écrit dans
un anglais clair et sans prétention, à défaut d'être élégant. Une série d'articles
du New Humanist, rédigés par Ibn al-Rawandi, m'ont, d'une certaine
manière, encouragé moralement. Sans peut-être leur rendre tout l'hommage
qui leur est dû, je mentionnerai plus particulièrement les auteurs
suivants :
Chapitre 1 : D. Pipes
Chapitre 2 : W. Tisdall, M. Boyces, S. Zwemer, C . C . Torrey et
A. Geiger
Chapitre 3 : S. Hurgronje, I. Goldziher, J. Schacht, M. Cook et
P. Crone
Chapitre 4 : A. Jeffrey et W. Muir
Chapitre 5 : R. Bell, W . M . Watt et A. Dashti
Chapitre 6 : G . H . Bousquet et J. Schacht
426 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
Chapitre 7 : A . E . Mayer
Chapitre 8 :I. Goldziher
Chapitre 9 : B. Ye'or
Chapitre 10 : G. Vadja, R. Walze et I. Goldziher
Chapitre 11 : M. Plessner, Pines, R.A. Nicholson et A . J . Arberry
Chapitre 12 : A . J . Arberry
Chapitre 13 : R.A. Nicholson et A. Rihani
Chapitre 14 : G. Ascha et G . H . Bousquet
Chapitre 15 : Articles Khamriyya, Ghidha, Liwat in E.I. 2 et
J. Simoons
Chapitre 16 : W.M. Watt, D.S. Margoliouth et W. Muir
Chapitre 17 : M. Hiskett
Dans une conversation avec Eckermann, Goethe conseillait à un auteur
accusé de plagiat de répondre en disant : « Ce qui est écrit est de moi, et que
je le tienne d'un livre ou de mon expérience personnelle n'a aucune importance.
La seule question est de savoir si j'ai le droit de l'utiliser ou non. » Je
doute que beaucoup de spécialistes approuveront l'usage que j'ai fait de leurs
recherches. Il est donc inutile de préciser que la responsabilité des propos
sévères et des condamnations de l'islam contenus dans ce livre incombe
à moi seul.
NOTE DE L'ÉDITEUR
L'auteur et le traducteur ont décidé de maintenir la bibliographie
de l'édition originale afin de respecter les notes de bas de page.
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. [4] « Animistic Elements in Moslem Prayer. » In MW, vol. 8.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION 7
AVANT-PROPOS 10
PRÉFACE DE TASLIMA NASRIN 13
PRÉFACE DU GÉNÉRAL SALVAN 15
I. L'AFFAIRE RUSHDIE 23
avant le 14 février 1989 23
après le 14 février 1989 30
la trahison des clercs 37
II. LES ORIGINES DE L'ISLAM 61
l'idolâtrie arabe 62
le pelerinage À LA mecque 63
la kaaba 68
ALLAH 69
mazdéisme (OU ZOROASTRISME) 70
djinns, démons et autres fantômes 76
la dette des musulmans envers le judaïsme 78
III. LE PROBLÈME DES SOURCES 96
scepticisme et doutes 98
l'hégire ou l'émigration à médine en 622 109
IV. MUHAMMAD ET SON MESSAGE 119
assassinats politiques : le massacre des juifs 125
l'histoire de zaynab 134
les versets sataniques 136
la paix d'hudaybiyyah 137
438 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN
V. LE C O R A N 139
uniquement la parole de dieu? 141
les doctrines du coran 153
adam et l'évolution, la création
et i.a cosmologie moderne 175
les origines de la vie et la théorie de l'évolution 179
dieu créateur 182
déluges, famines et sécheresses 184
miracles 184
Jésus vu par le coran 186
est-ce que jésus a existé? 190
l'essor de l'islam et les origines du christianisme 196
erreurs historiques dans le coran 202
règlement pour la communauté musulmane 203
de la religion en général
et de l'lslam en particulier 203
VI. LA NATURE T O T A L I T A I R E DE L ' I S L AM 207
pas de séparation de l'église et de l'état 208
la loi islamique 210
la nature de la loi islamique 211
VII. L ' I S L AM EST-IL C O M P A T I B L E A V EC
LA DÉMOCRATIE ET LES DROITS
DE L ' H O M M E ? 217
islam et droits de l.'homme 217
islam et démocratie 223
pourquoi l'islam est incompatible avec la démocratie
et les droits de l'homme 228
Droits de l'homme 231
peur irrationnelle et injustifiée de l'occident 242
VIII. L'IMPÉRIALISME ARABE,
LE C O L O N I A L I S M E I S L A M I Q U E 248
résistance à l'impérialisme arabe et a l,'lslam 250
le racisme arabe 251
réaction anti-arabe 256
gloires préislamiques 258
l'impérialisme européen 259
le nationalisme berbère 262
LX. LES C O N Q U Ê T E S ARABES ET LE STATUT
DES SUJETS N O N MUSULMANS 266
les premières attitudes : MUHAMMAD et l e coran 266
chrétiens et juifs dans le coran 267
TABLE DES MATIÈRES 439
Jihad 269
les conquetes islamiques 271
bouddhisme et bouddhistes 277
érudits, historiens et dhimmis 278
taxes discriminatoires 282
emplois officiels 283
inégalités devant la loi 283
questions religieuses 286
l'Âge d'or? 291
XVIIIe , XIXe et X X e siècles 292
trois conclusions 293
X. HÉRÉTIQUES ET HÉTÉRODOXIE,
ATHÉISME ET LIBRE PENSÉE,
RAISON ET RÉVÉLATION 296
les premières années 297
les OMEYYADES (661-750) 298
les abbassides (749-1258) 298
les khâridjites 298
les qadakites 300
les Miriazilites et le rationalisme 300
mani (216-276) et le manichéisme 305
zindiqs et Zandaqa — ou du dualisme À l'athéisme 306
XI. LES SCIENCES ET LA PHILOSOPHIE GRECQUES
ET LEURS INFLUENCES SUR L'ISLAM 316
LA PHILOSOPHIE ISLAMIQUE 316
traductions 317
première période DE la philosophie islamique :
Al. KINDI, al FARAB1, IBN SINA (aVICENNE) 317
la seconde période de LA philosophie islamique 325
LA science grecque et la civilisation islamique 328
XII. LE SOUFISME
OU LE MYSTICISME MUSULMAN 332
l'islam TOLÈRE-T-il. les hérésies? 334
XIII. AL-MA'ARRI 339
XIV. L'ISLAM ET LES FEMMES 346
adam et eve 351
Un être inférieur 358
inégalités en matière de sexualité 359
le voile 374
les femmes au pakistan 382
440 POURQUOI J E NE SUIS PAS M U S U L M AN
Achevé d'imprimer en novembre 2001
sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery - 58500 Clamecy
Dépôt légal : novembre 2001 Numéro d'impression : 111043
Imprimé en France
XV. TABOUS : VIN, PORC ET HOMOSEXUALITÉ 389
du vin et du whisky 389
cochons et porcs 394
homosexualité 401
XVI. UN DERNIER REGARD SUR MUHAMMAD 406
la sincérité de muhammad 409
réformes morales 410
XVII. L'ISLAM EN OCCIDENT 413
les musulmans en Angleterre et ce qu'ils veulent 414
la trahison des intellectuels 421
REMERCIEMENTS 425
BIBLIOGRAPHIE 427
Pourquoi je ne suis pas musulman propose un examen raisonné et sans
concessions de la religion islamique et du modèle de société qu'elle a instauré.
Fort de son expérience intérieure de l'islam, en même temps que d'une
vaste culture universelle, Ibn Warraq s'y livre à une étude critique de la vie de
Mahomet, des facteurs qui ont influencé la rédaction du Coran, de la montée
de l'islam en tant que religion nouvelle, et de son expansion fulgurante par la
conquête guerrière. Il s'attache aussi à en éclairer la face cachée, traitant de
l'affaire Rushdie, de l'oppression des femmes dans la société musulmane, de
la propagation de tabous irrationnels par les fondamentalistes islamiques, de la
nature totalitaire de la loi islamique, de l'inexistence des droits de l'homme
dans de nombreux pays musulmans ainsi que de nombreux autres thèmes
controversés — ou, justement, passés sous silence par des commentateurs
occidentaux ignorants ou complaisants. A la lumière de son étude, il s'avère
que la « tolérance » islamique n'est qu'une stratégie entretenue à des fins tactiques
et destinée uniquement au monde extérieur.
Par ce travail sans précédent, mené avec une érudition exemplaire et un rare
courage, Ibn Warraq s'impose dans le monde islamique comme un pionnier de
la pensée rationnelle et critique, à l'instar d'un Voltaire ou d'un Bertrand
Russell dans le monde chrétien.
Pourquoi je ne suis pas musulman est un acte d'accusation très fouillé et fort
brillant, quoiqu'un peu désorganisé, contre l'une des grandes religions mondiales.
Bien que l'auteur dénie toute prétention à l'originalité, il a suffisamment lu pour
produire un essai aussi captivant qu'un roman sur la confession qu'il a quittée.
Daniel PIPES. The Weekly Standard
Le fait le plus important que démontre Ibn Warraq est que l'islam est fondamentaliste
par nature, et non par un développement récent, particulier et aberrant.
Ibn RAWANDI, The New Humanist
Soit le livre d'Ibn Warraq sera ignoré avec une mortelle persévérance, soit il causera
une immense polémique. Il montre que le monde musulman n'est pas un front
fermé, pas plus que ne l'est le monde libre.
Professeur Hans JANSEN, Université de Leyde
Le livre d'Ibn Warraq est si porteur d'inspiration et si rempli d'idées lumineuses
en même temps que de faits bruts, que le commentateur a toujours envie d'en citer
de nouveaux chapitres.
Dr Jan KNAPPERT, School of Oriental & African Studies
Le livre de Warraq est probablement le premier de la sorte en anglais ; le premier
regard critique et sceptique porté sur les principes majeurs de l'islam....
Taslima NASRIN

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